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Sujet : Du cinéma-champagne


De verdun, le 28 août 2006 à 18:19
Note du film : 6/6

Je ne connais encore que trop peu le cinéma de George Cukor alors que je connais par coeur celui de son grand rival à la MGM, Vincente Minnelli.

La découverte de ces "Girls" incite à une (re)découverte de l'oeuvre de Cukor.

On dit souvent que c'est le scénario le plus élaboré de l'histoire du "musical", mais est-ce vraiment un "musical"- tant les scènes dansées sont rares sur deux heures de projection et influent peu sur l'action, sauf le numéro où les Girls sont habillées comme Marie-Antoinette.

L'histoire se déroule comme le Rashomon de Kurosawa: trois versions de faits relatés à l'occasion d'un procès.

C'est sophistiqué, complexe et intelligent comme du Mankiewicz. Et puis c'est évidemment drôle, que ce soit dans le jeu de Kay Kendall, actrice géniale trop vite disparue, la fantaisie de Gene Kelly, la parodie de The Wild ones ou le regard sur le monde du spectacle.

Le tout filmé dans un scope-couleurs façon MGM qui évoque les plus belles réussites de Vincente Minnelli.

Indispensable !


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De Impétueux, le 14 juillet 2010 à 20:12
Note du film : 2/6

Il est extraordinaire de voir comme, partant des mêmes observations que le regretté (sur le site !) Verdun, j'en arrive à des conclusions radicalement différentes et puisse venir dire tout l'ennui suscité par le film de Cukor ! Mais voilà qui fait la richesse du cinéma, ou, plus vastement encore de la vie en société : sur des prémisses identiques, parvenir à des points de vue opposés !

Sortant à peine de la vision des Girls, qui a peuplé une après-midi pleine d'orages célestes, je me disposais à écrire tout le mal que je pense d'une comédie musicale qui n'en est pas une, où les numéros dansés et chantés sont portion congrue, où la musique, d'ailleurs (de Cole Porter, pourtant) est absolument insignifiante et n'a laissé d'autre trace que Ça, c'est l'amour !, popularisé en France par Luis Mariano

Sophistiqué, complexe et intelligent, écrit Verdun, et il a parfaitement raison ; je ne crois pas avoir vu une comédie musicale dont le scénario était aussi élaboré, la construction aussi subtile ; et c'est précisément là ce qui me retient, parce qu'il n'y a rien d'autre, et que l'anecdote n'est pas vraiment, n'est vraiment pas, ce qui peut retenir l'attention dans ce genre de films.

J'attends de la comédie musicale de la folie, de la brillance, du rythme, de la légèreté ; j'attends du rêve, de la gaieté, des chansons qui me restent en tête, des numéros dansés qui m'époustouflent, me donnent l'impression que cette grâce aérienne est simple… et tout à la fois impossible à reproduire par quiconque d'autre qu'un elfe enchanté. Je me soucie fort peu du scénario, de sa vraisemblance, de son réalisme, de son degré de pertinence : on n'est pas là pour ça, on est là pour entrer dans le monde enchanté où tout se dénoue sur un arrangement musical ailé…

Et voilà donc qu'à mes yeux, Les girls deviennent un pénible exercice de reconstitution d'un Paris de pacotille, semblable à celui d'Irma la douce, de Billy Wilder, ou d'Un Américain à Paris de Vincente Minnelli, mais sans la musique et sans la danse, qui est confinée dans quelques séquences, il est vrai assez réussies.

Dommage, parce que Gene Kelly est semblable au personnage traditionnel qu'on aime qu'il soit, et que les actrices sont joueuses et délicieuses, Taina Elg, la moins connue, Mitzi Gaynor, qui a de l'abattage, et Kay Kendall, qui n'avait plus alors, que deux années à vivre, et les vivait avec beaucoup d'élégance…


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De vincentp, le 14 juillet 2010 à 23:22
Note du film : Chef-d'Oeuvre

J'attends de la comédie musicale de la folie, de la brillance, du rythme, de la légèreté ; j'attends du rêve, de la gaieté, des chansons qui me restent en tête, des numéros dansés qui m'époustouflent, me donnent l'impression que cette grâce aérienne est simple… et tout à la fois impossible à reproduire par quiconque d'autre qu'un elfe enchanté. selon Impétueux !

La comédie musicale aux mains d'elfes enchantés, voletant sur des pistes de danse, tels ceux de La vie privée de Sherlock Holmes ? Vous n'y pensez pas, cher ami ! Vous qui vous moquez publiquement des sauts de cabris de Lawrence d'Arabie, auquel vous avez aimablement attaché le sobriquet de "folle du désert" ?!

