Comme souvent Boisset s'inspire d'évènements réels pour faire son cinéma. Dans L'attentat c'était de l'affaire Ben Barka dont il était question ; dans Dupont Lajoie, Boisset s'inspira d'un lynchage organisé par des campeurs, près de Saint Maxime ; dans R.A.S, les témoignages de plusieurs appelés lui servirent pour son scenario ; Le Juge Fayard, dit le shérif était une reconstitution de l'assassinat du Juge Renaud à Lyon.
Ici, avant de réaliser La femme flic, il enquêta sur le suicide d'une femme flic, qui après plusieurs initiatives courageuses se mit à dos l'ensemble de ses collègues et plusieurs magistrats.
Comme d'habitude chez Boisset on retrouve le même personnage, intègre et honnête ; qui est prêt à prendre des risques sur sa vie, pour faire éclater aux grands jours, les vices de la société française.
Ça a pu être Jean Bouise dans Dupont Lajoie comme Patrick Dewaere dans Le Juge Fayard, dit le shérif.
Miou-Miou trouve certainement dans le rôle de l'inspecteur Levasseur un des rôles les plus intéressant de sa carrière, avec celui de la prostituée de La Dérobade. Mélange de fragilité et d'assurance, la femme enfant, flic, quelle incarne, reste bien loin des poncifs sur l'émancipation de la femme dans la police. On est bien loin de Julie Lescaut ou d'Une Femme d'honneur.
Pour avoir rendu publique l'homosexualité du neveu du Maire d'une grande ville, elle se retrouve mutée chez les Ch'tis, dans une ville minière. La vue du film donne nettement moins de prestiges à la région que celle de Dany Boon. Déchéance sociale, inceste, alcoolisme…
Après avoir été cantonné à des taches subalternes, on finit par lui confier une affaire en apparence simple : interroger deux petites filles sur les viols dont elles auraient été victimes de la part de leurs pères – au même moment ou une petite fille a été retrouvé assassinée. Au fil des interrogatoires, l'inspectrice en arrive à découvrir d'autres personnes ayant participer à des viols ; puis de fils en aiguille, démantèle un véritable réseau de prostitution, impliquant des personnalités proches du milieu industriel.
Dommage que Boisset n'ait pu s'empêcher de viser sa cible privilégiée : "les notables" ; bien évidemment avec Boisset le salaud ne peut être qu'un bourgeois protégé par le pouvoir et par une justice pourrie.
Encore que dans la réalité, le scenario de La femme flic ait dans certains cas, lorsqu'il s'agissait de "francs maçons" pu être bien réel !
Moins nerveux que d'habitude, Boisset ne réussit pas vraiment la première partie du film.
Jusqu'à ce que Miou-Miou démarre son enquête, le film patauge, dans un réalisme des villes minière assez démoralisant. Aidé par des paysages du nord tristes, le film ressemble beaucoup plus à un drame social, qu'à un vrai polar, pas d'effets spectaculaires, pas d'action…
Un Boisset mineur, manquant de souffle, mais dont le sujet central, celui de la prostitution enfantine, ne peut laisser indifférent, tant ce sujet sensible n'est que très peu traité au cinéma.
Décidément Frétyl, vous ne vous lassez pas de regarder du Boisset et du cinéma engagé, ce qui montre chez vous une forme élaborée de masochisme louche… Mais enfin, c'est votre affaire !
La vue du film donne nettement moins de prestiges à la région que celle de Dany Boon. Déchéance sociale, inceste, alcoolisme… ; je ne vois pas trop la différence avec Bienvenue chez les ch'tis, degré zéro de l'empathie avec une région pourtant attachante ; les bitures, les rires gras, la nullité sociale du film de Dany Boon, sous la fausse rigolade, montrent la même désespérance. Passons.
Après avoir été cantonné à des taches subalternes, on finit par lui confier une affaire en apparence simple : interroger deux petites filles sur les viols dont elles auraient été victimes de la part de leurs pères – au même moment ou une petite fille a été retrouvé assassinée ; comment ne faites-vous pas le rapport avec l'affaire Brigitte Dewèvre, la pauvre gamine prolétaire violée et assassinée à Bruay-en-Artois par on ne sait qui, mais dont le militant juge Pascal incrimina le notable notaire Pierre Leroy ?
Je n'ai aucun amour en ce qui concerne le cinéma engagé et militant. Les thèses démonstratives lors-quelle sont adaptées au cinéma, sont la plupart du temps, lourde et peu crédible.
Si j'apprécie le cinéma d'Yves Boisset c'est bien plus pour la qualité de ce qui fut en un temps "son art" que pour ses idées politiques.
On peut détester le cinéma engagé et apprécier, des polars politiques sérieux tel qu'il a pu en exister dans les années 60/70, en France, ou en Italie. Le genre de films ou se côtoient : magouille, scandale, politicards véreux ; là par contre, le cinéma nous a offert quelques jolies perles : Z, Main basse sur la ville, Mort d'un pourri, Lucky Luciano…
Le cinéma politique est un style, qui contrairement à ce que l'on peut en penser, n'est pas à prendre au sérieux. Je regarde beaucoup plus Boisset comme un réalisateur de divertissement que comme un intellectuel ayant raison sur tout !
Yves Boisset a toujours su donner aux acteurs des rôles à la mesure de leurs talents. Michel Bouquet dans Un condé était parfait. Carmet trouva le rôle de sa vie dans Dupont Lajoie, Bruno Cremer en clone sanguinaire précurseur de Patrick Le Lay dans Le prix du danger était remarquable ; il fit briller Noiret et Rampling dans Un taxi mauve ; offra à Lino Ventura une dernière incursion intéressante dans le polar avec Espion, lève-toi…
Boisset fut un artisan talentueux. Des scénarios généralement en béton, une caméra nerveuse et une vraie manière de filmer la violence.
Je met Boisset dans la même lignée, que les réalisateurs "populaire" des années 70 : Verneuil, Lautner, Enrico, Chabrol…
Que Boisset ait vécu quelques échecs commerciaux et artistique à partir des années 80, avec Canicule ou La Tribu ne me suffit pas à renier, la totalité de sa filmographie.
comment ne faites-vous pas le rapport avec l'affaire Brigitte Dewèvre, la pauvre gamine prolétaire violée et assassinée à Bruay-en-Artois par on ne sait qui, mais dont le militant juge Pascal incrimina le notable notaire Pierre Leroy ?
Je ne suis pas du tout sûr que La femme flic soit un rapprochement de cette affaire là. Les évènements du film vont plutôt à contre courant de l'affaire de Bruay-en-Artois.
Mais par contre après L'Affaire Dreyfus et L'Affaire Seznec pour la télévision, on chuchote que Boisset réalisera prochainement, un film sur l'affaire d'Outreau : La Méprise !
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