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Sujet : Les horreurs de la pègre


De Impétueux, le 31 janvier 2007 à 18:15
Note du film : 4/6

Autant en être bien conscient : les âmes sensibles et les regards frais doivent absolument s'abstenir d'aller voir ce film, dont certaines scènes sont vraiment difficilement soutenables ; si, pour Apocalypto, certains critiques baveusement anti-Gibson ont dénoncé la cruauté et le goût du sang du réalisateur, l'éloignement historique et géographique du film, sans en atténuer le caractère, le rendait d'une certaine façon plus supportable. Mais Truands se passe à Paris, aujourd'hui, et ne met pas en scène des rites barbares, sinon primitifs, mais des horreurs (il est vrai tout autant barbares) dont nous percevons bien tous la réalité quotidienne.

Lorsque je lis (dans Le Figaro), l'interviouve d'un grand patron de police, adjoint au chef de la Brigade de répression du banditisme (un mec qui s'y connaît, donc) que l'immense majorité des ressorts et des comportements mis en scène s'appuie sur des réalités, je me dis que Frédéric Schoendoerffer a bien raison de ne pas nous laisser vivre dans le souvenir des glorieux mythes des gangsters hommes d'honneur, ceux de Becker ou de Melville, moins encore des parodies plaisantes à la Lautner.

Ces gens-là sont des bêtes fauves, sans mesure et sans freins, sans loyauté, ni amitiés, dopées à la cocaïne, aux putes de luxe, et aux valises de billets. On avancera que ça va sans dire ! Je crois que ça va beaucoup mieux en le disant, et mieux encore en le montrant. La terreur que l'on inspire – et qu'il faut bien entretenir de temps en temps par de la pure sauvagerie – est l'exclusif ressort de la puissance, et les alliances se défont, les complicités se retournent dès qu'on baisse un tant soit peu la garde ou que l'évolution des temps fait qu'on apparaît usé.

L'histoire de Truands – l'ascension d'un jeune loup au détriment d'un caïd plus âgé qui l'a pris en affection et qu'il trahira sans aucune hésitation – est des plus classiques ; on pourrait presque dire que le réalisateur a tourné une sorte de documentaire sur un milieu pourri jusqu'à l'os, où les femmes sont presque aussi immondes que les hommes, où le sang et la torture n'ont aucune importance.

Philippe Caubère, étonnant, joue le rôle du caïd mûr, Benoit Magimel, glacé et glaçant, celui du jeune malfrat : superbes acteurs qui endossent des images détestables avec un talent fou ; Olivier Marchal est un efficace second rôle (d'ailleurs le choix des physionomies est remarquable et l'on perçoit dans les regards de toute cette tourbe humaine le grain de folie sadique, cariée et camée nécessaire). Une mention spéciale à Béatrice Dalle, maîtresse du caïd, idéalement choisie.

Difficilement soutenable, mais remarquable.


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De fretyl, le 17 novembre 2007 à 11:02
Note du film : 2/6

Je suis assez d'accord avec vous, Truands est une réussite mais on remarquera encore une fois que le polar Français aujourd'hui à besoin de trouver des modèles dans le cinéma Américain, que ce soit 36 , curieuse reponse à Heat ou celui là. Ici le film traîne du coté de chez John Woo et de chez Tarantino, gangsters au vocabulaire ordurier, scènes de violence extrême, les éléments du film de gangster moderne y sont alignés de façon assez banale et attendue.


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De fretyl, le 7 juin 2008 à 15:53
Note du film : 2/6

Après revisionnage, je reviens sur l'avis que j'avais laissé précédemment, Truands n'est pas un bon film, à y regarder de près c'est même ce que l'on peut faire de pire en matière de polar en France. Frédéric Schoendoerffer avait plutôt bien débuté avec un polar désenchanté et réaliste Scènes de crimes mais son film suivant Agent Secret n'était pas non plus je crois de la meilleure ode.

