![]() Née Françoise Gautsch, en 1931, à Constantine (Algérie), elle est la fille d'un militaire de carrière et d'une ancienne comédienne (éphémère) de la Comédie Française, Janine Henry. Au gré des mutations de son général de père, la petite fille passe son enfance en Algérie et au Maroc. Très tôt, Françoise pratique la danse et, en 1942, participe, aux côtés de sa mère à un spectacle itinérant en Afrique du Nord. En 1945, la famille s'installe à Paris, sans le père, éloigné par les nécessités du service. Aurait-il accepté facilement que sa fille s'inscrive au cours d'Andrée Bauer-Thérond et tienne un premier rôle dénudé dans le film de \Willy Rozier, l'Epave (mineure au moment des "faits", elle est doublée pour la scène délicate)? Ce rôle de fille perdue va lui coller à la peau pendant la décennie cinquante. Suivront, en effet, des oeuvrettes comme \Les Compagnes de la Nuit, \Dortoir des Grandes, \La Rage au Corps … Au milieu de ces titres plus ou moins racoleurs, déjà quelques bonnes surprises, comme \Le Fruit Défendu …. Enfin, c'est le grand rôle, \French Cancan, aux côtés de \Jean Gabin et sous la houlette du maître, \Jean Renoir. Le personnage prend de l'ampleur, l'actrice du métier, qui donnent \Des Gens sans Importance, \La Chatte, \Le Chemin des Ecoliers, etc. De 1956 à 1960, après deux années de vie commune, elle épouse l'organisateur de spectacles Georges Cravenne, le futur père des Césars. La décennie suivante est moins profitable. On attribue ce déclin à l'arrivée d'une nouvelle actrice "libérée", la blonde \Brigitte Bardot. Mais peut-être faut-il chercher les raisons du côté de la brune, qui s'ouvre peu à peu au monde qui l'entoure… Signataire du "Manifeste des 343", un plaidoyer féminin pour l'avortement, \Françoise Arnoul est pleinement ancrée dans la vie sociale et syndicale des années soixante. Très proche du couple Montand-Signoret, elle est de tous leurs combats. Puis, en 1965, c'est la rencontre avec celui qui restera l'homme de sa vie, le futur réalisateur "maudit", Bernard Paul (\le Temps de Vivre, Dernière Sortie avant Roissy…). Pour lui, elle mettra un frein à sa carrière et s'impliquera dans la construction des films, créant notamment, avec Marina Vlady, la compagnie "Francina" ,co-productrice de cette oeuvre injustement oublié, \Le Temps de Vivre. Mais leur bonheur est interrompu par une vilaine maladie: Bernard Paul s'éteint le 6 décembre s1980. Ambassadrice du septième art, l'actrice voyage beaucoup pour le plus grand avantage de l'art cinématographique français. En 1995, elle publie ses mémoires, "Un Animal Doué de Bonheur". L' ouvrage n'est certes pas inoubliable, mais certains moments sont émouvants, d'autres plus simplement cocasses: la rencontre avec Renoir, la non-rencontre avec Picasso et, bien entendu, les combats menés aux côtés de Bernard Paul. Texte de Christian Grenier de <a href="http://www.encinematheque.net"><img src="http://encinematheque.net/img/logom.gif" style="vertical-align:-20px"/></a>. |
Mort de Françoise Arnoul (1931 – 2021)
Ce matin encore, passant en bas de l'immeuble où elle habitait, tout en bas de la rue Mouffetard, en face de l'église Saint Médard, je me disais qu'il y avait longtemps que je ne l'avais vue, elle que je croisais souvent naguère, que je saluais d'un signe de tête à quoi elle répondait par un sourire. Et c'était là comme un pressentiment.
Mais la vie fait de drôles de clins d'œil. Au mois d'octobre 2016, dans un cinéma de l'avenue des Gobelins, je regardais la merveilleuse Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier ; et juste à la place devant moi, Françoise Arnoul était assise avec une amie. Lors de la séquence où Tavernier présente l'éblouissant French-cancan de Jean Renoir, j'ai un peu bêtement dit assez haut Quelle merveilleuse coïncidence ! ; elle s'est à demi retournée et m'a lancé un regard malicieux… Joli souvenir.
Françoise Arnoul a été une grande vedette de cinéma. Née en 1931, elle n'était pas beaucoup plus âgée que Brigitte Bardot (née en 1934), mais elle a été bien plus vite célèbre, en 1950, dès son troisième film, le délicieux Nous irons à Paris de Jean Boyer avec l'orchestre de Ray Ventura. Suit une décennie de grands succès et même souvent de très bons films : Le fruit défendu (1952) Des gens sans importance (1955), et Paris palace hôtel (1956) tous d'Henri Verneuil, French cancan, donc en 1955, Le pays d'où je viens de Marcel Carné (1956). Immense succès de La chatte d'Henri Decoin en 1958 où sa silhouette en ciré noir a fait briller bien des yeux. Et encore Le chemin des écoliers de Michel Boisrond en 1959.
C'est que l'actrice possédait une sensualité naturelle incomparable, plus vénéneuse – et donc évidement plus convaincante – que celle de Brigitte Bardot, qui jouait souvent les naïves et les gourdes. Mais l'étoile de la blonde a peu à peu éteint celle de la brune, malgré quelques sursauts (Le diable et les dix commandements de Julien Duvivier) (1962).
Elle a tourné ensuite une quinzaine de films, dont certains ont eu du succès (Ronde de nuit de Jean-Claude Missiaen (1984), quelques films d'auteur (Raoul Ruiz ; elle s'est beaucoup consacrée au cinéma de son compagnon, Bernard Paul, à quelques dramatiques télévisées…
Et voilà qu'elle est morte. Est-ce que, ce soir, les télévisions en parleront ?
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