J'aime ça ! Oui, j'aime, à travers un scénario banal, un peu bébête, un rien indigent, j'aime retrouver ces visages qui nous ont donné tant de joie depuis tant d'années. Ces excentriques du cinéma, Pierre Larquey qui n'avait pas encore subi les foudres du directeur de collège Lassalle dans Les diaboliques, Jane Marken à peine descendue du Taxi de Monsieur Hunebelle et non pas de celui, débile, de Gérard Pirès, Noël Roquevert qui avait renoncé à courir derrière Fanfan la Tulipe, Roger Pierre, timide débutant qui raconta avec la verve qu'on lui connait, mille anecdotes sur ce film, ou Duvaleix qui avait raccroché sa toge de président de la chambre correctionnelle dans Monsieur Leguignon, lampiste pour n'être "que" notaire dans cette Normandie profonde. Sans oublier Georges Baconnet, avec son faux air de Raymond Souplex qui a trainé sa bonhomie dans moult œuvres légères comme leurs titres. Où sont ils partis, tous ? Quelle nuit les a donc emportés ? Où est donc passé ce cinéma sans histoires, bucolique, qui fleurait bon la paix d'hier, les ruisseaux et le talent ? Le "sérieux" n'avait pas encore renvoyé Monsieur Michu et sa dame dans les sarcasmes d'un cinéma prétentieux. La fausse bêtise et les grimaces de Bourvil, les voix reconnaissables entre mille, les tics des uns et les films fantômes et merveilleux que tenaient les autres par la main, tout cela avait encore pignon sur rue. Ses rues encore pavées où fleurissaient les cinémas de quartiers fiers, si fiers de présenter les dernières aventures de Bourvil aux Michu de tous poils qui n'en demandaient pas plus..
Oui, j'aime voir et revoir leurs trognes à tous ! Entourant un acteur toujours attachant, ils semblent prendre une récréation bien méritée. Jean Boyer, peut-être moins inspiré ici que dans Circonstances atténuantes ou Nous irons à Paris, nous offre quand même une histoire même si simplette, fort bien enlevée par la présence de tous ces géants. Un film où l'on voit de très vieilles grand-mères, drapées de noir, aller à l' église faire brûler des cierges énormes en demandant au Saint Esprit la réussite d'un esprit plus simple, auquel elles croient encore. Où le physique des amoureuses ne peut espérer que l'amour de l'idiot du village, sans savoir que cet amour est le plus pur qui soit. Un film où les gendarmes sont gentils et les maitres d'école très indulgents. Où le pardon est de mise et le cidre bien doux. C'est un film tendre qui se voudrait tourbillonnant mais qui ne fait que nous renvoyer à une époque disparue. Des sentiments pudiquement cachés, pas de flingues, pas de cascades, le mystère aux abonnés absents mais un peu de bonheur qui mijote doucement dans un coin de notre crâne.
Cela dit, lors de la dernière diffusion (sur D8), c'était un massacre : image colorisée et format 1.33 recadré dans le sens de la hauteur ! L'horreur ! Il y a des chaînes qui devraient être interdites de diffusion de classiques.
Je qualifie de "Bourvil" un de mes voisins issu d'un milieu populaire et qui s'exclame ceci (avec exactement la voix de l'acteur):
Plus sérieusement, le temps compté m'impose de faire porter mes efforts sur un choix restreint de long-métrage (parmi les 14 000 références que compte ma médiathèque), et bien sûr, je vous laisse la liberté de descendre la filmographie de ce brave Bourvil.
J'aime bien finalement Bourvil dans le drame ou dans la comedie dramatique…
Lorsqu'il essaye d'être drôle de cette façon là… Je ne peux pas !
J'ai eu l'impression en regardant Le trou normand qu'il fallait se moquer d'un handicapé mental !
Donc le brave Hippolyte (Bourvil), amoureux transis de sa cousine Javotte (Bardot) n'héritera de son oncle Célestin l'auberge du Trou normand que s'il parvient à décrocher dans l'année son certificat d'études. Faute de quoi, c'est Augustine la charcutière (Jane Marken), mère de Javotte qui récupérera l'auberge et le magot. On imagine les ramifications torrentueuses de ces prémisses excitantes : on ne sera pas déçu, c'est aussi mauvais qu'on devait le craindre.
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