Bien que je ne sois pas un adepte des derniers films réalisés par Claude Lelouch, "Le Chat et la Souris
" est un film très intéressant qui je pense s'inscrit parfaitement dans son époque. Exercice de style au départ, Lelouch
nous explique que ce film devait être entièrement tourné en caméra subjective puis cette idée fut abandonnée mais conservée pour quelques scènes afin de brouiller les pistes de cette histoire policière.
Un casting des plus brillants, un film très libre sur fond d'intrigue policière avec quelques scènes d'antologie comme celle où Reggiani et Léotard
mesurent en voiture puis en moto le temps qu'aurait mis le présumé meurtrier du mari de Morgan
(elle-même soupçonnée) entre un cinéma des Champs Elysées et le lieu du crime. Succession de plans sur la route avec caméra fixée à l'avant du véhicule pouvant évoquer le début de "A bout de souffle
", "Bullitt
" et peut-être "Solaris
" (d'Andreï Tarkovsky).
A noter d'ailleurs l'apparition de l'acteur Yves Afonso
aux allures de Belmondo.
Et puis ce générique vertigineux qui rappelle "La Mort aux Trousses
" (Hitchcock)
(le dessin des lignes croisées à partir desquelles l'image prend forme) et "La Nuit
" (Michelangelo Antonioni)
avec ce plan magnifique à l'intérieur d'un ascenseur de chantier grimpant au sommet d'un grand immeuble moderne avec la Tour Eiffel en fond.
J'aimerais aussi beaucoup revoir "Le Voyou" (1970) du même auteur.
Pour ceux qui ne posséderaient pas le DVD, Le chat et la souris, rarissime à la télévision, sera diffusé en hommage à Michèle Morgan,
ce vendredi 13 Janvier à 22h30 sur France 3 !
Moins abouti que certains Lelouch : La bonne année,
Le voyou,
L'aventure c'est l'aventure,
Attention Bandits,
ça demeure quand même l'un de ses meilleurs films. Le film vaut surtout pour la qualité de l’interprétation de Serge Reggiani,
Michèle Morgan
et surtout Philippe Léotard
excellent dans un rôle secondaire.
Je l'ai revu avec grand plaisir. Excellent passage ou Michèle Morgan découvre dans un restaurant réputé un clou au milieu de son gâteau.
Décidément Claude Lelouch aura tourné moins d'une dizaine de bons films sur cinquante ans de carrière. A l'inverse par exemple d'un Chabrol
il n'assume pas qu'on le lui dise !
Pour autant, ce film est excellent ! Pour la scène du clou dont vous parlez, peut-être savez vous que le fou-rire de Morgan n'était pas prévu dans le scénario et que Lelouch l'a gardé au montage. La vie privée du petit flic Reggiani
est minutieusement fouillée et on se plait bien à le regarder vivre face aux pitreries bourgeoises qu'il a à affronter. Le chronométrage en voiture et en moto du parcours que l'assassin est censé faire à vive allure dans les rues de Paris est assez spectaculaire. Il donna, l'année suivante, à Lelouch,
l'idée de réaliser un court-métrage intitulé C'était un rendez-vous
où on assiste à la traversée de Paris à bord d'une voiture avec des pointes à 230 k/h. La séquence fut d'abord effectuée à bord d'une Ferrari pour la bande son, puis une deuxième fois avec d'une Mercédès 450, suspensions oblige, pour une meilleure qualité d'image, la caméra étant posée sur le pare-choc avant.
Le chat et la souris est à mon avis un des meilleurs films de Lelouch
. L'intrigue y est tordue à souhait mais permet au cinéaste d'aller fouiner, à son habitude, dans les personnalités profondes de ses acteurs. On a plus l'impression que c'est lui qui jouent avec eux que le contraire. Tous semblent se prêter à ses divagations comme une famille attentive autour d'un enfant malade. Et cela donne cette sensation de "décousu" très agréable. Les scènes chez le préfet en sont un exemple frappant. Cette caméra qui tourne autour des protagonistes sans que jamais on voie la tête de Jacques François
qui parle est une trouvaille assez géniale. Lelouch
se fait plaisir et c'est quelques fois à se demander s'il fait du cinéma pour lui ou si il lui arrive de penser que son film va être vu. C'est le style Lelouch
! Mais ça marche ! Même si on ne peut pas parler de thriller de génie, ce polar très honorable ne démérite pas, à mon avis, dans la filmographie du cinéaste. Et puis tiens : je monte ma note, na !
5/6 ? Vous y allez quand même un peu fort pour ce qui n'est qu'un tout petit film… Sympathique ; mais petit !
Pas l'savoir !! Et si vous insistez, je demande à notre ami Vincentp comment on écrit Chef-d'oeuvre à la place de la note ! Il a l'habitude, lui .
Récemment Lelouch m'a quand même pas mal déçu lorsque j'ai acheté pour pas cher le film Robert et Robert
avec un casting en or : Denner,
Villeret,
Brialy,
Régine… C'était d'une fadeur ! Pourtant le sujet grave et sociétal du commerce de l'amour à travers les agences matrimoniales avait tout pour permettre de faire un bon film, comédie ou pas. De la musique, jusqu'à la réalisation tout y est gâché.
On ne peut pas dire que Le chat et la souris soit un film désagréable à regarder, mais c'est tout de même bien foutraque, bien mal fichu, bien oubliable. Les acteurs sont en parfaite roue libre, paraissant s'amuser un peu (Michèle Morgan)
, beaucoup (Serge Reggiani)
ou pas du tout (Philippe Léotard)
, tout au cours d'une histoire emberlificotée mais qui, paradoxalement, manque de toute fantaisie.
Encore une critique, assez grave pour moi qui suis un défenseur acharné du cinéma des seconds rôles, qui m’ont toujours paru donner de la substance, de l’épaisseur, de la densité aux films, trop souvent squelettiques sans eux. Lelouch en emploie beaucoup dans Le chat et la souris
: Michel Peyrelon,
toujours gluant, Jacques François,
toujours froid, Vernon Dobtcheff,
toujours inquiétant ; il utilise même, en guest stars, Jean-Pierre Aumont,
Judith Magre
ou Valérie Lagrange,
qui avait à l'époque une petite réputation de comédienne et de chanteuse. Et malgré cela le film flageole, vague, cahote au milieu de séquences rarement maîtrisées.
Enfin ! Tout cela est bien terne mais permet de constater une fois de plus que Serge Reggiani avait dépensé tout entier le mince talent dramatique qui lui avait été dévolu par le Créateur en une seule fois dans Casque d'or,
que Michèle Morgan
aurait mieux fait, après Quai des brumes
de se consacrer à de la publicité pour le Mascara ou les lentilles de contact et que Philippe Léotard
aurait mieux fait de moins boire. Nil novi sub sole.
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