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Sujet : Du grand Kurosawa


De verdun, le 22 mai 2006 à 17:47
Note du film : 6/6

Je suis très loin d'avoir vu tous les films du dieu des cinéphiles Akira Kurosawa mais j'ai été très impressionné par ce film, plus encore que par Les sept samourais.

Plus encore qu'une simple transposition de Macbeth dans le Japon médiéval, il s'agit d'une recréation qui emprunte au théâtre Nô et qui ne se base pas sur la lettre mais sur l'esprit shakespearien. La peur et la menace dominent, symbolisés par le brouillard et la forêt qui donnent l'atmosphère étrange du film. Les fantômes en tous genres guettent les protagonistes.

Par conséquent, la tonalité tragique, cette "araignée" du destin qui prend les personnages dans leur toile est rendue à merveille. L'angoisse, le pouvoir et la traîtrise sont stigmatisés avec une grande acuité.Décors, costumes, gestuelle, tout est maîtrisé avec le talent des grands cinéastes.

Si parfois le rythme semble faire un peu défaut, mais c'est le charme aussi de ce cinéma, voilà une "belle claque" cinématographique. En outre, le dénouement est l'un des plus beaux et des plus stupéfiants proposés par le septième art..


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De vincentp, le 20 juin 2006 à 22:29
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Sans nul doute, effectivement, un des très grands films de l'histoire du cinéma. Les chants du début et de la fin du film, qui contribuent à lui conférer cet aspect onirique, témoignent de l'extraordinaire inventivité de mise en scène de Kurosawa. C'est aussi un film à la fois simple et sophistiqué, accessible à tout public.

Je suis surpris de ne pas voir dans la liste de tes films préférés quelques films de Mizogushi, dont la portée de l'oeuvre me paraît sensiblement égale à celle de Kurosawa. les contes de la lune vague est un chef d'oeuvre absolu, qui -de mémoire- ressemble à ce présent film. Sans avoir étudié le sujet de près (faute de temps), il me semble qu'il y a de nombreuses ressemblances de forme et de fond entre Mizogushi et Kurosawa, qui se sont sans-doute inspirés mutuellement dans les années cinquante.


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De paul_mtl, le 21 juin 2006 à 00:41
Note du film : 5/6

Disons que Le chateau de l'araignée perd en subtilité (et humour) sur les 7 samourais ou Sanjuro pour gagner en force dramatique et stylisation.

ils sont complementaires dans l'oeuvre de Kurosawa.

La sorciere avec son visage blanc me fait penser un peu aux masques blanc du theatre japonnais nô.

La soif de pouvoir et d'honneur de ces 2 officiers samourais les aveugle et ils ne voient que la surface des choses.

C'est aussi pour moi une leçon en faveur de la maitrise de ses émotions. Tout le contraire du cinema occidental qui met trop souvent en valeur ces sautes d'humeur comme une force. Je simplifie et caricature aussi par manque de temps ;)


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De PM Jarriq, le 6 janvier 2009 à 17:06
Note du film : 5/6

Du grand Kurosawa, qui se glisse dans l'oeuvre de Shakespeare comme dans un gant fait sur-mesure, et compose un opéra macabre, à l'ironie cruelle, où s'agitent des pantins hystériques, manoeuvrés par des forces supérieures, ricanant dans les bois.

La composition des plans est magnifique, les poursuites en forêt, les séquences sous la pluie battante, valent bien celles des Sept samouraïs, et certaines scènes comme ce banquet hanté par l'âme d'un homme récemment assassiné, attendu en vain par les convives, sont de pures merveilles dramaturgiques. Le film doit beaucoup à Mifune, dont le personnage, brute belliqueuse, influençable, crédule, incapable d'opposer la moindre résistance à ses démons, prend une véritable épaisseur, malgré (ou peut-être grâce ?) le jeu survolté et théâtral du comédien. Il électrise chaque plan où il apparaît, et sa fin demeurée légendaire, est visuellement inoubliable.

Par moments, on regrette que le film n'ait pas été tourné en couleurs (surtout en pensant à l'usage qu'en a fait Kurosawa dans Ran ou Kagemusha), à d'autre, le noir & blanc est irremplaçable. Le château de l'araignée est un beau film, cohérent et puissamment réalisé, auquel manque juste une pincée de cet humour iconoclaste, qui fit toute la singularité de Sanjuro ou Yojimbo.


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De vincentp, le 13 février 2017 à 23:40
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Parmi les oeuvres les plus réussies et les plus réputées de Akira Kurosawa figure en bonne place Le château de l'araignée (1957), adaptation libre du récit Macbeth de Shakespeare. Cette histoire s'inscrit dans la veine sombre et guerrière du cinéaste (Ran, Kagemusha), relatant des aventures de samouraïs. Une conclusion humaniste boucle le récit visant à montrer l'inanité des passions guerrières qui ont précédé, marquées par le gout du sang, des excès de violence et des choix non rationnels. Washizu (Toshiro Mifune), personnage présenté d'emblée comme courageux et sympathique, sur les conseils de sa perfide épouse, s'empare du pouvoir, en faisant tomber les têtes de ses rivaux et en accusant ses ennemis de ces méfaits. La part morale qui sommeille malgré tout en Washizu lui crée des troubles de personnalité, et l'isole au sein de la société médiévale dans laquelle il évolue.

L'interprétation de Mifune, halluciné, écrase par son jeu très élaboré le reste de la distribution. L'aspect le plus intéressant de Le château de l'araignée est la mise en scène dynamique, fluide, inventive, de Kurosawa : chaque plan, porté par des effets sonores, est construit avec une forte tension dramatique (les séquences ultimes, qui voient le personnage principal transpercé sur une longue durée de flèches de toute part, sans que l'on voit qui les lui envoie, sont des modèles du genre). Les chevaux se déplaçent à toute vitesse, dans tous les sens, sur des terres noires et vides, et constituent une métaphore qui impactent le mental du spectateur. Le film est très sombre, se déroule en grande partie dans le brouillard ou l'obscurité, contient peu d'humour. L'humeur du spectateur tranchera dans un sens extrêmement favorable (mon avis) ou peut-être nettement moins.


Nb : tout à fait d'accord avec l'avis de PMJarriq exprimé ci-dessus, mais à mon sens Le château de l'araignée est plus réussi que Yojimbo.


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De DelaNuit, le 14 février 2017 à 17:15
Note du film : 5/6

Intéressante réflexion également sur le thème du Destin (la fameuse araignée du titre) dont les fils enserrent finalement le héros dans sa dernière scène sous l'apparence des flèches qui l'encerclent : si le destin est tracé, l'homme reste maître des moyens employés pour le réaliser, et là se situe sa part de libre arbitre. Un grand film aux images hallucinées qu'une récente restauration nous permet de redécouvrir sur grand écran.


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