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Sujet : Premier chef-d’œuvre de Kurosawa


De vincentp, le 4 novembre 2006 à 14:14
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Chronologiquement à mon sens, le premier chef-d’œuvre de Kurosawa, maitrisé de bout en bout sur un plan formel, et croisant brillamment de nombreux thèmes, en particulier la place que se forge un individu au cœur de la cité immense, plongée dans la torpeur de l'été. Un de mes films préférés.

Revu sur grand écran le 8/3/2011 (il manquait quelques images à la copie). Que dire ? Voici du lourd, très lourd… sur un plan artistique. Commenter ce film, c'est comme commenter un tableau d'un grand maître exposé au Louvre. Une chose est sûre, c'est bel et bien le premier chef-d’œuvre de Kurosawa (mais L'ange ivre annonçait la couleur), qui explose ici complètement.

Portrait d'une société au sortir de la seconde guerre mondiale, portrait de l'humanité toute entière, partagée entre joies, désirs, peine et désillusions. Collé au bitume de la cité, mais jouxtant la nature régénératrice… Bien des interprétations peuvent être posées sur les images toutes plus magnifiques les unes que les autres : ainsi ce duel, avec en arrière-plan un morceau de musique joué sur un piano par une petite-fille.

Toute la gamme des émotions et des sentiments humains est vaillamment illustrée. Variété des plans et des modes de narration (voix-off,…). Ambiances sonores ultra-soignées. Suspens haletant. Un film encore aujourd'hui très moderne.

A mon sens, un chef-d’œuvre absolu, et l'un des meilleurs films de tous les temps. Mais aussi plus régénérant et vivifiant au final qu'une cure de vitamine C : ultra-confiant dans les possibilités constructives et sociales de l'être humain, Chien enragé, porteur d'une foi humaniste de tous les instants, confère une confiance absolue au spectateur pour affronter et surmonter les difficultés de son quotidien. Un être humain solide et courageux sur Terre obtient ensuite sa place parmi les étoiles, entre-aperçues au travers d'une image, selon Akira Kurosawa !


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De vincentp, le 3 septembre 2016 à 19:57
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Le film est réédité chez Wild Side dans une très belle édition (blu-ray dvd, avec livret intégré) que je viens d'acheter. Les commentaires de C.T. inclus dans le livret contiennent de bonnes idées, mettant en lumière le contexte, le style du film. Ces commentaires sont malheureusement rédigés dans un jargon incompréhensible au commun des mortels. Comment peut-on s'exprimer par écrit aussi mal en français, quand on est enseignant (université Paris III) ? Je ne comprends pas. A la place de Wild Side, je lui aurais adjoint un traducteur.


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De vincentp, le 7 septembre 2016 à 20:12
Note du film : Chef-d'Oeuvre


L'image du blu-ray est restaurée mais n'atteint pas les sommets (la différence avec la version dvd n'est pas énorme). Le caractère faramineux de Les sept samouraïs ou de Rashomon, monuments du cinéma, ne se retrouve pas à mon avis via une vision blu-ray de Chien enragé. C'est un film à voir de forte préférence sur grand-écran. Il s'agit néanmoins d'une oeuvre exceptionnelle. Jean Douchet, dans un supplément, évoque l'installation du système Kurosawa avec cette oeuvre datée de 1949, et qui suit chronologiquement L'ange ivre au sein de l'oeuvre du cinéaste japonais. La thématique : mélange d'ingrédients de films de genre (ici, le polar) croisé avec une vision humaniste (des individus dissemblables, mais partageant un monde commun, plongés dans le même bain). La forme : construction très élaborée, images auto-porteuses, adaptée aux sujets traités avec des flash-backs et des séquences qui s'apparentent à des flash-backs mais qui n'en sont pas (la déambulation du policier habillé en soldat), voix-off…

Certaines séquences sont très étonnantes surtout vers la fin du film : la poursuite haletante et fiévreuse dans la campagne sauvage qui jouxte la ville, eau, arbres, et herbes hautes ; le morceau de musique classique joué par la petite fille, la vision qu'a celle-ci depuis sa fenêtre de l'affrontement, la procession des écolières. On a l'impression d'être au carrefour de différents univers. Ce croisement d'éléments dissemblables, cette intégration d'éléments extérieurs à l'affrontement en cours, agit sur le mental du spectateur, crée un effet de distanciation, sort le spectateur de la trame du film policier, pour le faire porter un regard sur les actions en cours, et réfléchir sur la place des personnages dans la société. Mais il y aussi des portraits d'individus de la société nippone très étonnants, enrichissant l'oeuvre avec des aspects connexes. La mise en scène de Kurosawa, l'interprétation de Toshiro Mifune (bien entouré), les aspects sonores créent au final une oeuvre puissante, magistrale, et qui défie le passage du temps.


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