Ce Truands multiplie les clichés, caricature du gangsters calqué sur les modèles Américain des films de Tarantino, vulgarité étalée et scènes de violence attendue, donc point choquante. J'ai souvent lu de vous Impétueux que vous n'aviez aucune connaissance du mode de fonctionnement des gangsters Américain, c'est sans doute cela qui vous permet de mettre une note aussi élevé, car si l'on connait bien l'oeuvre d'un De Palma ou d'un Tarantino et leur façon de dépeindre le monde de la pègre, impossible de ne pas trouver grossière la vision similaire des gangsters de Frédéric Schoendoerffer

La plus grosse erreur vient de Philippe Caubére, il faut être franc, il en fait trop, son coup de colère dans la boite, son personnage est un triste reflet d'un Tony Montana ou d'un Sam Rostein, sauf que Caubére, excellent acteur au théâtre, n'a ni le peps de Pacino ni celui de De Niro et Schoendoerffer n'est pas Scorsese.


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De Impétueux, le 7 juin 2008 à 17:13
Note du film : 4/6

Le jour où vous saurez lire un de mes messages, Frétyl, sera marqué d'une pierre blanche.

Heureusement, ce n'est pas aujourd'hui, un aujourd'hui que j'ai envie de marquer de mille pierres noires, après la mort du grand Dino Risi.

Reprenons la leçon de choses.

Vous écrivez, vous adressant à moi (j'ai corrigé les fautes d'orthographe et de présentation): que (je n'ai) aucune connaissance du mode de fonctionnement des gangsters américains, c'est sans doute cela qui (me)permet de mettre une note aussi élevé, car si l'on connaît bien l'œuvre d'un De Palma ou d'un Tarantino et leur façon de dépeindre le monde de la pègre, impossible de ne pas trouver grossière la vision similaire des gangsters de Frédéric Schoendoerffer.

Outre que je suis extrêmement dubitatif de votre connaissance intrinsèque du monde des gangsters américains par un autre moyen que par les films des réalisateurs que vous citez, je vous renvoie à mon message, qui entame ce fil : Lorsque je lis (dans Le Figaro), l'interviouve d'un grand patron de police, adjoint au chef de la Brigade de répression du banditisme (un mec qui s'y connaît, donc) que l'immense majorité des ressorts et des comportements mis en scène s'appuie sur des réalités.

En d'autres termes, il se peut que Truands ne reflète pas le mode de fonctionnement des gangsters américains, (ou péruviens, ou guatémaltèques ou moldaves), ce dont on se contrefiche, mais il reflète parfaitement le fonctionnement de gangsters français, ce à quoi il prétend, précisément, ce que m'ont d'ailleurs confirmé nombre de policiers mieux placés que vous et moi pour en juger.


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De fretyl, le 7 juin 2008 à 17:36
Note du film : 2/6

Décidément, me croyez vous bêta au point que je ne sache pas ce que j'écris, je ne vous parle pas du mode de fonctionnement des gangsters Américain, mais du mode de fonctionnement des gangsters Américain dans les films Américains. Vous avez déclaré sur je ne sais plus quel fil que votre méconnaissance en ce domaine ne vous permettez pas de vous passionner totalement pour ce genre de cinéma.

Je ne fais que constatez que la première volonté de Truands est de copié ce genre de cinéma et c'est cela qui rend le film foireux, car justement ça ne peut que foiré. Quand au grand patron de police, adjoint au chef de la Brigade de répression du banditisme qui a dit que l'immense majorité des ressorts et des comportements mis en scène s'appuie sur des réalités, cela n'a rien d'étonnant puisque le film s'inspire de l'histoire vraie de Claude Genova.


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De Impétueux, le 7 juin 2008 à 18:47
Note du film : 4/6

Je ne sais pas si la première volonté de Truands est de copier (infinitif !) les films américains, et je ne le crois pas du tout.

Vous ne trouvez pas qu'on a assez à faire avec les truands français, filmés en France par un Français ???!!!


