Forum - Femmes de Paris - Une charmante idiotie
Accueil
Forum : Femmes de Paris

Sujet : Une charmante idiotie


De Impétueux, le 22 septembre 2006 à 12:52
Note du film : 2/6

Franchement, je suis bien étonné que quelqu'un ait eu l'idée saugrenue d'éditer, à petit prix et à petite qualité, un DVD de cette œuvrette mineure d'un cinéaste lui-même de second rang.

Pourquoi l'avoir acheté et regardé ? me diront, avec un air supérieur (mais pertinent) ceux qui notent que je n'ai encore vu de ma vie un Kurosawa ou un Woody Allen.

Ah là là ! si les choses étaient aussi simples, notre actuelle Vallée de Larmes serait un empyrée de délices où couleraient le lait et le miel (eh oui ! un empyrée ! et toc ! un nouveau mot pour Vincentp !)

Ce qui est fascinant, dans ce genre de films, ce n'est évidemment pas la faiblesse de l'anecdote, aussi tirée par les cheveux que celles de Paris chante toujours de Pierre Montazel ou de l'immortel Ah ! Les belles bacchantes de Jean Loubignac. Dans Femmes de Paris, Charles Buisson (Michel Simon), astronome, prix Nobel (!), alors qu'il observe une nova en train de se former reçoit un coup de téléphone qui ne lui était pas destiné, mais qui l'était à un certain Patrice, que sa maîtresse prévient que s'il n'est pas avant Minuit dans une boîte des Champs Elysées nommée le "Ruban bleu", elle se suicidera. N'écoutant que son bon cœur, Buisson se précipite au "Ruban bleu". Les péripéties qui suivent n'ont évidemment aucune importance.

Ce qui est intéressant, donc, ça n'est pas le récit, ou la façon de le filmer, mais bien plutôt la sorte de reportage constitué, presque involontairement, sur les coutumes et moeurs du temps : en 1952, le public des cabarets est âgé, voire un peu davantage, s'habille énormément – hommes en habit, à la rigueur en smoking, femmes en robes du soir – et vient assister à un spectacle où se succèdent des numéros très variés : monologue comique – avec Robert Lamoureux -, chanson fantaisiste avec une vraie diseuse, Patachou, qui détaille finement "Brave Margot" de Georges Brassens, scènes costumées qui permettent de dévoiler quelques jolies poitrines, numéros d'orchestre, où Ray Ventura fait merveille, accompagné par des jeunes pousses (non créditées au générique, mais parfaitement reconnaissables) qui sont Sacha Distel, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault.

Drôle aussi, à nos yeux d'aujourd'hui, la juxtaposition de vieux seconds rôles, comme Gaby Basset, deuxième femme de Jean Gabin, en dame-pipi, et de la jeune Micheline Dax, en snobette à la voix haut perchée, sans parler de Nadine Tallier, bien court-vêtue avant qu'elle devienne Nadine de Rothschild.

Un vrai document ethnographique, donc. Qui, en tout cas, m'amuse davantage qu'un reportage sur les Papous ou les Inuits ; chacun ses goûts !


Répondre

De vincentp, le 22 septembre 2006 à 15:09

Comment est-il possible de ne pas avoir vu de film de Kurosawa ?

C'est comme un mélomane qui ne connaît pas Mozart.


Répondre

De Impétueux, le 22 septembre 2006 à 16:44
Note du film : 2/6

Justement…je ne suis pas non plus mélomane !


Répondre

De droudrou, le 22 septembre 2006 à 17:47
Note du film : 2/6

Mon cher Impétueux : ne vous croyant pas… j'ai recherché "Amadeus" et me suis glissé sur le forum voir si je trouvais votre riche prose. Ne me faites pas croire que vous n'avez pas vu "Amadeus"… Je vous trouverais bien suspect dans la mesure où vous êtes allé voir "Marie-Antoinette".

Par contre, histoire de vous titiller un p'tit peu du fait que vous remontez nostalgiquement les bons et beaux "navets" des années glorieuses de notre enfance, au Chatelet, ils passent le "Chanteur de Mexico" sans Luis Mariano… Donc, occasion d'aller voir les fiches films de DVD-Toile et de retrouver le synopsis indélébilement débile de "Mexico ! Mexi-ico ! Les femmes sont ardantes-hi !…" ce qui me fait penser à cette pièce de boulevard avec Robert Lamoureux qui dit, entre autre : "Mais comment peut-on ? Mais comment peut-on ?" – Eh bien oui : on a pu !


Répondre

De Impétueux, le 22 septembre 2006 à 19:46
Note du film : 2/6

Le chanteur de Mexico sans Luis Mariano ! Quelle pitié !!

Pourquoi pas Entrée des artistes sans Louis Jouvet !

J'ai vu jadis Amadeus sans grand intérêt ; en revanche j'ai beaucoup apprécié The music lovers de Ken Russel consacré, d'une façon baroque et excessive à Tchaïkovsky ; mais c'est le côté baroque et excessif qui m'a plu ; pas le côté mélodieux.


