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Forum : Une Nuit mouvementée

Sujet : "Rashomon" à la sauce Bava

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De verdun, le 11 juin 2020 à 22:56
Note du film : 3/6

John Price (Brett Halsey), dragueur impénitent, jette son dévolu sur la belle Tina (Daniela Giordano). Le soir venu, il va la chercher chez sa mère et l'emmène danser dans une boîte de nuit. De retour chez elle, Tina, dont la robe est déchirée, raconte sa mésaventure à sa mère. De son côté, John a une marque de griffure sur le front. Qu’a t-il bien pu se passer ? Le scénario va alors livrer quatre points de vue différents de ce qui a pu arriver lors de cette nuit mouvementée.

Après s'être essayé au péplum (Hercule contre les vampires), au film de vikings (La ruée des vikings et Duel au coûteau), à la science-fiction (La planète des vampires), au western (Les dollars du Nebraska), au fantastique (Le masque du démon, Le corps et le fouet) et au giallo, dont il est l'inventeur (La fille qui en savait trop, Six femmes pour l'assassin), Mario Bava s'essayait avec Quante volte… quella notte à la comédie érotique, genre en vogue en Italie en cette fin des années 1960/début des années 1970, ayant révélé des vedettes comme Edwige Fenech ou Laura Antonelli.

Mario Bava n'y va pas de main morte et fait carrément de son film une version pop et sexy de Rashomon, puisque comme dans le célèbre film de Kurosawa, plusieurs personnes décrivent sous un point de vue différent le même événement. Du coup il s'agit d'un exercice de style, léger puisque nous sommes dans une comédie et "pop", comme Danger Diabolik, puisque nous sommes à la fin des années 60, comme l'indique le générique de début animé et paré de couleurs vives.

Autant le dire d'emblée, il s'agit un film mineur où il ne faut espérer aucune profondeur. Malgré des acteurs inspirés, notamment un Brett Halsey plus expressif que d'habitude, et la beauté de Daniela Giordano, miss Italie 1966, les personnages sont assez caricaturaux: le machisme dans la première histoire, la nymphomanie dans la deuxième et l'homosexualité dans la troisième sont décrits sans nuance. Par ailleurs, l'érotisme qui a valu au film de connaître avec la censure paraîtra bien anodins pour les spectateurs du XXIe siècle.

Mais c'est cet aspect caricatural, ainsi que le ridicule de certaines situations susceptibles de paraître assez kitchs en 2020, qui rend le film amusant par moments, de même que le personnage du concierge obsédé sexuel, assez croquignolet. Et de tels pantins sont finalement assez typiques de l'oeuvre du misanthrope Bava, habitué à mettre en scène des personnages méprisables qu'il ne massacre toutefois pas ici, contrairement à ce qu'il fera dans L'île de l'épouvante et surtout La baie sanglante.

C'est la forme qui fait tout l'intérêt de Une nuit mouvementée et on retrouve tout le talent de Bava pour mettre en valeur les décors et les paysages, utiliser les couleurs de façon originale et des angles de caméra inhabituels… Par ailleurs, la bande originale est en parfaite adéquation avec les images.

Une nuit mouvementée est un donc bien un Bava mineur en raison d'une écriture superficielle et démodée, mais intéressant pour ses qualités plastiques.

Longtemps rare en France, il mérite autant un DVD ou un blu-ray que d'autres oeuvres du même réalisateur déjà disponibles chez nous comme L'espion qui venait du surgelé ou Baron vampire. Je vote donc pour son édition.


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