Je crois qu'Albert Valentin n'a pas laissé beaucoup de traces dans l'histoire du cinéma ; et pourtant, tout ceux qui connaissent un peu les films d'avant la Nouvelle Vague (pour être schématique) ont en tête la conversation entre l'immortel Saturnin Fabre et Bernard Blier
et la réplique fameuse Tiens ta bougie….droite !. Rien que pour cette scène d'anthologie, Marie-Martine
mériterait d'être édité.
Mais qu'on veuille bien en plus considérer la distribution : outre les deux premiers cités,Jules Berry, Jeanne Fusier-Gir,
Sylvie,
Héléna Manson (l'infirmière du Corbeau)
et la si belle Renée Saint-Cyr
(mère de Georges Lautner)
; si ça ne donne pas quatre vingt dix minutes de plaisir, ça, je fais voeu de me passer tous les Godard
en boucle pendant huit jours (plus, je ne pourrais pas, je le jure…)
C'est marrant ! car cette expression m'est restée en mémoire… avec cette intonation si spécifique de Saturnin Fabre, comme s'il avait du mal à reprendre son souffle… Je repense aussi à Louis Jouvet au ton décalé et distancié, à ses inflexions caractéristiques…
Et puis, (mais on pourrait ouvrir une rubrique spéciale pour relater toutes sortes d'expressions) il y a toutes ces "phrases" que chacun d'entre nous ont en mémoire et qui bien souvent nous rappellent l'oeuvre elle-même…. Ces situations ne sont pas toujours répertoriées dans les ouvrages consacrés à notre Art favori et nous avons parfois du mal à les replacer dans leur contexte…
Je pense notamment à un film (ancien) en Noir et Blanc où une actrice d'un certain âge s'agitait dans une pièce en cherchant son chien… "Canada, Canada.. où est ma petite Canada"… La pauvre bête devait être morte depuis des lustres, mais cette pauvre femme très agitée continuait à la chercher… Si l'un de nos amis forumeux avait une idée sur le titre du film… Cela me permettrait de reposer en paix (du moins ce soir)…
Mais avec grand plaisir, cher Starlight…C'est dans le trés contreversé "Drole de drame", tourné en 1936 par Marcel Carné, que Jeanne Lory (tante Mac Phearson) cherchait sa petite chienne Canada…. Reposez en paix mon camarade.
Vous avez éclairé ma journée de mille feux chère Sépia !… et je vous en remercie. Toute la nuit j'ai repensé à cette séquence et avais mis le titre de "Drôle de drame" dans les possibilités réalistes… mais comme je n'ai pas le DVD, impossible de vérifier mes songes !… Merci encore et bonne journée.
« Si ça ne donne pas quatre vingt dix minutes de plaisir, ça, je fais voeu de me passer tous les Godard en boucle pendant huit jours »
Eh, eh, alors je dois absolument essayer ce film ! Et si je vous prenais au mot…? Imaginons par exemple qu'il y ait pour 86 minutes de plaisir et 4 de longueurs, mmh? Ce serait suffisant pour… Mais soyons bon prince : le gage du téméraire Impétueux sera seulement de regarder Le Vent d'Est jusqu'au bout (devant témoins, il va de soi). Juste un film, mais un défi considérable, malgré Volontè…
C'est qu'à dire le vrai, je ne connaissais que quelques instants de la réplique fameuse Tiens ta bougie…droite !, qui figure dans toutes les anthologies du cinéma français et que je m'imaginais que tout le film était de cette pâte.
C'est-à-dire que je croyais trouver un film baroque, nonsensique, excentrique, décalé, aromatisé par de grands acteurs de second rang. Un divertissement à trognes séduisantes et à bons mots.
C'est beaucoup mieux que ça, c'est très bien. C'est vinaigré, acide, cruel.
Ça m'a fait spontanément songer à deux très très bons films : MeurtresUn trait en dessous, Marie-Martine est vraiment drôlement bien et, si ce n'était la mauvaise qualité de la copie DVD, on n'hésiterait pas à le conseiller à tous.
D'abord l'histoire, malgré ses invraisemblances et ses coups de hasard qui surviennent opportunément, est très bien montée et rythmée, sans jamais aucune baisse d'attention, avec les flashbacks qui s'imposent au bon moment. Peut-être pourrait-on reprocher un séquençage un peu simple de certaines interventions d'acteurs magnifiques, Jeanne Fusier-Gir et Saturnin Fabre
qui font leur numéro, puis disparaissent de l'écran sans y revenir ; il aurait fallu trouver le moyen de les faire ré-intervenir dans le courant du récit.
Et de dialogues. Car les dialogues de Marie-Martine sont étincelants ; certaines sources en accordent la paternité à Jean Anouilh
et non à Jacques Viot, le scénariste (à qui on doit aussi le scénario du Jour se lève).
En tout cas, quand les mots qui frappent sont mis dans la bouche de Jules Berry,
de Jean Debucourt,
de cette peste de Marguerite Deval, ils font mouche à tous les coups.
Les amoureux qui survivront aux vicissitudes grâce à un habile subterfuge du récit sont Bernard Blier, et Renée Saint-Cyr
(qu'on a pris l'habitude de voir en belle dame d'âge, mais qui a été, donc, une charmante jeune première) ne sont pas mièvres. (Cela dit, c'était à mes yeux un rôle pour Odette Joyeux).
Rien n'est mièvre, d'ailleurs, dans cet excellent film, qui donne du regret que son réalisateur, Albert Valentin, n'ait pas acquis une réputation supérieure.
Un rôle… de poids pour ( le jeune ) Bernard Blier, qui nous livre ici une parfaite démonstration de sa virtuosité scénique et psychologique. Car enfin, nombreux sont ceux, y compris parmi ses propres " fans ", qui reprochaient à ce monstre sacré du cinéma son " physique fermé ", à la différence d'une " gueule de Gabin " qui aurait pu jouer des rôles plus variés.
… Eh bien non ! ici, Bernard Blier est véritablement unique : sensibilité, courage, et quand même grande gueule ! ce rôle, qui lui colle à la peau, préfigure le M. Bonnadieu de 1951.
Page générée en 0.0051 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter