En toute honnêteté, je ne peux noter ce film que j'ai vu à quatorze ou quinze ans, un dimanche soir, à la télévision de Radio-Canada.
Plus le souvenir d'un film est lointain, plus ce qui reste à la mémoire est affaire de pure émotion. Je me rappelle seulement avoir été chaviré. Mais du diable si je me rappelle comment ou pourquoi.
Il faut que je revoie ça. Bresson, je n'aime pas toujours, loin de là. L'Argent était très fort, Un Condamné à mort s'est échappé aussi (malgré la voix off redondante). Je me suis, en revanche, endormi devant Le Diable probablement et j'ai trouvé Quatre nuits d'un rêveur carrément faible.
Mais Au hasard Balthazar… J'ai un bon feeling au sujet de ce film. J'aimerais bien mettre la main dessus.
Arca1943
Je suis assez de votre avis sur Bresson et il y a bien longtemps que je n'ai vu ou revu un de ces films ; j'ai aimé, comme vous, Un condamné à mort s'est échappé et, beaucoup, Pickpocket ; il y a aussi la tenue altière et glacée des Dames du Bois de Boulogne. Mais c'est souvent ennuyeux et guindé, ausssi.
Et ce que j'ai apprécié (sans véritable grande passion, ni émotion) tient-il encore la route ? est-ce que ça ne va pas apparaître, avec le temps, comme profondément archaïque, dans son austérité ?
On verra bien puisque plusieurs DVD sont annoncés…
Moi je l'ai beaucoup aimé ce film. Je l'ai revu il n'y a pas longtemps. Un cinéma comme on en voit plus beaucoup. Anne Wiazemsky y est très belle et très émouvante. Et puis je profite de ce forum pour m'étonner auprès de Monsieur Arca. Vous dites que vous n'avez pas envie de voir Toutes ces belles promesses le prix Jean Vigo de Jean-Paul Civeyrac, or ce film est justement une oeuvre adaptée d'un roman d'Anne WIazemsky (Hymnes à l'amour). Alors vous êtes sûr, vous ne voulez vraiment pas voir ce Civeyrac? Ah! si j'avais le don de vous convaincre…
C'est que la méthode que vous utilisez pour me convaincre obtient l'effet diamétralement opposé. En outre, j'ajoute que le fait d'être une bonne comédienne n'implique pas du tout que l'on soit un bonne prosatrice, ni vice-versa.
Au hasard Balthazar est évidemment un chef d'oeuvre, je suis un inconditionnel absolu de Bresson. Anne Wiazemsky est formidablement belle dans ce film. Mais elle y doit certainement son aura au talent de Bresson. Ce dernier considérait d'ailleurs les acteurs comme des modèles et non des comédiens. Pour cette raison, il est difficile de décréter si oui ou non Anne Wiazemsky est une bonne comédienne. Quant à ses talents d'écrivain, il me faut confesser que j'ai été moins convaincu par le roman "Hymne à l'amour" que par le Toutes ces belles promesses que Civeyrac en a tiré. Mais peut être est-ce parce que je m'intéresse d'abord au cinéma.
Si je devais emmener un seul DVD sur une île déserte, je crois que ce serait ce Bresson là. Au hasard Balthazar est à Robert Bresson ce que l'Iliade et l'Odyssée sont à Homère, ou ce que Don Giovanni est à Mozart, ce que «Le plat pays» est à Jacques Brel. Un chef d'oeuvre absolu. Un objet de légende qui dépasse les critères habituels de la cinéphilie. Ce film est d'une immense pureté. Il y a les images en noir et blanc filmées avec la contrainte d'un objectif de 50. Il y a la sonate n°20 pour piano de Schubert qui se déroule tout au long du film et qui revient comme un leit motiv. Il y a la troublante sensualité, la beauté irradiante, de Marie (Anne Wiazemsky) tourmentée par son désir pour Gérard le mauvais garçon (François Lafarge).
Il y a le spectateur que je suis, tellement admiratif de ce film à chaque fois que je le revois que je ne suis pas sûr de pouvoir en écrire quoi que ce soit de pertinent.
Pourtant j'ai envie d'en parler, j'ai envie de faire partager mon immense enthousiasme pour Au hasard Balthazar. C'est un film qui parvient à montrer l'immontrable : les émotions des personnages. Elles ne transparaissent ni dans un jeu outré des comédiens, ni par des phrases bavardes et démonstrative. Elles jaillissent de l'action des acteurs devant la caméra, à la manière dont les sentiments vibrent dans une oeuvre musicale.
Il y a dans ce flim un détail qui pourrait passer inaperçu, mais qui augmente encore sa valeur de manière inattendue : dans le rôle de Marchand, on voit apparaître l'écrivain Pierre Klossowski (1905-2001). Un grand Monsieur injustement oublié, auteur du «Bain de Diane», de «Baphomet», et des «Lois de l'hospitalité».
Mais il y a une chose qui ne peut passer inaperçue, c'est la grâce avec laquelle Anne Wiazemsky illumnine l'écran, de sa première rencontre avec l'âne Balthazar, à sa disparition.
Nota bene :
Détail important pour les collectionneurs de DVD, l'édition d'Arte, excellente, fournit à la suite du film des entretiens tout à fait passionnants avec Robert Bresson, Anne Wiazemsky, François Lafarge le directeur de la photographie Ghislain Cloquet et un commentaire très admiratif par Jean-Luc Godard. Un beau cadeau à faire à ceux qui viennent juste d'étrenner leur nouveau lecteur DVD.
Actualité Anne Wiazemsky
Anne Wiazemsky (Au hasard Balthazar, Théorème, La Chinoise, Toutes ces belles promesses…) va sortir un important livre de souvenirs la semaine prochaine sur ses débuts au cinéma (Voir cet article dans l'Express). Ce livre intitulé «Jeune fille» passionnera tous ceux que Robert Bresson, Pasolini ou Godard, intéressent. Un livre que tout cinéphile passionné devra posséder… Une sortie qui contribue à l'actualité de Robert Bresson au moment où sort en DVD Les anges du peché.
« Ce livre intitulé «Jeune fille» passionnera tous ceux que Robert Bresson, Pasolini ou Godard, intéressent. »
Mais pas Deville, Granier-Deferre ou Enrico ? Tiens donc.
Mais pas Deville, Granier-Deferre ou Enrico ? Tiens donc. Cher Arca, Jeune fille est une évocation des débuts d' Anne Wiazemsky au cinéma. Ce livre concerne donc plutôt a priori les films de Robert Bresson, Pasolini ou Godard plutôt que ceux de Michel Deville, Enrico Granier-Deferre ou Techiné… Mais vous avez raison de le rappeler, l'inoubliable Marie de Au hasard Balthazar n'a pas cantonné sa carrière cinématographique avec ces génies des années soixante que j'évoquais. Elle n'a jamais cessé d'être présente au cinéma, Preuve en est : ses dernières participations avec Ameris ou Civeyrac
Avis aux cinéphiles épris d'en apprendre. Franck Nouchi dans «Le Monde» daté du Vendredi 12 Janvier, fait un excellent compte rendu de «Jeune fille» le dernier ouvrage d'Anne Wiazemsky sous le titre : Le Mystère Bresson. Très instructif sur la façon dont Bresson travaillait et sur l'engagement qu'il demandait à ses acteurs. On y apprend aussi les circonstances de la rencontre d'Anne Wiazemsky avec Godard. «Jeune fille» est décidément un ouvrage à lire par tous cinéphile qui se respecte, un livre que Nouchi n'hésite pas à qualifier de «pure merveille». Cela ne doit pas surprendre de la part de la petite fille de Mauriac
Je lis en ce moment le livre "Jeune Fille" d' Anne W., et je suis comme envoûtée par l'évocation de son apprentissage qui répond en abyme au film . Cette évocation des années après apparaît si juste et si touchante, si spontanée et si pleine de non-dits. Hommage à un metteur en scène , à celui qui sous la fragile apparence décèle la nature véritable mais qui tel Icare risque d'y brûler ses ailes.Pardon de ces quelques lignes balbutiantes, je n'ai pas encore terminé ma lecture, j'y retourne à la rencontre D'anne et de son mentor.
