Les films de Belmondo dans les années 1980, c'est la catastrophe et le temps ne les bonifie pas mais celui-ci est peut-être le nadir. Un couple Belmondo-Sophie Marceau improbable, des cascades rajoutées en dépit du bon sens, un Belmondo qui en fait des tonnes et une pièce de vaudeville transposée qui peine à faire rire.
Avec Docteur Popaul, déjà, le ver était dans le fruit…
Le vrai début de la fin est venu tôt pour Bébel : avec Les tribulations d'un chinois en Chine, le jeu a basculé vers la clownerie et la grimace, le mal était fait, et on n'a plus jamais revu – ou si rarement – l'acteur fabuleux de Classe tous risques.
Quant à Joyeuses Pâques, je suis d'accord, c'est pitoyable, pas même bon pour un prime time TF1.
Un cas d'école, ce film de 1984. D'abord un réalisateur, Georges Lautner, qui a montré (il est vrai que c'était vingt ans auparavant, entre L’œil du monocle et Les barbouzes) qu'il avait de l'humour, de la drôlerie, de la fantaisie et qui s'est ensuite installé comme un maître du film d'action à la française (Le Professionnel 1981).
Puis Jean-Paul Belmondo, un acteur d'immense talent qui (par faiblesse, paresse, facilité ?) s'est laisser aller, à partir des années 80 (et du Professionnel, d'ailleurs, précisément, sans doute) à tourner tout et n'importe quoi jusqu'à abandonner à peu près, il y a vingt ans, le cinéma. Et aussi Sophie Marceau, une des plus ravissantes frimousses du cinéma français, quatre ans après la révélation de La Boum ; et même aussi, en second plan, Marie Laforêt, qui n'est pas toujours désagréable.Et enfin un des plus spirituels auteurs qui se puissent, Jean Poiret, roi du théâtre de boulevard de qualité, et qui a précisément, avec Lautner, adapté une de ses pièces à succès des beaux soirs du Palais Royal pour le cinéma. Mais d'un certain point de vue, d'ailleurs, s'il y a quelque chose à remarquer dans cet effarant naufrage qu'est Joyeuses Pâques, c'est l'effort de sortir un peu du cadre poussiéreux de la salle et de tourner des extérieurs (notamment des cascades automobiles), dont l'utilité est complètement nulle néanmoins.
Car ce film, dont on pourrait juger plaisants les ingrédients, est un truc minable, presque dégradant pour ceux qui l'ont commis, qui en ressortent pitoyables et ridicules, pauvres caricatures d'eux-mêmes. J'ai déjà dû écrire cinquante fois que les mots, les gags, les quiproquos éculés, les caleçonnades, plaisanteries grasses, scènes à faire, mots à dire peuvent passer et faire rire dans l'atmosphère particulière de la salle confinée où les spectateurs apportent, si l'on peut dire, leur partie, s'esclaffent et se font esclaffer mutuellement, se chauffent par l'intensité de leurs brouhahas et participent, en quelque sorte, à ce qui se joue sur scène (Il y a des jours où le public a du talent, dit je ne sais plus qui). Mais la plupart de ces trucs qui fonctionnent entre cour et jardin tombent à plat au cinéma. Ne demeure alors que le texte nu, les gros plans sur des visages grimaciers, sur les contorsions, éructations, glapissements divers (comme on a peine à voir le souvent excellent Michel Beaune se prêter à ces mascarades !).Un film en dessous de tout, qui fut, paraît-il, un échec cuisant. Et mérité.
Je ne suis pas convaincue qu'il faille revenir éternellement sur les échecs de ce genre de divertissement. Non pas que je vous reproche (certes non !) d'en avoir fait la critique, mais ce film fait partie des malentendus les plus célèbres du cinéma. Pourquoi vouloir à toutes forces comparer ce qui n'est pas comparable. Les effets comiques au théâtre s'estompent très vite, et sûrement pour les raisons que vous évoquez, dans une salle de cinéma qui ne retrouvent que cascades et grimaces ampoulées là où n'étaient que finesse et humour distingué. Ensuite, une fois les droits de la pièce achetés, il n'est pas question de reproduire sur grand écran, sinon la trame, la pièce dans ses moindres détails. C'est, au contraire, la porte ouverte à bien des excès. Ce fut également le cas avec le même Belmondo pour Désiré ou encore l'inconnu dans la maison ! Et puis, dites : en ces années 80, Belmondo ne signait rien à moins de 5 millions de francs ! Il était, avec De Funès, l'acteur le mieux payé du cinéma. Alors, pour ce prix, les producteurs en voulaient des Boum-boum tra-la-la ! Mais pour en revenir à nos excès cinématographiques, pensez vous que Les bas-fonds de Gorki furent bien servis au cinéma, façon Akira Kurosawa ? Et on pourrait en citer tellement …
Deux ou trois mots en réponse, Nadine Mouk. D'abord, j'adore presque autant dire du mal des films que d'en dire du bien. Mais comme je crois avoir vu la presque totalité des films anciens qui pourraient m'intéresser, il reste un inépuisable magma d'horreurs qui me tombent un jour ou l'autre sous les yeux.
Le théâtre ? À part Cyrano qui est une merveille parce que Rappeneau a, tout à la fois, respecté le texte de Rostand et s'est délivré de tout l'appareil de la scène, je ne vois rien. Les bas-fonds ? Je connais la médiocre adaptation de Jean Renoir. Et j'ignorais qu'un Japonais s'en était emparé…
Bien d'accord pour dire qu'il s'agit d'un mauvais film, d'un film consternant. Mais je n'aurais pas titré "nanar" (sans "d"… avec un "d", c'est plutôt le diminutif de Bernard).
Le nanar étant – à mon avis – un film maladroit, idiot, raté, mais "sympathique", un film qui peut se laisser regarder (selon l'humeur).
Donc, pour Joyeuses Pâques, j'aurais titré "Affreux navet" ou "Epouvantable navet". Etant entendu qu'il faut garder "terrifiant navet" pour des choses comme Le Cowboy (signé Georges Lautner également).
En effet. Moi qui suis prêt à défendre Belmondo de ses Morfalous à son sympathique Hold-up et même jusqu'à L'alpagueur que je trouve à l'inverse de Impétueux bien calibré, (il faudra qu'il m'explique ce qu'il reproche à se film ?) j'ai trouvé en revoyant Joyeuses pâques Bebel quasi consternant. On pourrait croire à un film alimentaire, alors que l’équipe cherchait à adapter une pièce de Jean Poiret. Ça ne mérite pas zéro mais ça part dans tous les sens et c'est très mauvais.
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