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Critique


De dumbledore, le 1er décembre 2003 à 13:26
Note du film : 6/6

Si une histoire des séries américaines devait être écrite en citant moins de 20 noms, Steven Bochco serait l'un d'eux et cette série serait mise en avant dans l'œuvre du prolifique scénariste-producteur. Cette série est sans nul doute une des plus belles, des plus complexes qu'a connu le monde des fictions télé. Il ne s'agit pas vraiment d'une série conventionnelle pour plusieurs raisons. D'abord par les thèmes abordés et l'univers décrit. On est loin de Starsky et Hutch (série TV) où l'on retrouve une quelconque héroïsation des flics. Non, ici les flics sont crédibles, confrontés comme tout un chacun à des problèmes personnels et professionnels. Et s'ils sont héroïques, cela arrive de temps en temps et toujours par hasard, moins comme des conséquences de ce qu'ils sont que comme des conséquences des petits tours que la Vie peut jouer. Cette série est également atypique parce qu'elle institutionnalise ce que l'on pourrait appeler une "série feuilletonnante". Chaque épisode est centré sur un ou deux cas qui sont réglés à la fin de l'épisode (principe de la série) et chaque épisode est également l'occasion de faire avancer les personnages (feuilleton). La troisième innovation de la série concerne sa réalisation. Caméra épaule dans un style reportage, montage très elliptique, utilisation de panoramique filé. Tout ce style très cohérent avec le thème réaliste de la série a été ensuite totalement imité, jamais égalé, notamment dans la réalisations de séries française.

Tout cela a fait de cette série, une des très grandes séries de la télévision. Elle est actuellement à sa dixième saison et continue…

SAISON 1

Dès les premiers épisodes, le style est là : caméra épaule, montage très énergique et très efficace. Les personnages trouvent rapidement leur place. Pendant deux épisodes, ceux qui vont former le couple phare de la série sont séparés et tentent d'arranger les choses pour pouvoir travailler ensemble.

Le temps nous est alors donné de comprendre leurs personnages. D'un côté, John Kelly, la tête, très réfléchi, très maître de lui-même et droit comme un i. De l'autre côté, Sipowicz, tout l'inverse. C'est le corps – et quel corps – réagissant de manière empirique, par coups de gueule. Les deux comédiens sont formidables. David Caruso minaude un peu mais passe l'épreuve. Denniz Franz, lui, est épatant, campant un personnage formidable d'humanité, digne dans ses pires moments. Nul doute, c'est lui le vrai héros de la série !

Le feuilleton qui traverse tout l'épisode est double et concerne ces deux personnages et plus exactement le dilemne qui leur est propre : John Kelly vit une histoire amoureuse avec une flic qui a trempé dans la mafia. Comment va-t-il réussir à garder son sens professionnelle ? A l'inverse, ancien alcoolique, Sipowicz tente de garder la tête hors de l'eau, ou hors de l'alcool, comme chacun veut.

Paradoxalement, il n'y a pas d'épisodes particulièrement forts dans cette première saison, ou plutôt aucun épisode ne sort du lot. Tous sont au même niveau… mais quel niveau!!

Cette saison est aussi l'occasion de voir d'autres "stars" de la télé, à savoir le docteur Susan Lewis (Sherry Stringfield) d'Urgences (série TV) et David Schwimmer de Friends (série TV).

SAISON 2

Pour leur seconde saison, les producteurs étaient confrontés à un problème toujours très délicat : la déflection prévue du personnage principal, à savoir John Kelly. L'habitude en la matière est de le faire disparaître de façon brutale, dramatique et spectaculaire. La seconde saison commence sur quatre épisodes consacrés au départ de David Caruso. Le coup de force de la série est de réussir à le faire partir par 'évaporation'. Les épisodes littéralement effacent peu à peu le personnage en développant les personnages « secondaires » à savoir Sipowicz, le commissaire ou bien encore Medavoy. Si bien que lorsqu'on apprend son transfert, on n'en est pas vraiment choqué ni même déçu… Etonnant.

Un clou chasse l'autre, un casier est vide dans le commissariat et arrive Bobby Simone. Celui-ci est construit à l'opposition de Kelly. Il est qualifié très vite de « lent », à savoir qu'il ne brusque pas les suspects. Il semble également très ancré dans la loi, ne la contournant pas comme le faisait le Lt. Kelly et ne pose pas non plus un regard un peu trop moral sur tous ceux qui l'entourent comme le faisait également Kelly. Simone est également chargé d'un passé (comme il se doit) : il a perdu sa femme d'un cancer et voue une passion pour les pigeons. Le comédien, Jimmy Smits tient bien la route dans un personnage finalement assez quelconque – du moins pour l'instant.

L'espace étant libre, c'est Sipowicz qui devient (mais ne l'a-t-il pas toujours été) le personnage principal d'une grande partie de la seconde saison. Dennis Franz dans le rôle de Sipowicz est réellement impressionnant, exploitant parfaitement le personnage qu'il a créé la saison précédente. Sa création est d'une rare complexité : personnage tout à fait attachant, sorte de gros ours mal léché, dépressif et bagarreur, timide et complexé. On peut dire sans hésiter que si Kelly et Simone correspondent aisément à des figures de policiers déjà vues dans l'univers du genre, Sipowicz lui est très original et très complexe.

La mise en scène continue d'être toujours aussi nerveuses, privilégiant caméra épaule et petits mouvements de recadrages qui sont devenu dix ans après un incontournable de la réalisation de série policière (Cf. 24 heures chrono). Un petit glissement commence toutefois à s'opérer et qui va aller pendant un temps en empirant : le fait de rester un peu trop longtemps sur les visages en larmes des victimes des violences sociales. Autant la série est remarquable sur la sobriété de ses personnages principaux, autant on commence à se diriger vers un pathos sur les larmes…

Petit reproche à une grande série et une belle saison.

Les 12 premiers épisodes démarrent donc sur la disparition du Lt. Kelly et son remplacement par le Lt. Simone. Bien évidemment, un épisode traitant l'arrivée d'un nouveau personnage principal est toujours intéressant et c'est le cas avec Retour au sources qui traite de la manière – forcément brusque et touchante – avec laquelle Sipowicz accueille et traite Simone.

De cette demi-saison, il faudra retenir une histoire semi-feuilletonnante qui court sur plusieurs épisodes et qui traite de la violence enfantine qui concerne Simone. A la fois dramatique et efficace, on regrettera peut-être sa résolution un peu trop gentille. Elle est en tout cas plus prenante que celle concernant Sipowicz, même si elle met en scène une des grandes figures du second rôle aux Etats-Unis, Peter Boyle

Un autre épisode vaut également le détour, – L'étrangleur qui permet de lancer nos deux détectives et notamment Simone qui prend enfin réellement ses marques, sur la piste d'un tueur en série, opposant qu'on rencontre peu dans cette série…

Ensuite, on tire les bénéfices des investissements. Simone prend de mieux en mieux sa place dans cette seconde saison. Il rencontre enfin de réels problèmes éthiques (Qui a tué Lenny ?) et finit par gagner totalement notre sympathie et notre intérêt pour lui.

Les histoires des personnages se compliquent également. Simone sort avec une journaliste et bien évidemment leurs deux métiers rentrent en concurrence. Medavoy devient jaloux et soupçonne la belle secrétaire blonde de le tromper. Bref, là rien de très très folichon et très original. Seul le cas Sipowicz fait exception avec une demande en mariage bien difficile à assumer et qui court jusqu'à la fin de la saison pour constituer le cliffhanger de la série.


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