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Forum : L'Amant de Lady Chatterley

Sujet : Pas Allégro...


De Gilou40, le 29 mars 2010 à 20:07
Note du film : 3/6

"C'était une étrange silhouette pâle qui s'élevait et retombait, se penchant en sorte que la pluie venait frapper en reflets luisants les hanches pleines, se redressant et s'avançant, le ventre en avant, à travers la pluie, puis s'inclinant de nouveau en sorte que seuls ses fesses et ses reins, pleinement offerts, se tendaient vers lui en une sorte d'hommage, en un rite sauvage d'obédience."

J'en veux un peu, beaucoup à Marc Allégret ne n'avoir pas su me redonner par l'image mes premiers émois de jeune fille. La découverte de ce roman me bouscula beaucoup plus que la très fade adaptation diffusée hier au soir, au cinéma de minuit. Même si j'admets que le cinéaste n'a pas la "patte" ni, disons le, le génie de son frère Yves Allégret, cet amant là ne l'a pas beaucoup inspiré. Il est vrai que nous sommes en 1955 et que la commission de censure devait être autrement plus exigeante qu'elle ne l'est de nos jours. Et puis Marc Allégret n'est pas Marc Dorcell…Mais quand même.

Si Danielle Darrieux est assez belle et droite pour faire une châtelaine digne de ce nom, elle ne nous redonne en rien l'intensité érotique qui sied à l'héroïne de David Herbert Lawrence. Désirable, voire lumineuse, certes, mais peu crédible dans le renoncement de ses principes et de ses valeurs sociales. De plus, on ne peut pas non plus demander à Danielle Darrieux de jouer les Sylvia Kristel. Mais j'ai envie de dire que dans cette version offerte par Just Jaeckin, si la partie poésie du livre – car il s'agit également de poésie – était bâclée, l'érotisme à fleur de page était largement mieux rendu. Hélas, dans cette version là, l'héroïne inversait le sens profond du livre qui nous inculque que la découverte de l'autre et de tous les sentiments qui l'animent, passe forcément par le sexe. Ça, par contre, Danielle Darrieux nous le rend très bien. Je précise qu'il n'est pas question pour moi de "comparer" les deux films, mais simplement d'en extraire deux façons ponctuelles de faire.
De plus, dans le roman, la bassesse de Sir Clifford Chatterley, invalide, impuissant, est largement développée. Ici, Leo Genn a l'air de botter en touche un état dans lequel il s'est d'ailleurs installé confortablement.

Quand on est une adolescente et que l'on découvre ce livre, on imagine le garde-chasse de Lady Chatterley beaucoup plus bourru, plus sauvage. Et c'est cette sauvagerie qui provoque l'émoi. Or là, et Erno Crisa et Marc Allégret nous imposent un amant plus réfléchi que torride. Nous sommes quand même assez loin de Lady Chatterley et l'homme des bois, décrit dans l'ouvrage revu et corrigé par David Herbert Lawrence lui-même. Physiquement, Erno Crisa n'est pas décevant, bien qu'on lui aurait préféré un Lex Barker ou un Gordon Scott. Mais il nous (me) semble un peu…..léger.

Ce film aurait demandé moins de hâte dans sa réalisation. Ou est passé le dégoût violent, ressenti au début par Lady Chatterley, pour cet homme des bois ? Ou sont ces longs jours qui n'en finissent plus de s'étirer d'ennui ? Tout va trop vite. Jusqu'à la découverte d'une sexualité jusqu'alors inconnue pour Lady Chatterley. Trop de fioritures nuisent à un film. Pas assez aussi. Dans son regard sur le roman, Marc Allégret a paré au plus pressé. Erreur. Tout récit relatant la sexualité découverte comme un nouveau monde et donc comme un nouvel espoir d'une autre vie, se doit d'être traité au plus près… De plus, ce film nous fait croire que, l'Amour venu pour les deux héros, la messe est dite ! Nenni. L'amant de Lady Chatterley n'est pas Roméo et Juliette.

En conséquence, c'est un film que je qualifierai de bâclé, même si les acteurs s'en sortent honorablement, pas plus. Pas plus et c'est dommage…


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De Arca1943, le 30 mars 2010 à 00:37

Eh bien ! Je dois vous féliciter, Gilou40, pour votre abnégation de cinéphile que rien n'arrête. Mais avouez-le, il était quand même un tout petit peu prévisible que la dimension érotique du classique de Lawrence, dans un film français de 1955, (et à plus forte raison eût-il été britannique !) allait passer à la trappe, ou en tout cas se faire rogner les ailes (je n'ai pas vu ce film). Je pense par exemple à plusieurs instructives anecdotes que raconte Impétueux au fil des messages sur la censure et/ou les "campagnes" contre tel ou tel film jugé sulfureux, encore à l'aube des années 60. Alors pensez, D.H. Lawrence et ses retentissants procès… 1955… France très catholique… C'était un peu couru d'avance, non ?

Mais quoi qu'il en soit, je dis bravo à l'exploratrice qui teste toutes sortes de vieux films… nous épargnant du coup de les voir nous-mêmes…


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De Impétueux, le 1er avril 2010 à 23:05

Je remercie aussi Gilou40 de son exploration sans préjugés de nos tréfonds cinématographiques et de ses mises en garde. Je n'aurais sans doute pas spontanément acquis l'amant de lady Chatterley, pour la double raison (dont chacune se suffit à elle-même) que Marc Allégret est rarement bon et que le roman de D.H. Lawrence, les émois d'adolescent passés, et les quelques pages érotiques feuilletées à la hâte m'a toujours semblé pesant.

Mais bien sûr, si la Lady, c'est Darrieux, ça me fait balancer… Seulement, il faut bien se rappeler que l'actrice n'a jamais, à ma connaissance, montré au delà du raisonnable le moindre pouce carré de sa peau. On pouvait jadis à loisir découvrir Edwige Feuillère, Arletty ou Viviane Romance extrêmement déshabillées, on ne pouvait pas en dire autant de Darrieux (ou de Morgan, d'ailleurs).

L'amant de Lady Chatterley a servi d'exutoire sensuel à prétexte littéraire à des générations et ça a souvent suffit à montrer des actrices dénudées ; en l'espèce, ça tombait à plat…


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De traversay, le 11 avril 2010 à 22:59
Note du film : 1/6

Une adaptation sage, normal pour l'époque, mais surtout insipide au possible. Aucune sensualité et une psychologie lourde, mais lourde ! Danielle Darrieux est une très bonne actrice mais une mauvaise Lady Chatterley. Pour tout dire, la scène la plus forte du film est celle où le garde-chasse abat son chien.


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