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Forum : Osaka jo monogatari

Sujet : Très bien dans son genre


De Arca1943, le 7 août 2008 à 14:55
Note du film : 4/6

En 1961 Toshiro Mifune tournait avec Kurosawa l'épatant Yojimbo, un véritable point tournant du genre. La même année, voici le bouillant acteur-samouraï sous la direction du beaucoup plus classique mais très estimable Hiroshi Inagaki. C'est un tout autre type de film, un film d'aventures et de guerre au ton épique et en superbe Tohoscope où un paysan fort comme un boeuf et sorti du rang (c'est Toshiro Mifune !) doit notamment sauver une princesse aveugle des griffes d'un riche marchand félon qui a trahi les Toyotomi (dont le fief est Osaka) pour les Tokugawa (basés à Edo et sur le point de devenir les maîtres du Japon). L'enjeu de l'intrigue où se trouve mêlé notre irascible héros – qui fait son entrée à Osaka en démolissant la boutique d'un marchand dont il a trouvé les excuses trop sommaires – est une importante cargaison de fusils portugais qui pourrait changer le cours de la guerre imminente. D'abord réticent à s'y laisser entraîner, Mohei prendra fait et cause pour les conjurés Toyotomi et la (superbe) cité d'Osaka contre l'arrogant Shogun, mais surtout parce qu'il succombe au charme de la jeune et jolie Ai. L'action se passe en 1615 et culmine sur une célèbre bataille où l'artillerie et les armes à feu jouent un rôle prépondérant – ça pète de partout ! – reconstituée avec des moyens impressionnants et une appréciable clarté (merci pour les cartes et les petites flèches en surimpression qui arrivent à point nommé pour nous expliquer ce qui se passe !). Mais à la fin, quand on lui confère solennellement le titre de samouraï (avec un salaire de 200 kokus, ce qui n'est pas rien !), Mohei préfère partir le plus loin possible avec la belle Ai et jette à la rivière le précieux parchemin officiel.

Édité au sein du méga-coffret Toshiro Mifune (9 films !) que j'ai reçu pour mon anniversaire, ce film n'est pas une date dans l'histoire du cinéma comme peut l'être Yojimbo, c'est bien évident. Les gentils cinéphiles, qui ont souvent tendance à trouver les films meilleurs dans la mesure où ils déroutent le vilain grand public, n'y trouveront sans doute pas sandale à leur pied. C'est du cinéma populaire, d'excellente facture certes, mais où le premier degré triomphe ! Ça se regarde comme Zorro. Le héros réussira-t-il à sauver la princesse ? Qui est donc la femme assassinée au fond du passage secret ? Le méprisable marchand qui se fait passer pour pacifiste alors qu'il fricote avec les Portugais et les Tokugawa sera-t-il enfin démasqué ? L'intrépide et astucieux Mohei réussira-t-il à faire passer sa cargaison d'armes à travers les lignes ennemies jusqu'au château d'Osaka ? Et (plus important !) réussira-t-il à gagner le coeur de la jeune et jolie Ai ? Voilà le genre de questions qu'on se pose pendant ce film.

Toshiro Mifune (qui a tourné 16 films avec monsieur Kurosawa, mais aussi 20 avec monsieur Inagaki) est bien sûr l'interprète idéal de ce beau film d'aventures à l'ancienne ; et de valeureux acteurs – Takashi Shimura, Tetsuro Tamba – lui prêtent main forte. Si, comme nous en avons débattu récemment, il y eu un côté "rendez-vous raté" pour Yojimbo du point de vue de son exploitation en salle hors du Japon, eh bien, à plus forte raison celui-ci, plus accessible encore, plus familier aussi pour un public habitué aux canons "hollywoodiens". Un héros valeureux, des intrigues de cour, des affrontements au sabre et à la lance, des explosions, des ninjas, des scènes de batailles rangées spectaculaires avec des tas de figurants, une charmante histoire d'amour : tout ce qu'il fallait pour le public dit du samedi soir. Mais non, ce film ne fut jamais exploité en salles, bien entendu. Ils étaient un peu bornés à cette époque, vous ne croyez pas ?

Détail cher à mon coeur : comme Yojimbo tourné la même année, Osaka jo monogatari comporte lui aussi un duel arme blanche contre revolver…


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