A noter pour les semaines à venir : Anne Wiazemsky va présenter sur France Culture (du 20 août au 25 août 2007) une émission consacrée à la grande écrivain d'origine russe Irène Némirovski.
Irène Nemirowsky a vu plusieurs de ses romans adaptés au cinéma : Le Bal 1931 réalisé par Wilhem Thiele avec Danielle Darrieux et David Golder de Julien Duvivier (1930) avec Harry Baur. Nul doute qu'évoquer cette Irène Nemirovsky sera l'occasion pour Anne Wiazemsky de nous présenter un série passionnante abordant le destin tragique de la famille Nemirovsky . L évocation de leur exil ne sera pas sans résonner avec celui de la famille Wiazemsky elle aussi d'origine russe.
Faut il y voir la préfiguration de la réalisation d'un prochain film documentaire par Anne Wiazemsky? On aimerait bien. Car celle qui était si éblouissante dans Au hasard Balthazar a aussi beaucoup de choses à dire de l'autre côté de la caméra.
Quel dommage, RdeT, que vous soyez devenu une véritable entreprise de promotion de vos petits copains ou, plus exactement, de vos petites copines ! Où sont les polémiques fraîches et joyeuses qui nous faisaient ferrailler pour ou contre tel ou tel film, tel ou tel réalisateur !
Aujourd'hui, vous êtes devenu le pâlot agent artistique de quelques actrices dont je veux bien ne contester ni le talent, ni le charme, mais que vous présentez comme devant prochainement être la vedette de la foire aux aubergines de Thorame-Haute, ou de la Fête de l'Asticot de Grouches-Luchuel ! Pensez-vous que ce coté homme-sandwich apporte quoi que ce soit à qui que ce soit ?
Si vos amies ont devant elles un grand avenir (ou une vieillesse honorable, s'agissant d'Anne Wiazemsky), tant mieux pour elles. Mais vous avez autre chose à apporter sur DVD Toile, que de donner les horaires d'ouverture du Kursaal de Knocke-le-Zoute ! reprenez-vous !
Oh, oh, mais parlant de ferrailler, Impétueux, il va vraiment falloir que je revoie enfin Au hasard Balthazar pour me disputer avec vous sur ce malingre 3…
Il y a maldonne ! Je n'ai jamais vu ce film et je ne sais pas pourquoi, hors un coup de doigt malencontreux, quelque note que ce soit est venue adorner ma diatribe à RdeT ! Et comme je ne sais pas comment ôter une notation, je me vois contraint d'implorer la Haute Rédaction pour qu'on me tire de ce mauvais pas !
Comment ? Pardon ? Qu'est-ce que vous dites ? Je n'entends rien. En plus, vous osez aggraver votre cas avec un zéro pointé !? N'oubliez pas que pendant vos vacances, j'ai vu plein de films de samourais japonais et même un supplément où le comédien Nakadai parle de la "garde silencieuse", une redoutable technique de sabre !
L'été est plus chaud sur DVDToile que sur la France, même si le soleil brille par son absence !
Belle rime. Ça me rappelle « mon jardin est plus petit que Rome, mais mon pilum est plus solide que votre sternum ». Cela dit – et sans vouloir baver* personne – pour ce qui est de l'été sans soleil, parlez pour vous… Ici l'été est court, mais intense ! Et c'est bercé par le doux ronronnement de Gustave, notre climatiseur, que je vous écris.
