Toi qu'es parti comme un grand malhonnête, tu nous as laissés.
On n'a plus rien que l'bourdon dans la tête, ça fait beaucoup d'orphelins à la fois.
Y'a pas idée de filer à l'anglaise, comme tu l'as fait, sans rien dire aux copains…
Y fait pas chaud, tu sais, dans la terre glaise, tu s'ras tout seul et pis t'auras l'air fin !
Mais ne nous fâchons pas…

Oui, est-ce bien raisonnable, Monsieur, de nous avoir quittés ainsi ? Aller manger des pissenlits par la racine à l'entrée de l'hiver, le monocle devra encore rire jaune et la grande sauterelle va avoir du chagrin. Le cinéma populaire (quel joli mot !) vous doit des heures inoubliables. De ces moments qui s'écoutaient autant qu'ils se regardaient. Les Tontons flingueurs venaient de fêter leurs cinquante ans et les barbouzes devenus quelques messieurs trop tranquilles vont devoir rechausser leurs lunettes noires pour cacher leurs peine dans ce paradis où vous allez les rejoindre. Vous laissez derrière vous des phrases entrées dans la légende, des situations et des mimiques gravées dans le marbre d'un cinéma révolu. Mais M'sieur Antoine continuera longtemps à passer à travers les portes pendant que se perdront dans la nuit des films prétentieux. Et nous entendrons encore longtemps Francis nous redire que « C'est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases… ». Et nous rirons encore de bon cœur.

Peut-être pas aujourd'hui. Mais ce n'est que partie remise. Georges Lautner nous a quittés, ce vendredi, à l'âge de 87 ans. Tamatoa