![]() Né au début du siècle, Akira Kurosawa a été élevé dans les traditions d'une famille qui connut des samouraïs et autres personnages qui pouvaient se vanter de leurs vertus, de leur honneur et de leur morale, valeurs que l'on retrouve sans cesse dans les films d'Akira Kurosawa. Akira Kurosawa se considérait lui-même comme un enfant attardé dont les deux seuls talents d'alors étaient la peinture et l'écriture, et la seule occupation la pratique des arts martiaux, essentiellement le Kendo (son premier film, La Légende du Grand Judo fera d'ailleurs honneur à cette passion). Adulte, il se considérera comme un faible, un lâche avec un caractère soupe au lait, capable de partir au quart de tour. A la fin des années 20, Akira Kurosawa quitte le foyer familial pour tenter de voler de ses propres ailes. Il travaille alors dans un journal révolutionnaire, secret et interdit, pour lequel il fournit des articles et des affiches « prolétariennes ». Seulement la Révolution (dont il n'était pas vraiment un convaincu) ne nourrissant pas son homme, il trouve refuge chez son frère. C'est grâce à lui qu'il va réellement découvrir le cinéma, car son frère gagne sa vie comme « benshi », un conteur qui commente, agrémente les films muets pour le public japonais. Ce frère, qui compta tant dans l'enfance d'Akira Kurosawa, décède quelques années plus tard. L'arrivée du parlant et la fin du cinéma muet rendent son métier complètement inutile. A 30 ans, il fait le bilan de sa vie, bilan qu'il ne juge pas suffisamment intéressant pour continuer à vivre. La même année, le second frère de Akira Kurosawa décède aussi (de mort naturelle cette fois). Akira Kurosawa revient alors dans le foyer familial et essaye de gagner sa vie comme peintre, mais il se rend bien vite compte qu'il n'a pas le talent d'un peintre original, avec un style propre et devient vite lassé par ce métier. C'est le hasard qui le ramènera, trois ans plus tard, dans le cinéma, responsable pourtant de la mort de son frère. Il lit dans le journal l'annonce d'un nouveau studio de cinéma qui organise un concours pour recruter des futur assistants-réalisateurs. L'intitulé de la première épreuve (« exposer les déficiences fondamentales du cinéma japonais et suggérer des moyens d'y remédier ») intrigue et amuse Akira Kurosawa qui décide de s'y rendre. Plusieurs épreuves se succèdent : la composition écrite, l'écriture d'un scénario – il n'avait jamais vu jusqu'alors ce qu'était un scénario et dut s'inspirer de son voisin pour découvrir sous quelle forme présenter son écrit – et un entretien avec un professionnel, Kajiro Yamamoto, qui deviendra son maître, celui qui lui apprendra tout de la manière de réaliser des films. Akira Kurosawa monte peu à peu les marches du métier du cinéma, passant de troisième assistant réalisateur à premier assistant, il écrit des scénarios, monte plusieurs films, le tout sous le regard bienveillant de Kajiro Yamamoto. Après neuf années de formation, Akira Kurosawa est prêt pour passer réalisateur. Il écrit des scénarios, a des projets plein la tête mais s'oppose sans cesse à la censure d'une époque de guerre qui repousse la majorité de ses projets. Ce n'est qu'en 1943 qu'il réussit à faire passer un projet suffisamment consensuel: La Légende du grand judo. Il faut attendre 1950 et la fin de la pression de la censure (japonaise puis américaine) pour que le succès populaire et artistique soient vraiment au rendez-vous. Pendant une quinze années, Akira Kurosawa réalise de grands films. Mais c'est en 1954 avec Rashomon et son Lion d'Or à Venise qu'il est découvert par l'Occident. Pour ce nouveau public, il s'agit d'un véritable choc que de découvrir un cinéma aussi moderne. Dès lors, les occidentaux, et les américains en particulier, vont s'intéresser à lui de près. On lui propose