(*) baver = narguer
Asterix chez les grands bretons, ce me semble !…
S'il y a un voyage à l'étranger qui me plairait, c'est bien d'aller faire un tour au Canada ! Mais le tout est de savoir à quelle époque et si le choix le plus judicieux ne serait d'effectuer plusieurs voyages… Mais là, nous ne sommes plus dans le cinéma !
«le doux ronronnement de Gustave, notre climatiseur»
Cher Arca, je connaissais les parfums et les automobiles Picasso je n avais pas encore entendu parler des climatiseurs Gustave… Il n'y a pas de doute, le Canada est à découvrir.
«la vedette de la foire aux aubergines de Thorame-Haute, ou de la Fête de l'Asticot de Grouches-Luchuel !»
Cher Impétueux, pour vous France Culture est donc la foire aux aubergines… Voilà une assertion qui devrait faire réagir quelques uns des 200.000 auditeurs de cette chaine de Radio France.
En outre il y a des moments où votre conception de la cinéphilie qui me désarçonne. Comment parvenez vous à mettre zéro à un film que vous n'avez jamais vu et en outre à ce chef d'oeuvre de Robert Bresson qu'est Au hasard Balthazar!!! Je vous invite à le visionner d'urgence et on en reparle c'est une des plus belles leçons de cinéma : des images splendides ponctuées d'une magnifique sonate de Schubert, un sens de l'ellipse inégalable, ajoutez pour finir une sublime Anne Wiazemsky.
Evoquer ici qu'Anne Wiazemsky prépare actuellement un documenaire sur Irène Nemirowsky (auteur du David Golder réalisé par Duvivier ) ne me parait donc pas équivalent à «donner les horaires d'ouverture du Kursaal de Knocke-le-Zoute»
Cela me parait au contraire une information du plus haut intérêt pour les cinéphiles participant au forum de DVDtoile.
France Culture est, à mes yeux, une chaîne radiophonique de parfaite imposture, que personne n'écoute (vous le dites vous-même : 200.000 auditeurs ! moins que le musée de la Cancoillotte, si ça se trouve), mais peu importe.
JE N'AI PAS MIS 0 (non plus que 1, 2, 3, 4, 5 ou 6, d'ailleurs) à Au hasard Balthazar ! Si vous aviez lu dans son détail le fil du sujet, vous auriez vu que je me désole qu'une fausse manoeuvre de ma seule responsabilité ait collé un 3, ensuite transformé en 0, l'une et l'autre note que je ne parviens pas à ôter !.
Si ça peut vous amuser, je peux bien mettre un 6, mais sans plus de pertinence ; il est fort possible, par ailleurs, que je me décide à regarder quelque jour le film et en pense du bien (je n'ai pas d'animosité contre Bresson et viens d'ailleurs d'acheter Pickpocket).
Mais, s'il vous plaît, ne faites plus QUE de la promotion de vos jolies copines… Vous valez mieux que ça !
Impétueux, si vous voulez effacer votre note, il suffit d'aller dans la fiche du film, de le transferer dans "mes films", et en éditant votre liste de films préférés ou pas, vous gommez la note qui doit apparaitre à côté du film, c'est le même principe que pour mettre la note chef-d'oeuvre sauf qu'au lieu de mettre 7, vous ne mettez rien du tout, voilà, après vous pouvez très bien virer le film de votre liste, s' il n'a rien à y faire, mais prenez le temps d'enlever ce gros zero qui n'a finalement aucune signification valable… Bien à vous…
« Je me désole qu'une fausse manoeuvre de ma seule responsabilité ait collé un 3, ensuite transformé en 0. »
Quoi ? Comment ? Qu'est-ce que vous dites ? Je n'entends rien, à cause du bruit de cette damnée meule à affûter les sabres.
Voilà qui est fait ! Mille mercis !
L'affaire est close (et demeurera incompréhensible à qui n'aura pas suivi, minute par minute, les épisodes précédents).
Vous pouvez aller retremper vos engins de mort dans leurs jarres pleines de sirop d'érable !