Verdun, avec moi ! Il faut contrer Impétueux, lequel tente une attaque déloyale, en plein feu d'artifice du 14 juillet, confondant le "musical" avec des numéros de cabaret des "folies bergères", et ses plumes au derrière ! Les girls est simplement un croisement de comédie musicale et de comédie dramatique, avec une série de passages musicaux par un Cukor (et les collaborateurs de la MGM) lorgnant effectivement vers ce qu'a pu réaliser Mankiewicz (Guys and dolls) deux ans auparavant. Une influence aussi de Chaines conjugales du même Mankiewicz. Les girls est un "musical" en phase avec son époque. La comédie musicale recherche de nouveaux horizons, un nouveau souffle en 1958, et ne peut plus se cantonner aux numéros d'opérette du duo Astaire-Rogers des années trente ! Ce long-métrage me parait très réussi, mais aussi assez sombre, puisqu'il est question de dépression et de troubles psychologiques. Une esquisse du cinéma dit de la "modernité" qui apparait au début des années 1960 ?

Et rappelons à cette occasion la filmographie et les récompenses (et nominations) obtenues par le chef-opérateur Robert Surtees (nom signifiant nominé).

Awards:
'Oscar' AA nom 1944; b&w; shared for 'Thirty Seconds over Tokyo';
'Oscar' AA 1950; color for 'King Solomon's Mines'; Look Magazine Award for Film Achievement 1950;
'Oscar' AA nom 1951; color; shared for 'Quo Vadis?';
'Oscar' AA 1952; b&w for 'The Bad and the Beautiful';
'Oscar' AA nom 1955; color for 'Oklahoma!';
'Oscar' AA 1959; color for 'Ben-Hur';
'Oscar' AA nom 1962; color for 'Mutiny on the Bounty';
'Oscar' AA nom 1967 for 'Doctor Dolittle' & 'The Graduate';
'Oscar' AA nom 1971 for 'Summer of '42' & 'The Last Picture Show';
'Oscar' AA nom 1973 for 'The Sting';
'Oscar' AA nom 1975 for 'The Hindenburg';
'Oscar' AA nom 1976 for 'A Star Is Born';
'Oscar' AA nom 1977 for 'The Turning Point';
'Oscar' AA nom 1978 for 'Same Time, Next Year'.


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De DelaNuit, le 15 juillet 2010 à 11:54

Je constate surtout chez notre ami Impétueux un rapport particulier aux Elfes : Lawrence d'Arabie est selon lui ridicule car il gambade comme un elfe, et ces Girls sont décevantes car elles manquent de la grâce aérienne des elfes… Alors pour ou contre les elfes ?

Ou bien faut-il comprendre qu'il y aurait des barrières à ne pas franchir ? Un guerrier du désert se doit d'être viril sous peine de ridicule alors que des danseuses de "Musical" doivent être légères et pas trop intellos sous peine de décevoir ?

L'idée d'un monde, fut-il cinématographique, encadré par de telles barrières, me donne froid dans le dos…


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De Impétueux, le 15 juillet 2010 à 23:23
Note du film : 2/6

Vais-je céder à la tentation, répondre à vos provocations, DelaNuit et Vincentp, fût-ce sur le terrain scabreux où vous vous efforcez de m'attirer ? Bien sûr que oui !

Que vous n'appréciez pas beaucoup la comédie musicale dans ce qu'elle peut avoir de plus élaboré et de plus réussi, Vincentp, est votre affaire ; vous l'avez écrit sur le fil d'En suivant la flotte ; ça vous paraît limité, suranné, limité, artificiel ; parfait ! n'en parlons plus ; je trouve pour ma part que les mouvements de sabre des samouraïs, que vous chérissez, à l'instar d'Arca sont bien loin de mon goût ; je vous laisse à l'un et à l'autre tourner votre cuillère dans votre tasse de thé; il y a tant de demeures dans la maison du Père que c'est très bien ainsi.

Il n'y a pas de passage musical dans Les girls, il n'y a rien qui soit dans les codes du genre porté à son plus haut niveau avant guerre par Mark Sandrich (la perfection, musicale et dansée de Top hat) et après guerre par Stanley Donen (l'égale perfection, tout autant musicale et tout autant dansée de Chantons sous la pluie et peut-être davantage encore des Sept femmes de Barbe-Rousse) ; il n'y a qu'un scénario ingénieux, certes, mais aussi ennuyeux qu'une pièce de boulevard ou une énigme à la Japrisot ; en bref, l'amateur de musicals n'y trouve pas son content, alors que, deux ans plus tard West side story sera un des chocs de sa vie, et, quelques années plus tard, La mélodie du bonheur l'émerveillera… Et qu'il aura tant de plaisir aussi, à voir, bien plus tard, Grease.

