Les deux Maigret que Jean Delannoy a réalisés, celui-ci et Maigret et l'affaire Saint-Fiacre
sont parmi les réussites du genre. Maigret tend un piège
c'est le Paris de 1958, entre les Halles et la place des Vosges, le Marais d'avant la vogue singulière qu'il connaît actuellement.
Maigret tend un piège de Delannoy
sur celui là aussi nous allons encore être d'accord Impétueux
1957 l'année enchantée, celle des 411 millions de spectateurs dans les salles de l'hexagone, est décidément un bon cru.
Paulette Dubost bouchère bien en chair, n'est pas pour me déplaire : un beau brin d'actrice à rajouter à la liste des mythiques.
Jean Desailly est falot comme il faut pour son rôle, Melle Annie Girardot
«de la comédie française» fait ici une de ses meilleures prestations.
Jean Gabin est un Maigret difficilement égalable.
«Touffeur et tremblement oui», mais aussi frisson de plaisir devant un morceau de choix bien ficelé.
Bon polar à voir en humant son café noir.
(Annie Girardot avait fait, derrière Gabin, une figuration dans Le Rouge est mis de Grangier où Ventura apparaissait aussi) .
Figuration, figuration…Même si son rôle est beaucoup plus court et moins consistant que dans Maigret tend un piège, je crois qu' elle a largement dépassé le stade de la figuration dans Le rouge est mis.
Ne serait ce que par la gifle magistrale que lui assène Gabin.
Figuration cinglante !!
Puisque nous évoquons la paire de gifles magistrale que Gabin assène à Annie Girardot
dans le rouge est mis,
scène qui reste dans les annales du cinéma, je me suis amusé à répertorier toutes les gifles célèbres que Gabin
a dispensé pendant sa carrière. Bien sûr, vous pourrez éffacer ce message s'il vous semble peu approprié au sujet.
Le Quai des brumes oû il gifle Pierre Brasseur
avec une violence non feinte, parait'il…"- Et pis t'es tout pâle, tu perds tes arêtes ! Ah t'es pas beau à voir j'te jure !!-"
Remorques et c'est Jean Marchat,
le mari de Michèle Morgan
qui s'en prend une bien sentie !
Touchez pas au grisbi oû le trio Jean Riveyre, Dora Doll,
Jeanne Moreau
s'en mange plusieurs à tour de rôle ! "-On t'a d'mandé quelque chose à toi ?!!-"
Des gens sans importance oû sa fille Dany Carrel
regrette amèrement d'avoir ouvert le courrier de son père !
Le cave se rebiffe et c 'est Frank Villard
qui mange ! ''"-Et ça, c'est une surprise ??!-"''
Du rififi à Paname oû il claque très sévèrement un demi-sel : -Pour les locdus dans ton genre, je suis MONSIEUR Paul Bergé !-" (Ma préférée !!)
Le Soleil des voyous et c'est Paul Bisciglia, petit malfrat qui ose vendre de la drogue chez son Gabin
de pâtron, qui s'en prend une inoubliable !
Il doit y en avoir d'autres qui m'échappent. Mais le débat est ouvert…
Je viens de revoir ce moment de pur bonheur cinématographique pour la millième fois, ce qui ne manquera pas de déplaire à ceux qui n'en peuvent plus que l'on puisse re-re-re-parler de ces immenses films. Mais tant pis. Et comme je n'ai pas trop les mots ce soir, je m'en vais vous faire profiter d'une bien belle phrase que j'ai chopé sur un fort vieux canard qui parlait de ce film :
C’est l’atmosphère du Paris des années 50, ses appartements soigneusement rangés, où la vie semble s’écouler comme figée à jamais, où les secrets sont gardés dans les tiroirs de lourds buffets, avec ses concierges et ses habitants qui assistent à la reconstitution d’un crime comme à un spectacle…Et puis tant que j'y suis, je fais remarquer à l'aimable assistance que mes différentes interventions sur ce fil risquent de faire dire à certains : "-Ce pauvre Tamatoa, ça ne s'arrange pas : Il se fait les questions et les réponses !-". Je tiens à rappeler que je discutais avec feu Alholg qui, tel le docteur Petiot disparut en emportant ses bagages…
Énormément de qualités effectivement pour cette adaptation d'un roman de Simenon réalisée en 1958. Le style légèrement guindé et compassé de Delannoy (cf dialogues typés années 1950 et datés) sert paradoxalement le sujet et décrit fort bien tout un monde urbain disparu, ses personnages pittoresques et ses classes sociales de l'époque. Gabin, faramineux, tire le film vers le haut, mais les autres acteurs l'entourent parfaitement.