»France Culture est, à mes yeux, une chaîne radiophonique de parfaite imposture, que personne n'écoute»
à vos yeux peut être. Mais écoute-t-on seulement avec les yeux? Aux oreilles de bien des autiteurs (dont je suis) France-Culture est une excellente radio, présentant par exemple une excellente Histoire du Cinéma par Jean Douchet France-Culture est une chaine du service public qui mérite d être davantage écoutée, dont il ne faut pas hésiter de parler autour de soi. Elle défend une certaine idée de la culture. Le fait que le nombre de ses auditeurs soit faibles n est pas un signe de médiocrité bien au contraire. La majorité n a pas toujours raison.Elle peut se tromper faire de tragiques erreurs : regardez Napoléon III pour ne pas prendre d exemple plus désastreux. C est pour cela qu il faut se réjouir qu Anne Wiazemsky y présente bientôt une émission
sur Irène Nemirowsky.
Merci, RdT, pour l'information. Ce que j'ai lu de Jean Douchet (notamment à propos des films de Hitchcock) est, en effet, passionnant.
Non seulement, c'est passionnant mais en plus de pouvoir discuter avec lui, c'est encore plus passionnant. Si quelqu'un m'offre "La bête humaine", je pourrai évoquer l'échange que Jean Douchet et moi avons eu à propos du film. C'a été mémorable et "Les amis de l'Eldo" à Dijon, en gardent un excellent souvenir.
Ma foi ! Toutes les sectes présentent des qualités ; il faudrait être aveugle pour ne pas s'apercevoir que France-dite-Culture est une secte, comme Télérama…
Mais libre à vous de vous faire le thuriféraire de cette bizarre religion…
Eh bien, Droudrou, faites un résumé de cet échange avec le grand critique Jean Douchet sur le fil de La bête humaine. Nous sommes intéressés.
Difficile de parler d'un film quand on ne peut le résumer à un ensemble, dans Au Hasard Balthazar le temps semble s'évaporer à la moindre lueur de réalité… Bresson capture ces instants volatiles mais précieux, parfois, la présence de Schubert déclenche une ivresse des sens anormale, certaines séquences deviennent mystiques, une dramatisation s'échappe même des interstices, où glissent les non-dits.
Ces instants choisis avec soins, forment le portrait mélancolique de ce village de campagne où le destin d'un âne se joint aux différents personnages. Leur histoire n'est pas limpide, les émotions dominent le récit, le spectateur doit se laisser porter par le rythme, la beauté, la tristesse et la cruauté de cette oeuvre complexe mais équilibrée, en attendant que les informations germent inconsciemment… Hem! C'est bon, c'est bon, je retourne voir Iron Man! Mais j'veux mon nanard! Droudrou?…
Le "Journal d'un curé de campagne" (pour citer celui que je préfère) était tout de même très émouvant et plutôt loin de l'esthétique "ectoplasmique" que vous évoquez… En tout cas, je lui trouve du "corps".
Un très beau film, sur la condition humaine, superbement écrit et filmé, mais qui flirte aussi -sans y tomber- avec le précipice de la création artistique, qui fait qu'un récit devient abscons, ésotérique, compréhensible seulement par celui qui l'a initié.
…Je conteste amicalement le qualificatif de "guindé" attribué avec hardiesse par notre célèbre chroniqueur Impétueux, à l'œuvre de Robert Bresson… Mais il est vrai que pas un zest d'humour ne traverse l'œuvre de ce cinéaste (comme celle de Tarkovsky, dont l'univers est proche thématiquement). Mysticisme, spiritualité, des individus en souffrance en sont les ingrédients récurrents. Des univers réfléchis et assumés pour une partie, mais fruits de l'inconscient de leurs auteurs pour une autre partie. Ceci est parfaitement détectable quand on s'intéresse de près aux interviews accordées par Bresson, Tarkovski (idem aussi pour Antonioni). Dans le bonus dvd de Au hasard Balthazar, Bresson précise ainsi comment le sens du film se dégage lors du montage du son et des images, lequel est fonction du "rythme" de l'histoire (comme pour Tarkovsky), et également -ceci est dit en filigrane- de sa représentation du monde.