ainsi de tourner les scènes japonaises de Tora! Tora! Tora! (mais les contraintes hollywoodiennes n'étant pas vraiment compatibles avec la liberté artistique, l'expérience fut catastrophique). Mais on fait surtout des remakes de ses films : Rashomon (1950) sera refait sous le titre Outrage par Martin Ritt. John Sturges réalisera le remake des Sept Samouraïs (1954) en transposant l'histoire dans le Far West avec Les Sept Mercenaires. Yojimbo (1961) donnera Pour une poignée de dollars réalisé par Sergio Leone. En 1965, après Barberousse, Akira Kurosawa est victime d'un coup du sort. Le Japon connaît une grande crise du cinéma et Akira Kurosawa en sera une des victimes. L'ambition de ses films réclame des budgets maintenant quasiment impossibles à réunir et il ne peut plus tourner des films, sinon avec de grandes difficultés. Il lui faudra cinq ans pour réussir à monter un film, Dodes'ka-den. Tous les espoirs de Akira Kurosawa sont dans ce film. Il espère prouver, par un succès critique et public, qu'il peut encore faire des films, malgré la mutation du cinéma au Japon. Espoirs déçus puisque le film est un échec. Il entre en dépression et commet une tentative de suicide en 1971. La suite de sa carrière sera chaotique, tous ces films subissant les difficultés financières qui expliquent le délai de cinq ans entre chaque film. Il faudra désormais l'aide de pays étrangers pour qu'il puisse continuer à tourner. Dersou Ouzala (1975) se fait grâce à l'URSS. Ensuite, à partir de Kagemusha (1980), ce sera grâce à l'aide de George Lucas (grand fan d'Akira Kurosawa : il a reconnu l'influence de la Forteresse cachée dans la conception de La Guerre des étoiles) qui saura mobiliser Francis Ford Coppola et Steven Spielberg pour aider le maître à continuer à faire des films jusqu'à la fin de sa vie. Avec une carrière qui s'étale sur 50 années et plus de 30 films, Akira Kurosawa est incontestablement un des plus grands cinéastes de tous les temps. Humaniste, la « vision du monde » qu'il propose dans ses films se rapproche de Shakespeare dans les drames humains qui peuvent transporter les hommes (il a fait nombre d'adaptations de Shakespeare) mais aussi Joseph Conrad dans le parcours du personnage qui doit souvent se confronter à une « ligne d'ombre » pour pouvoir renaître de façon plus juste, c'est-à-dire plus humaniste. Un thème plus japonais hante ses films, celui de l'action. Ses personnages sont souvent prisonniers d'un immobilisme culturel et humain, inactifs face aux événements dont ils sont témoins ou bien même victimes. C'est par le mouvement, l'action, que les personnages peuvent se sauver et améliorer les choses… ''<u>Récompenses</u> : "Lion d'or" 1951 pour Rashômon "Lion d'argent" 1954 pour Les Sept samouraïs "Ours d'argent" et prix FIPRESCI 1959 pour La Forteresse cachée "Palme d'or" 1980 pour Kagemusha BAFTA 1981 du meilleur réalisateur pour Kagemusha "Oscar" 1986 du meilleur réalisateur pour Ran BAFTA 1987 du meilleur film étranger pour Ran |
Rétrospective Akira Kurosawa
Carlotta Films propose depuis mercredi en salles 9 films d'Akira Kurosawa. Cette rétrospective en deux parties permet de se replonger dans la filmographie du maître japonais au sein des célèbres studios Toho, de ses premiers pas en tant que cinéaste durant la Seconde Guerre mondiale à sa consécration dans les années 1960. 9 films – dont 2 inédits en France – à contempler dans leur splendide version restaurée 2K !
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Livre | « Comme une autobiographie » d’Akira Kurosawa, édition Petite Bibliothèque des Cahiers du Cinéma, 1996 |
mathieu.perrin.free.fr | Site français sur le réalisateur japonais |
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La fiche IMDb d'Akira Kurosawa |
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