![]() Jean Grémillon voulait être musicien et quand il arrive à Paris dans les années 20, il étudie à la Schola Cantorum, tout en jouant de la musique de films dans les cinémas pour gagner de quoi vivre. La passion du cinéma est née, et c'est par le documentaire qu'il fera ses premières classes, qu'il apprendra la technique cinématographique ainsi que la découverte et l'admiration pour les ouvriers et le monde du travail. Ses documentaires les plus reconnus sont Photogénie mécanique en 1924, Un Tour au large en 1926 (film sur la Bretagne et la mer aujourd'hui disparu). C'est grâce à son ami Charles Dullin, qu'il réalise son premier long-métrage en 1928 : Maldonne. Son style est déjà efficace, se situant dans un mélange apparemment impossible entre le réalisme du documentaire et le lyrisme poétique de la musique. Réalisme et poétisme situent Grémillon dans la lignée des films de Prévert, Carné avec le réalisme politique. Il enchaîne ensuite avec un des films les plus beaux sur la mer et sur la Bretagne, Gardiens de phare. 1929, le son arrive et dès 1930, Jean Grémillon expérimente l'utilisation de ce médium comme seul un homme de musique peut le faire. La Petite Lise, est un film expérimental tout aussi bien visuel que sonore, où le son ne sert pas à mettre de la musique et à faire parler, mais sert comme une partition musicale moderne, « contemporaine » dirons-nous. Le public n'accroche évidemment pas, certains critiques et cinéastes par contre comprennent et admirent le modernisme. L'échec public condamne Jean Grémillon à des années de galère, l'obligeant à revenir aux documentaires ou aux films de commande. Il faudra attendre 1937 pour que la roue tourne. Grâce à l'amitié de Charles Spaak, son scénariste devenu célèbre notamment grâce à son travail avec Jean Renoir, on lui offre la possibilité de tourner un film avec la star du moment : Gabin. C'est un pari osé, un pari réussi car Gueule d'amour est un grand succès populaire et critique, dans lequel il s'amuse à triturer l'image virile de Gabin. L'année suivante, il dirige Raimu dans L'Etrange monsieur Victor. La carrière est lancée pour une série de très bons films. Ainsi, Remorques est en chantier quand la guerre arrive et ce ne sera que deux ans plus tard qu'il achèvera le film. Pendant l'Occupation, il réalise Lumière d'été et le Ciel est à vous, deux réussites sans concession dans lesquelles il exprime son style particulier. Avec la Libération, il aide à la reconstruction économique du cinéma et veut réaliser quatre projets de films historiques, mais réalistes pour rappeler que l'héroïsme, la grandeur, ont été des valeurs françaises. Les quatres projets se cassent la gueule les uns après les autres. Seul, Le Six juin à l'aube, documentaire en hommage à la Normandie mutilée, réussit à voir le jour. Mais le coup est dur. Il ne s'en remettra jamais, et le cinéaste est contraint à revenir au court-métrage. Il ne réalisera plus que trois films : Pattes blanches, L'Etrange Madame X, et L'Amour d'une femme. Ce dernier sera ruiné par une sortie baclée alors qu'il était une nouvelle fois en avance sur son temps, ne représentant plus des hommes virils, mais une femme qui décide de s'imposer, et d'imposer aux hommes la révolution qui ne tardera pas à venir et qui aura pour fer de lance Brigitte Bardot, dans le dernier long métrage qu'il tourne en 1954, sur l'île d'Ouessant, et dont l'héroïne, incarnée par Michelle Presle, est médecin et sacrifie son amour pour son métier. Ensuite, Grémillon enchaîne des documentaires et courts-métrages à but alimentaire. |
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