Et voilà en tout cas un film qui a influencé le célèbre professeur Civeyrac, figure emblématique du forum de dvdtoile…
J'avoue avoir du mal à cerner les raisons de ces relents acides adressés aux artistes qui réalisent des oeuvres personnelles. Si certains n'arrivent pas à saisir toute la philosophie, les émotions multiples qui se dégagent de ces oeuvres, tant pis pour eux! Si les simplets ont besoin d'une histoire pour apprécier leur fifilm, ce handicap de sensibilité poétique ne leur permet pas pour autant de cracher sur ce qu'il ne comprennent pas et ne comprendrons jamais. Hélas, les plus pédants veulent toujours avoir un avis sur tout, même ce qu'ils ne comprennent pas, ou pire, ne connaissent pas…
Et moi, Torgnole, j'avoue avoir du mal à comprendre votre acidité, qu'elle s'adresse à moi ou à Henri Jeanson ; admettons que ce soit à moi (parce que, si vous vous attaquez à Jeanson, je crains que vous n'alliez chercher un peu trop haut vos défis ; faut être réaliste, tout de même !).
Nous sommes ici sur un site d'amateurs de cinéma ; d'amateurs passionnés, certes, mais d'amateurs tout de même ; ce qui nous donne le droit absolu de dire, avec ou sans mauvaise foi, et du moment que nous écrivons en français et respectons un bon nombre d'interdits (ceux qui, par exemple, tombent sous le coup des lois), le droit absolu, donc, d'encenser ou de vilipender tous les films et tous les artistes que nous souhaitons sans aucune retenue.
Nous pouvons donc, entre nous, nous moquer de nos choix, de nos aversions et de nos préférences ; je peux m'amuser du fait que vous appréciez les dessins animés japonais ; de là à en déduire que vous êtes un esprit simple, un inadapté social, ou un dangereux psychopathe… c'est un pas que je ne ferai en aucun cas ; merci de me rendre la pareille et de ne pas estimer que, puisque je n'apprécie pas Robert Bresson, je suis un pauvre type dénué de toute sensibilité et de toute capacité poétique.
Bonjour. Je suis tombée par hazard (presque Balthazar) sur ce livre qui ne me quitte plus : la jeune fill. Je suis aussi passionnée par les rapports auteurs/interprètes et l'infime moment où la création se fait, que ce soit en écriture, au cinéma, en peinture. Ce livre est révélateur, passionnant, très années 1960 aussi, dans les rapports de la fille et de sa mère. J'ai aimé aussi que F.Mauriac ne soit qu'en filigrane, même si c'est lui qui écrit, page 159 : "grâce à des procédés (de Robert Bresson), l'âme réellemnt affleure, elle apparaît, nous la voyons, nous pourrions la toucher…" Je vais revoir ce film tellement triste mais si beau.[film=
Sujet : modernité de Robert Bresson.
De passage sur ebay, je tombe sur l'annonce suivante :
"Magnifique âne de provence , entier âgé de 7ans . idéal reproduction ou compagnie . bon mental , affectueux , donne le pied facilement . habitué aux enfants et à tout types d'animaux"
Mise à prix : 400 euros.
La vie d'un âne, animal pourtant si intelligent, ne vaut pas grand-chose… Ceci me désole.
