![]() Michèle Morgan, de son vrai nom Simone Roussel, née à Neuilly-sur-Seine le 29 février 1920, est une des stars qui a le mieux illustré le cinéma français des années 40 à 60 et même au-delà, de par son élégance, sa classe, la beauté énigmatique de son regard, qui rappelait celui de Greta Garbo, et par son jeu empreint de sensibilité et de retenue. Dès l'aube de sa carrière, elle partagera l'affiche avec les plus grands acteurs. Marc Allégret, qui la fait débuter dans Gribouille en 1937, ne craint pas de lui donner pour partenaire Raimu, véritable monstre sacré du cinéma d'avant-guerre, mais la novice de 17 ans ne se laissera pas impressionner et tiendra son rôle avec simplicité et naturel. L'année suivante, elle tourne Quai des brumes de Marcel Carné avec Jean Gabin, film qui fera de la jeune fille un peu timide une vedette internationale. Elle n'a pas vingt ans. Suivent en 1959 La Loi du Nord de Jacques Feyder et Remorques de Jean Grémillon où elle est de nouveau aux côtés de Jean Gabin. En 1942, fuyant l'Occupation, elle part pour les Etats-Unis. Elle y restera jusqu'en 1946, épousera l'acteur américain William Marshall, qui lui donnera un fils Mike en 1944. Sa carrière aux USA l'ayant déçue (il est en effet inutile de citer les quelques navets où elle figure), elle revient en France pour être l'émouvante Gertrude de La Symphonie pastorale de Jean Delannoy, triomphe personnel qui lui méritera le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 1946. Elle devient alors l'actrice la plus représentative de ce cinéma français dit "de qualité" qui devait être, par la suite, tant moqué et décrié par les cinéastes de la Nouvelle Vague. Son extraordinaire photogénie, sa distinction, son naturel lui permettent d'entrer dans des personnages très divers sans rien perdre de son autonomie et de sa classe. Si bien qu'elle ne cesse plus de tourner. Ce seront en 1953 Les Orgueilleux d'Yves Allégret avec Gérard Philipe qu'elle retrouve en 1955 dans Les Grandes manœuvres de René Clair, film où elle apparait éblouissante de charme et de féminité. Suivront Le Miroir à deux faces d'André Cayatte avec un Bourvil bouleversant et Fortunat d'Alex Joffé en 1960 toujours avec Bourvil. Après avoir divorcé de William Marshall, elle épouse Henri Vidal en 1950. Ils apparaissent ensemble dans plusieurs films, mais ce dernier meurt en 1959 des suites d'une longue maladie et, désormais, Michèle Morgan associera sa vie à celle du cinéaste Gérard Oury jusqu'à la disparition de celui-ci l'an dernier. A partir de 1960, elle va se faire rare au cinéma, privilégiant le théâtre, la poésie et la peinture qu'elle exerce avec talent depuis de nombreuses années. Elle joue, entre autres pièces, "Chéri" de Colette et rédige trois ouvrages qui s'inspirent de sa carrière d'actrice : "Mes Yeux ont vu" (1965), "Avec ces yeux-là" (1977) et "Le Fil bleu" (1993). On la voit encore lumineuse et irrésistible dans Benjamin ou les mémoires d'un puceau de Michel Deville en 1967, puis dans Le Chat et la souris de Claude Lelouch en 1975 et enfin dans Ils vont tous bien de Giuseppe Tornatore en 1989. En 1990, elle se retire définitivement pour poursuivre son activité de peintre et aura la douleur de perdre son fils unique Mike Marshall en 2005 et son compagnon Gérard Oury en 2006. Plusieurs récompenses témoignent de son talent d'actrice et de son rôle d'ambassadrice du cinéma français auquel elle s'est employée avec son élégance habituelle : le "Lion d'or" pour l'ensemble de sa carrière à la Mostra de Venise en 1996 et un "César d'honneur" à Cannes en 1992. En quelque sorte une carrière exemplaire menée de conserve par une actrice de talent et une femme d'exception. (Abarguillet) |
Michèle Morgan est morte
Les plus beaux yeux du cinéma français viennent de se fermer pour toujours, à 96 ans (1920-2016).
Michèle Morgan est morte. Sans doute, comme l’indique « le Monde » dans un bel article dû à Samuel Blumenfeld, a-t-elle été un peu prisonnière de Quai des brumes, des scènes magiques où elle apparaît en ciré noir et en béret étroit dans la cabane de Panama (Édouard Delmont dans Le Quai des brumes). Et de l’émerveillement de Jean Gabin lui donnant juste avant de mourir un baiser de légende.
Et quoi d’autre, au fait, dans cette longue carrière interrompue il y a déjà 40 ans ?
Quoi d’autre sinon des légendes pour passionnés de vieux cinéma ? la rencontre avec Henri Vidal dans Fabiola, la combinaison trempée de sueur dans Les Orgueilleux, la beauté digne à l’échafaud de Marie-Antoinette reine de France ?
Mais que de fadeur dans Les Grandes Manoeuvres ou dans Marguerite de la nuit qui auraient pu être de très bons films (surtout le second) sans son jeu atone ?
Peut-être finalement, ne la redécouvrira-t-on plutôt, enjouée et légère dans deux comédies, Benjamin ou les mémoires d’un puceau et Le chat et la souris ?
On le lui souhaite ; on n’en est pas vraiment certain. Impétueux
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