Il est parfois difficile de sortir "entier" d'un couple d'acteurs, surtout lorsqu'il s'agit d'un duo comique. Michel Serrault y est parvenu ; mieux, peut-être, que son camarade Jean Poiret avec lequel il noue une complicité fracassante à partir de 1952. Avant cela, deux années d'études au centre du spectacle de la rue Blanche mais échec au Conservatoire, lequel sera largement compensé par le passage dans la troupe de Robert Dhéry. Début au cinéma en 1954 dans Ah! Les belles bacchantes de Jean Loubignac puis, aussitôt après, dans Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Guitry le fait tourner dans Assassins et voleurs en 1957. Les années 1960 le voient alterner théâtre et comédies (son registre de prédilection à l'époque) de second rang, même si certaines d'entre elles sont signées Mocky, Lautner, Pinoteau, Molinaro. A partir de 1972, il entame une collaboration assidue avec Pierre Tchernia (Le Viager) mais aussi avec Jean Yanne dans Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil la même année. La création, le 1er février 1973 au Théâtre du Palais Royal, de la pièce de Jean Poiret "La cage aux folles" (adaptée au cinéma en 1978) puis son succès triomphal vont faire de Michel Serrault une vedette reconnue. Il jouera le rôle d'Albin pendant plus de cinq ans, sans interrompre, pour autant, une carrière cinématographique où son nouveau statut lui permet d'être plus exigeant que par le passé. C'est d'ailleurs l'adaptation cinématographique de la pièce par Molinaro qui vaudra à l'acteur son premier César en 1979. Un véritable tournant dans l'épaisseur dramatique de Michel Serrault s'opère alors. Etrangleur de femmes dans L'Ibis rouge non dénoué d'humour de Jean-Pierre Mocky (1975) avec Michel Simon et Michel Galabru, banquier véreux dans L'Argent des autres (Christian de Chalonge – 1978) avec Jean-Louis Trintignant et Catherine Deneuve. Mais c'est avec son rôle de Jérôme Martinaud, notable accusé d'avoir violé et tué une petite fille face à Lino Ventura dans Garde à vue de Claude Miller (1981) qu'il atteint des sommets, justement récompensé par un deuxième César d'interprétation. Et c'est avec le même réalisateur qu'il confirmera tout son talent dans Mortelle randonnée où il joue un détective privé obsédé par la mort de sa fille (il a connu ce drame dans sa vie privée), suivant à la trace Adjani qui la lui rappelle. La comédie le rattrape (pour le meilleure – Mocky, Tchernia et pour le pire – Risi, Yanne, Claude Zidi), il tourne avec Luigi Comencini, partage l'affiche trois fois avec Alain Delon, retrouve Christian de Chalonge pour le Docteur Petiot, donne la réplique à Jeanne Moreau dans La Vieille qui marchait dans la mer. Il subit le désastre de Room Service pour mieux rebondir dans Nelly & Monsieur Arnaud grâce auquel il prouve qu'il peut parfaitement être à l'aise, en chef d'entreprise, dans l'univers de Sautet au côté d'Emmanuelle Béart et obtenir son troisième César. Dorénavant, chaque apparition, dans un rôle principal ou secondaire, de Serrault est une délectation, toujours mêlée d'étonnement, que ce soit dans un film populaire ou une œuvre plus difficile : Le Bonheur est dans le pré, Beaumarchais, l'insolent, Assassin(s), Artemisia, Rien ne va plus, Les Enfants du marais, Une Hirondelle a fait le printemps… même s'il n'arrive pas à sauver le Belphégor, le fantôme du Louvre de Jean-Paul Salomé. Michel Serrault reste, du haut de ses 75 ans et de ses plus de 100 films, très actif, tant au cinéma qu'à la télévision. Souhaitons lui, (ainsi qu'à son alter ego féminin Jeanne Moreau), de rayonner encore longtemps, avec intelligence et chaleur, sur le cinéma français. AlHolg (mai 2003) Michel Serrault est décédé le 29 juillet 2007. Récompenses : "César" du meilleur acteur pour La Cage aux folles (1979), Garde à vue (1982), Nelly et Monsieur Arnaud (1996) sur huit nominations. |
Journée de deuil pour le cinéma
C'est en effet une bien triste journée pour le cinéma avec le décès de deux grandes icones du cinéma.
En France, d'abord, est mort hier l'immense comédien Michel Serrault qui a joué dans plus de 150 films.
En Suède enfin, avec la mort d'un des plus grands cinéastes de tous les temps : Ingmar Bergman.
Le premier avait 79 ans. Le second 89 ans.
Dd
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