Selon Béatrice Michel et Hanno Wurbel, deux ethnologues suisses ayant baigné plusieurs années dans l'univers asin : "L'âne est moins soumis que le cheval. Sa structure sociale lui permet de s'adapter à tous types de situations"
L'âne semble têtu parce qu'il n'avance plus ou lent parce qu'il est hésitant, son comportement traduit en réalité prudence, attention et circonspection. Eh bien oui ! Avant de se lancer en terrain inconnu douteux, l'âne réfléchit, flaire, tâte du sabot, évalue la faisabilité et la sécurité du parcours. Intelligence, prudence et personnalité font de l'âne un insoumis. Il n'obéit jamais, et même "a horreur des despotes", comme le dit Pascal Fontenelle, éleveur et organisateur de randonnées
Notre ami Balthazar, dont la mise à prix est fixée à 400 euros.
À dire vrai, Robert Bresson était un peu à part, moins adulé des gandins et des cinéphiles. Peut-être parce qu'il offrait les apparences d'un christianisme exigeant, avec le patronage du Journal d'un curé de campagne et de Georges Bernanos. Auteur d'une œuvre austère, guindée, rigide, emplie d'ellipses que l'on est prié d'admirer sans barguigner, dotée de dialogues minimalistes prononcés avec un goût revendiqué de la fausseté dramatique et de toute théâtralité, d'acteurs semblant porter sur eux tout le poids de la fatalité et de la misère du mode, fatalité et misère qui les guettent avec sévérité.
Il paraît que Au hasard Balthazar est un film-monde, devant quoi on est prié de s'incliner bien bas. Il est vrai que cette injonction émane de rien moins que le gugusse mirobolant du cinéma, Jean-Luc Godard, qu'on n'est pas vraiment étonné de trouver en pareille compagnie.Mais même avec la meilleure volonté de l'univers, je ne vois pas grand chose dans ce pensum constipé qui soit digne d'être apprécié. Je veux bien qu'on ait le plus souverain mépris pour les méandres du récit, qu'on tienne l'histoire pour une donnée négligeable et qu'on la traite par dessous la jambe. J'admets qu'on puisse considérer comme une sorte de parabole la misérable existence du pauvre âne Balthazar tour à tour choyé et écrasé de coups, à proportion que sa compagne et amie Marie (Anne Wiazemsky) s'en préoccupe. Mais j'aimerais tout de même qu'il y ait une certaine cohérence (et non pas forcément de la vraisemblance) entre tous les épisodes.
Bien sûr un réalisateur peut ambitionner de faire appel à l'intelligence des spectateurs qu'il a appelé à venir voir son film et il n'est pas anormal, précisément, qu'un spectateur soit amené à combler les trous de la narration, à saisir, dans tel ou tel changement des attitudes et des comportements, les signes d'une évolution matérielle ou intellectuelle. Il peut, de la même façon, admettre ce qui lui paraît exagéré, ou faux, ou ridicule. Que Marie, qui semble si sage et si tendrement éprise de son compagnon d'enfance Jacques (Walter Green) puisse se laisser séduire par ce minable voyou de Gérard (François Lafarge), que surgisse ce bizarre va-nu-pieds alcoolique Arnold (Jean-Claude Guilbert) dont on ne voit ni l'intérêt, ni le soubassement. Mais ce patchwork atone est composé de scènes dont on ne voit ni le lien, ni la nécessité, sauf à être un de ces critiques des Cahiers du cinéma qui trouveraient du sens à la captation du bourdonnement d'une mouche. Pour remettre, en ce début d'année, cent sous dans la machine, je ne résiste pas au plaisir de citer les rosseries délicieuses et pertinentes d'Henri Jeanson sur l'ectoplasmique cinéma de Robert Bresson, et notamment sur Au hasard Balthazar qui, lors de sa sortie, ne fit, selon le grand scénariste et dialoguiste que traverser en flèche les écrans dans l'indifférence générale.Jeanson s'emparant d'une interviouve télévisée de Bresson où le psychotique réalisateur de tant de fariboles ennuyeuses avait déclaré L'idéal, pour moi, serait de ne rien montrer, embraye en un réjouissant Le rêve de M. Bresson est de tourner sans pellicule, sans acteurs, sans paysage, un film inexistant. Qu'il se rassure : c'est ce qu'il a toujours fait !
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