Répondre

De droudrou, le 22 septembre 2006 à 20:07
Note du film : 2/6

Les qualificatifs : baroque et excessif sont exacts.

Par contre, mon épouse et moi avons vu "Eugène Onéguine" à l'opéra. Ca nous a beaucoup plu. Nous avons été enchantés.

Amicalement.


Répondre

De droudrou, le 29 octobre 2006 à 07:27
Note du film : 2/6

A propos de Femmes de Paris : je n'en reviens pas. J'avais 9 ans à l'époque. C'est confondant. J'ajouterai même : c'est con…fondant. Impétueux, vous rappelez-vous ces navets ? Remarquez qu'il y a toujours des navets, sauf qu'ils ont changé de "sens", mais si ça peut plaire, pourquoi pas. On distribuait bien du pain. On donnait des jeux où les mecs étaient supposés se tuer pour faire plaisir à la foule (j'ai lu que la notion de rentabilité n'amenait pas forcément à ce que les combats se terminent par une tuerie ! comme quoi ! et puis, si vous et moi avions été à l'époque des druides, il n'est pas dit que notre culture (si culture il y avait) ne nous aurait pas poussés à applaudir ! je me pose la question si certains ne regretteraient pas amèrement cette époque, si vous voyez ce que je veux dire…)


Répondre

De Impétueux, le 29 octobre 2006 à 09:20
Note du film : 2/6

La question des navets et nanars est plus profonde qu'il n'y paraît, et vous la posez excellemment : aucune époque n'est plus sotte qu'une autre et le niveau moyen de l'intelligence humaine n'a pas augmenté depuis l'Égypte ou la Mésopotamie, depuis cinq mille ans.

La curieuse impossibilité de saisir les motivations – tabous ou enthousiasmes – des autres temps devrait nous pousser à relativiser nos jugements sur les époques antérieures et à nous refuser de condamner – ou d'approuver – abstraitement les comportements de nos grands aïeux : dire que le miracle grec est né sur l'esclavage, que Rome a vécu dans la barbarie des jeux du cirque, que le Moyen-Age finissant a été gâté par l'Inquisition, que les Guerres de religion ont conduit à des massacres affreux…n'a, en soi, aucun sens : ma génération – notre génération, cher Droudrou – ou peut-être plutôt celle de nos parents ou de nos immédiats prédécesseurs – a jeté sur les naissances hors mariage, les divorces, la nudité (je prends à dessein des sujets très différents) des regards choqués, voire scandalisés ou indignés, qui semblent totalement incompréhensibles aujourd'hui.

J'avais essayé d'exprimer cela sur le fil de La fille du puisatier de Marcel Pagnol : une fille qui a "fauté" est rejetée par son père, malgré (et à cause, aussi, finalement) de l'immense amour qu'il lui porte : cela, sans doute, peut aujourd'hui se passer dans une famille immigrée, à notre grande indignation. Qui sait si, dans 50 ou 100 ans ce ne sera pas redevenu la règle ? Qui peut le dire ?

Il n'y a pas de progrès des moeurs, mais des transferts de sauvagerie : on ne rejette plus, en Occident, une fille qui a fauté et ramène un polichinelle à la maison, mais on place sans vergogne aucune ses parents impotents dans un mouroir à vieux, où on ne va les voir que trois fois par an…

Pour revenir à des choses plus gaies, comme ce Femmes de Paris, il serait bon de se demander si le charme désuet que nous pouvons trouver néanmoins, vous et moi à ce genre de débilités sera le même lorsque nos enfants parvenus à nos âges regarderont la série des Taxi ou les immondices d'Eric et Ramzy

Vaste problème…


Répondre

De Arca1943, le 29 octobre 2006 à 14:02

« La curieuse impossibilité de saisir les motivations – tabous ou enthousiasmes – des autres temps… »

La difficulté, certes; mais l'impossibilité, jamais de la vie. Les historiens ne sont pas faits pour les chiens !


Répondre

De Impétueux, le 29 octobre 2006 à 18:43
Note du film : 2/6

C'est là, mon cher Arca, un de nos points de divergence : je doute que jamais un Georges Duby puisse nous faire sentir l'élan de foi qui habitait les bâtisseurs des cathédrales ou un Albert Soboul la sauvage impression de pureté qui habitait les éventreurs de Vendéens.

Ceux qui réussiraient peut-être le mieux, ce seraient les romanciers : je n'ai pas encore lu "les bienveillantes" mais il semble que Jonathan Littell soit parvenu à "reconstituer" le cerveau d'un nazi travailleur, consciencieux, plein de bonne volonté et d'ardeur au travail.

Mais est vrai que c'est moins éloigné de nous que ne le sont les honnêtes gens de Rome (et "honnêtes gens" est employé par moi sans la moindre ironie) qui se délectaient des massacres du cirque !


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0032 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter