On ne peut s'empêcher de penser à
La ligne de démarcation,

de façon flagrante. Mais en aucun cas nous ne pouvons affubler
Georges Lautner
d'un quelconque plagiat puisqu'il tourne
Arrêtez les tambours
six ans avant le chef-d'oeuvre de
Chabrol.

Et j'ai envie de dire : hélas ! … Parce qu'à l'époque où
Lautner
se lance dans l'aventure de ce film, il n'a pas encore la maîtrise qu'avait
Chabrol
pour nous offrir la même atmosphère et pratiquement la même émotion. Et il n' a pas encore assez vu d'oeuvres magistrales concernant ce sujet par trop inconfortable. Si les deux films sont superposables, ou peut s'en faut, c'est toute la mise en scène qui fait la différence. Et si on s'amuse à comparer, ce que je suis en train de faire,
Chabrol
l'emporte haut la main ! Pour autant, le film de
Lautner
est loin d'être mauvais.
Bien sûr, une impression de déjà vu domine l'ensemble. Essayer d'aller au plus juste, au plus près de la vérité dans l'histoire de la résistance française sous l'occupation pendant la seconde guerre mondiale au cinéma revient à ouvrir un domaine aussi vaste qu'épineux, enfoui dans la mémoire collective. L'admiration que les Allemands avaient pour l'art français (
Le train
de
John Frankenheimer
), la résistance sous toutes ses formes (
Le Père tranquille
de
René Clément
), ici un médecin et maire du village, ou, dans un autre registre, (
Lacombe Lucien
), les patriotes forcenés de (
La Bataille du rail
) ou de (
L'armée des ombres
), ou ceux moins patriotes (
Le Chagrin et la Pitié
de
Marcel Ophuls
), l'amitié entre les Allemands et les Français (
L'as des as
de
Oury
) ou encore de façon plus "grave", (
Le silence de la mer
), les femmes dans la résistance (
Les Femmes de l'ombre
de
Jean-Paul Salomé
) ou (
Lucie Aubrac
de
Claude Berri)

sans oublier les traîtres, le deuil, la famine, le marché noir, les résistants de la dernière heure et les amours coupables.
Arrêtez les tambours,

comme tous les films sur la résistance, emmène son lot de tendances et de consciences.
Lautner
essaie de nous délivrer tout ça. Mais il est trop jeune encore dans ce métier pour parvenir à nous accrocher vraiment devant toutes ces aberrations, ces absurdités, toute l'imbécilité que déclenche une guerre. Pourtant, c'est un
Blier
assez magistral qui porte le film de toute sa carrure familière. Aidé par un
Lutz Gabor
on ne peut plus Allemand. Mais il n'est pas dirigé. Et aucun des protagonistes ne l'est vraiment. La jolie et mutine
Anne Doat
se sacrifiera de façon trop floue pour nous émouvoir vraiment.
Arrêtez les tambours
ressemble à un brouillon. Peut-être celui de
La ligne de démarcation
… Il reste quand même de beaux échanges entre les deux amis aux drapeaux si différents mais aux coeurs tellement similaires. De beaux sacrifices de la part de certains et une incroyable lâcheté de la part de tant d'autres. La fin du film est très prenante même si trop cafouilleuse, nébuleuse elle aussi.
Arrêtez les tambours
aurait pu être un grand film. Mais même les moments "documentaires" qui lui sont adjoints sont mal venus car mal placés dans le récit. Et si le message est quand même passé, c'est parce que dans le genre, nous avons connu mieux. Beaucoup mieux ….