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De Steve Mcqueen, le 24 mai 2010 à 13:58
Note du film : 3/6

je me situerais entre les avis respectifs d'"Impétueux" et "Frétyl". "Truands" fait preuve d'une mise en scène audacieuse et d'un propos ambitieux assez rares dans le paysage exsangue du polar français. Là où Olivier Marchal, en tant que réalisateur, enrobe ses polars solennels d'une certaine tension mélancolique et d'un lyrisme discret ("36" et surtout le beau et noir "MR73"), Schoendoerffer ne s'embarrasse pas d 'affèterie et expose une violence froide et percutante (la scène d'ouverture, remarquable). Car c'est bien cette approche frontale et décomplexée qui fait le prix de "Truands". Même s'il fait un "copier-coller" de l'anthologique fusillade centrale de "Heat" dans la séquence du parking, le réalisateur s'en tire avec les honneurs, pour aboutir à un concentré de nervosité sèche. Idem lorsque Magimel et Marchal vont exécuter les deux rescapés de ladite fusillade : c'est sec et sans fioritures, changeant agréablement de la violence formatée et télévisuelle qui pollue malheureusement le cinéma français. Car les actes des protagonistes sont totalement gratuits, n'ayant aucun rapport avec une quelconque morale….

C'est bien là la principale réussite du film : aucun personnage pour en racheter un autre. Même le "héros" est un tueur sans scrupule (il abat une femme froidement dès le début) qui n'hésite pas à trahir froidement son nouveau boss. Le casting est assez réussi. Magimel, qui s'est fait la tête et l'allure de Delon dans "Le Samouraî" ( l'imper étant remplacé par une veste de cuir, plus moderne et plus classe, et les lunettes noires, arborées même en pleine nuit, succédant au feutre mou plus trop dans l'air du temps….) est beaucoup moins transparent que d'habitude et se révèle même excellent en tueur à gages ambitieux. Marchal, qu'il soit flic ou voyou, est toujours très bon quand il s'agit d'incarner un personnage qui perd peu à peu les pédales. Mais la vraie révélation du film, c'est l'humoriste Tomer Sisley dans le rôle de Larbi : complètement félé (la séquence où il se déchaîne avec sa mitrailleuse sur une voiture, dans un parking désert, est saisissante), ambitieux et ne connaissant que la loi du plus fort, il s'avère un acteur instinctif et incandescent….

Mais malheureusement le reste de la distribution n'est pas à la hauteur , à commencer par l'exécrable Ludovic Schoenderffer (le frère du réalisateur), complètement à côté de la plaque : cabotinant à outrance, dôté d'une diction insupportable ( particulièrement ridicule lorsq'il balance des "culés !!" à tout bout de champs) et irrémédiablement mauvais.

Reste le cas Phillippe Caubère , sur la corde raide entre cabotinage éhonté et éclairs de génie. Un exemple : son pétage de plombs anthologique dans la boîte de nuit est suivi par une séquence complètement hors de propos où il copule sauvagement avec la copine de son ami (l'actrice est spécialisée dans le film X….) pour se passer les nerfs, avant de lâcher : "ta copine est nulle, c'est une vraie chèvre". Eloquent.

Car c'est là que le bât blesse complètement : le film est d'une rare misogynie. Toutes les femmes présentes à l'écran sont soit des prostituées (toutes belles à damner un sein, soi-dit-en-passant….) soit des épouses soumises et fidèle ( à noter cependant la belle composition de Béatrice Dalle, qui a rarement été aussi juste et émouvante). Même la ravissante et talentueuse Anne Marivin (plutôt cantônnée à la comédie franchouillarde) est gaspillée dans le rôle purement anecdotique de la nouvelle épouse de Marchal. On en arrive à la scène la plus déplaisante du film : ayant découvert la preuve de son infidélité avec son avocat, Marchal (qui lui n'hésite pas à la tromper allègrement), la viole sauvagement dans une scène qui se voudrait sûrement audacieuse et qui n'est au final qu'extrêmement complaisante, démonstrative et surtout très inutile….



D'accord avec Frétyl pour dire que le film s'inspire assez largement de l'oeuvre de Scorsese (drogue qui passe de main en main, violence omniprésente), même si Schoendoerffer ne possède ni la virtuosité ni la maestria de son illustre modèle….

Bilan mitigé pour ce polar donc, aux indéniables qualités et aux défauts évidents, bienvenu et anti-consensuel au possible, mais phagocyté par une vulgarité déplacée et des errements regrettables. Au final un film à demi-réussi mais loin d'être désagréable….. et puis un film qui se termine sur l'image d'un Magimel,qui marche au ralenti dans la rue, chemise ouverte, lunettes noires de rigueur et clope au bec, ayant réussi à échapper à son funeste destin, ne peut pas être complètement mauvais….


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