Ce qui est réellement à déplorer, dans le cas de ce genre de films, c'est qu'une version anglophone existe, notamment disponible aux Etats-Unis, sans que la version originale le soit chez nous.
Il est également dommage que ce film, qui fut l'un des derniers Raimu, ne bénificie pas d'une publicité plus conséquente, notamment, par exemple, par le biais du CINEMA DE MINUIT ou du CINECLUB de Fr2.
Que c'est embêtant de critiquer un film de Duvivier ! Voilà quand même un nom qui figure en lettres d'or, même si son registre fut des plus sombres, au panthéon des grands cinéastes. Il y a des noms, comme celui-là, annonceur de beau, d'intense cinéma. De celui qui nous transporte de belle façon. Hélas, il nous faut bien reconnaitre que cet Untel père et fils
est bien loin de nous faire ressentir ce frisson que la signature prestigieuse avait l'habitude de déclencher.
Il est clair que Duvivier a voulu nous offrir une grande fresque. En voulant relater les ravages de la guerre sur plusieurs générations d'une même famille, Duvivier
a voulu peindre Guernica de Picasso
mais nous a offert Le Salut de Chagall. Vous me direz que c'est déjà pas mal, mais visiblement, ce n'était pas le but initial. Disons le tout net : C'est bâclé. Nous ne sommes quand même pas dans la "tâche" du cinéaste intitulée Diaboliquement votre,
mais c'est quand même un râtage . Ce film, tourné en 1940, ne sortira sur les écrans Français qu'à la fin de la guerre. Entre temps, Duvivier
aura commis quelques films outre-Atlantique, parenthèse qui passa inapercue dans sa filmographie, à part peut-être le généreux Tales of Manhattan.
Est ce l'approche de cet exil qui fit tant hésiter Duvivier
dans l'accomplissement de son Untel père et fils
? Car il y a quelque chose de marquant dans ce film. Pour qui prend l'oeuvre en cours de route, on pourrait jurer que c'est Renoir
qui est aux manettes ! Renoir
qui aurait demandé à Duvivier
de placer ça et là trois ou quatre scènes bien…."Duviviennes" oû la marque du maitre est indéniable.
Pour reussir ce survol de notre histoire, La Commune, la gloire d' Offenbach, Victor Hugo
au Panthéon, Gustave Effeil et son obsession de construire la Tour Eiffel, Sadi Carnot à l'Elysée, la Bicyclette qui envahie Paris, l'Exposition de 1889 et j'en passe, il aurait fallu trois heures, pour le moins, pour que le cinéaste puisse s'exprimer tout son sâoul. Làs, le temps lui était compté et, si des comédiens de premiers plans font ce qu'ils peuvent pour sauver l'aventure, ce feuilleton de la vie des Froment, pères, fils, petits fils et compagnie à travers les âges ressemble à une bousculade désordonnée. Avec un peu plus de temps, la description pas assez minutieuse de tous les sentiments abordés en aurait été que mieux, bien mieux servie. A peine avons nous le temps de faire connaissance d'un frère que c'est déjà son fils qui est tué, nous renvoyant au même fils de ce dernier, une génération plus tard. C'est presque du Bip!Bip! de Tex Avery.
C'est ennuyeux, décevant, inintéressant. Suzy Prim
porte le film, on peut le dire. Et elle n'est que trop peu employée. Alors que Jouvet
ne fait que de rares apparitions oû il ne donne guère l'impression de s'impliquer, Raimu,
fait passer l'émotion estampillée Duvivier,
celle que l'on attendait mais qui nous est délivrée qu'avec parcimonie. D'autres noms célèbres passent dans cette fresque, trois petits tours et puis s'en vont. Sans intêret ? Sans aller jusque là, c'est peu, c'est plat, c'est insuffisant. Et ce ne sont pas les dialogues de Spaak
et Achard,
en petite forme, qui rehaussent le tout.
Un petit Duvivier. Aussi bizarre que celà puisse paraitre, ça existe. Comme un diamantaire fatigué. Heureusement pour nous, pour le cinéma tout entier, après la guerre, les joyaux refleuriront sous la patte de ce tyran (dit' on ) magnifique…
Que peut-on penser d'un film amputé de 45mn ?
Ce film a été projeté ,à à la cinémathèque française , dans une version de 122mn .
"Amputé de 45 minutes ??"
Elle est bien bonne celle là !! Si c'est vrai, Merci la Gaumont !
Pour "Info", le DVD , par ailleurs de piètre qualité, dure 78 mns . Je ne savais pas ce film amputé, ce qui maintenant explique bien des choses et accredite ma critique . Alors cette édition DVD est une impiété pure et simple ! Quelle bande de sagouins !! Mais même avec 45 minutes de plus, je crains fort que ce soit un peu juste . Cette fresque méritait bien les trois heures accordées aux Enfants du paradisImdb indique que le film dure 113 minutes, mais que la version américaine n'est que de 81 minutes. En tout cas le charcutage est patent…
Mais je gage que si Untel père et fils n'avait pas été amputé d'un large tiers de sa substance, il aurait bien meilleure figure. Seulement ce charcutage aboutit à d'incompréhensibles ellipses ou à des failles béantes du récit. Ainsi, par exemple, la disparition de Pierre Froment (Louis Jouvet)
qui voit la femme qu'il aime, Gabrielle (Renée Devillers)
, se marier avec son frère Bernard (Lucien Nat) en 1889, qui part au loin et qu'on ne retrouve qu'en 1931, en Afrique… Il est vraisemblable que parmi les séquences amputées, il y en a quelques unes qui montrent l'ingénieur colonial qui a passé sa vie à construire ponts et routes essayer d'oublier son amour de jeunesse ; ainsi, peut-être de façon moins visible, la vie du foyer formé par Marie (Michèle Morgan)
, qu'on voit à peine, et Robert (Harry Krimer), presque passée sous silence…
Distribution de qualité, sous les réserves dites. Amusant de noter qu'en 1948 Henri Decoin, dans Les amoureux sont seuls au monde
mariera Louis Jouvet
et Renée Devillers
; mais ça ne se terminera pas mieux…
Toujours est-il que, puisque la version complète de 122 minutes existe et a été diffusée à la Cinémathèque, on se demande pourquoi Gaumont ne l'a pas présentée dans le DVD…
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