Si Minnelli n'est pas vraiment une de mes fascinations, Vincentp, si je n'ai pas accroché jusqu'au bout à un Américain à Paris, à Tous en scène, au Pirate, ni même à l'excellent Brigadoon, j'y vois vraiment un talent, un savoir-faire, un abattage à cent lieues devant ces pauvres Girls languissantes et interminables. Mais bon, chacun ses goûts.

J'en viens au principal sujet de vos attaques conjointes, au sacrilège que j'aurais commis en regardant avec réserve ce Lawrence d'Arabie qui paraît vous réunir dans l'adulation ; je ne vais pas pour la dixième fois me défendre de l'accusation majeure d'homophobie, sur quoi DelaNuit voudrait que je réagisse haut et fort ; mais, bien sûr, je continuerai à me moquer d'un guerrier exhibitionniste – celui que présente le film de David Lean (le réel colonel était-il aussi caricatural ?) – qui gambade, excité, sur le toit d'un train ; je n'imagine pas une seconde (quelle qu'ait été leur sexualité), Miltiade, Hannibal, Clovis, Du Guesclin, Turenne, le Maréchal de Saxe, Napoléon Bonaparte, Foch, De Lattre de Tassigny (ni même le Maréchal Lyautey, dont les goûts pédérastiques étaient pourtant fort notoires) se livrer, devant leurs troupes, à des démonstrations aussi grotesques. Bien sûr qu'un guerrier doit être viril, DelaNuit, car la guerre, dût votre sensibilité en frémir, c'est tout de même En tuer ! selon l'éclairante devise du 501ème Régiment de chars de combat (désormais dissous et ci-devant cantonné à Rambouillet).

Donc, dans ces domaines fort codés du film de genre, que les femmes soient gracieuses (et écervelées, pour faire bonne mesure) et que les mecs soient ce qu'ils sont. Laissons la complexité des êtres à d'autres domaines du cinéma.


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De DelaNuit, le 16 juillet 2010 à 10:45

"Laissons la complexité des êtres à d'autres domaines que la cinéma" ? C'est bien la chose la plus absurde que j'ai lue depuis longtemps.

Mon opinion est tout bonnement inverse : la complexité des êtres est fascinante. Une femme peut être douce dans un contexte et une furie dans un autre, un homme être faible, mou, puis brutal. Lawrence d'Arabie peut prendre des poses dans le vent du désert et à un autre moment taillader l'ennemi à coup de couteau (cette dualité est d'ailleurs l'un des sujets du film). Et combien de mecs bien virils peuvent ils à la fois se battre avec acharnement dans un contexte de bataille et à la maison se vautrer mollement dans un fauteuil avec une bière à la main devant la télévision ?

Oui, l'être humain est complexe et j'attends du cinéma qu'il explore cette complexité. Même si pour ce faire il doit s'aventurer sur des terrains qui nous déconcertent. Refuser que le cinéma exprime la complexité des êtres, c'est se limiter à une vision du monde bien trop réductrice et trompeuse.


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De Impétueux, le 16 juillet 2010 à 12:20
Note du film : 2/6

J'ai écrit, fougueux DelaNuit, une chose assez différente que celle dont vous critiquez le simplisme.

J'ai écrit "Laissons la complexité des êtres à d'autres domaines du cinéma et non pas – je vous cite – Laissons la complexité des êtres à d'autres domaines que la cinéma".

Correction faite de l'erreur de plume, qui vous fait donner au cinéma un genre féminin (décidément, ça doit vous turlupiner…), les deux phrases ne veulent évidemment pas dire la même chose.

J'ai dit que je demandais au genre bien particulier qu'est la comédie musicale autre chose que de fouiller, précisément, la complexité des êtres. Comme je demande à un film d'épouvante de me filer les chocottes, et à une comédie (tout court) de me faire rire.

L'exploration de la complexité est au coeur, au centre, dans l'essence de tant et tant de films, je me suis si souvent émerveillé devant le talent de certains cinéastes pour la faire ressortir que je vais pas me donner le travail de chercher un exemple.

Mais un conseil : quand vous citez, citez juste. Et relisez-vous.


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De DelaNuit, le 16 juillet 2010 à 14:37

Désolé pour avoir lu trop vite et déformé vos propos. Ceci dit, je ne vois pas davantage pourquoi le cinéma "de genre" ne devrait pas autant que d'autres explorer la complexité humaine.

Quant-à mon "a" au lieu d'un "e", vos remarques et déductions n'engagent que vous… et souvenez-vous que ces discussions ont eu pour origine votre propre démarche de faire de la provocation en associant le mot "folle" à Lawrence d'Arabie


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