Des scènes mémorables : l'entrée de Gabin dans la boutique du boucher, par exemple, qui rappelle une scène de M le maudit, accompagnée par une musique inquiétante; ou la rencontre de Gabin avec le couple Girardot-Desailly dans un espace lumineux complètement différent du précédent. Le scénario crée un épais mystère, distille des indices, sollicite l'imaginaire du spectateur, et tient celui-ci en haleine pendant deux heures.
Et les trois Maigret, dont il ne faut retenir que les deux premiers, ceux tournés par Jean Delannoy, le troisième, Maigret voit rouge,
réalisé par Gilles Grangier,
ne méritant qu'un voile pudique.
En comptant ses avatars télévisés, ceux de Rupert Davies, de Jean Richard (profondément méprisé par Simenon)
et de Bruno Crémer,
le plus célèbre commissaire de la littérature a été interprété par une douzaine d'acteurs avec des succès et des talents divers.
En revanche je peux dire tout le mal que je pense du jeu d'Albert Préjean, qui vocifère et gesticule dans trois films : Picpus
et Les caves du Majestic
de Richard Pottier,
Cécile est morte
de Maurice Tourneur.
Me demander, aussi, de ce qu'ont bien pu donner Charles Laughton
(L'homme de la tour Eiffel
de Burgess Meredith)
, Michel Simon
(Brelan d'as
d'Henri Verneuil)
ou, plus tard, Gino Cervi
(Maigret à Pigalle
de Mario Landi). Pourquoi pas ?
Puis Gabin, évidemment. Mais on pourrait dire aussi Gabin
et Audiard
tant le dialoguiste s'en donne à cœur joie et renforce par ses mots l'autorité naturelle de l'acteur.
Il n'y a guère que Jean Desailly que je trouve un peu en retrait : impuissant, certes, ce qui explique bien des choses, il est tout de même un peu trop mièvre pour susciter l'amour exceptionnel que lui voue sa femme.
Naturellement, pour les nostalgiques des troisièmes et quatrièmes rôles, c'est un festival : Olivier Hussenot, André Valmy, Gérard Séty, Jean Tissier,
Guy Decomble,
Daniel Emilfork
… et même Lino Ventura.
Et pour les dames, moins nombreuses, la palme à Lucienne Bogaert –
visage comme on n'en fait plus – presque aussi fascinante et monstrueuse que dans le sublime Voici le temps des assassins,
mais aussi Dominique Davray
Madeleine Barbulée
et surtout Paulette Dubost,
caissière à la cuisse légère, devenue l'épouse de Barberot (Alfred Adam)
le boucher (Ces femmes-là, elles trouvent toujours preneur : tout le monde visite et il y en a un qui finit par acheter).
C'est la morale de l'histoire…
Maigret en s’improvisant psychanalyste, psychiatre, pour faire avouer est extraordinaire. Il fait ressortir le côté enfant refoulé, le côté demeuré d'un homme qui au premier abord semblait bien dans sa peau , à l'aise dans son métier, en harmonie avec sa femme dans une maison confortable. Un homme qui aime son métier d'architecte décorateur. Maigret gratte le vernis et le coupable, Marcel Maurin , craque. Sa mère le considère encore comme un enfant surdoué et Maigret en soulignant le côté enfant des actes de l'accusé,lui fait croire que ses actes ne sont pas graves. C'est l'autre piege du film en quelque sorte…Le premier piege visait à faire ressortir le côté orgueilleux du tueur. Maigret avait alors pris les conseils d'un psychiatre (dans le livre et la version avec Cremer, je ne l’ai pas remarqué dans la version avec Gabin dans laquelle Maigret réagit à l’observation de sa femme qui suppose que le tueur est orgueilleux et doit pavoiser). Dans la version avec Cremer , le psychiatre evoque a Maigret un traumatisme dans l’enfance et l’orgueil chez Moncin . Le tueur, Moncin, est moins bousculé qu’avec Jean Gabin et reste calme .Jean Dessailly dans le rôle de Marcel Maurin dans la version avec Gabin est très convaincant lorsqu’il craque. Il admettra assez facilement avoir écrit la lettre anonyme que Maigret fait passer pour une blague de potache , mais n’avouera pas ses crimes en craquant dans un état second . Maigret, Jean Gabin ,adopte un ton paternaliste et remplace ainsi un père absent, il soulignera à la fin du film le côté mère abusive de la mère de Marcel. Sur l'image ci-après , vers 1 h, la mère de Marcel Maurin est très fière de présenter les œuvres de son fils lorsqu'il était enfant, une grue en meccano (en fait en Trix, 3 rangées de trous) à coté d'une fontaine :
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