Le plus européen des réalisateurs américains ; le plus américain des réalisateurs européens. Martin Scorsese est un petit-fils d'émigrés italiens, né en 1942 à Long Island où il passe sa jeunesse dans le Little Italy new yorkais entre prêtres et gangsters. Attiré très tôt par la peinture, il succombera cependant au charme du septième art en accompagnant son père dans les salles de cinéma, surtout pour y voir des westerns. Dans les années 60, "la nouvelle vague" influence les cinéphiles dont font partie Scorsese et ses amis étudiants de Palma, Coppola… Après quelques courts-métrages, Martin réalise en 1968 son premier film, Who's That Knocking at My Door qui décrit l'évolution d'un jeune italo-américain dans le New York contemporain. A Hollywood, il se voit confier par Roger Corman la mise en scène de Boxcar Bertha, un polar interprété par le duo Barbara Hershey et David Carradine, largement inspiré par Bonnie & Clyde. Il enchaîne aussitôt avec Mean Streets avec Harvey Keitel et un inconnu nommé Robert de Niro. Le film remporte un grand succès à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Le réalisateur illustre le thème de la seconde chance avec Alice n'est plus ici, l'histoire romantique d'une jeune veuve qui veut se lancer dans une carrière de chanteuse. Ellen Burstyn, qui incarne Alice, reçoit un Oscar de meilleure actrice dans un premier rôle. Sur un scénario de Paul Schrader (avec lequel il entame une collaboration de quatre films) Scorsese retrouve de Niro et offre un rôle déterminant à une Jodie Foster de 14 ans pour un formidable Taxi Driver couronné à Cannes en 1976 d'une Palme d'Or. Mettant encore en vedette de Niro, New York, New York ne parvient pas à séduire suivi, après deux documentaires (dont The Last Waltz), du percutant Raging Bull tiré de l'ouvrage de l'ancien boxeur Jake LaMotta. Nommé huit fois aux Oscars, il en remporte deux (meilleur acteur, meilleur montage). The King of Comedy est la première tentative de Scorsese dans le genre de la comédie. Il récidive, en ajoutant un soupçon de thriller, avec le très attachant After Hours. Puis, il propose à Paul Newman de retrouver son personnage de "Fast" Eddie Felson dans The Hustler, plus de vingt ans plus tôt, avec The Color of Money aux côtés d'un Tom Cruise tout juste extrait de son cockpit de Top Gun. C'est la polémique qui accueille sa Dernière tentation du Christ ; le réalisateur est toutefois nommé pour les Oscars de 1989. Puis il met en scène l'une des trois histoires de New York Stories avec Woody Allen et Coppola. En 1990, Goodfellas est reconnu par la plupart des cinéphiles comme l'une des oeuvres les plus réussies de Scorsese (nommé six fois aux Oscars, Joe Pesci s'octroie celui du meilleur second rôle masculin). Ce n'est pas sans risque qu'il se lance, avec Spielberg en tant que producteur exécutif, dans le remake du Cape Fear de 1962 en y apportant une coloration extrêmement sombre. Film en costumes, The Age of Innocence prouve, dès le début des années 1990, l'intérêt de Scorsese pour l'histoire et les origines de l'Amérique. Casino renoue avec l'univers des gangsters, mais sur une tonalité très différente de celle de Goodfellas tous les deux tirés du même auteur, Nicholas Pileggi. Etonnant cinéaste des religions, Scorsese consacre un film au Dalaï Lama, Kundun avec beaucoup de délicatesse et d'humilité. Bringing Out the Dead avec Nicolas Cage et Patricia Arquette est probablement le film le moins convaincant de la filmographie du réalisateur. Gangs of New York est tout à la fois, la nième marque d'amour de Scorsese pour sa ville natale et une fresque éblouissante mais un peu décevante (malheureusement écourtée par la production !) sur certaines convulsions peu connues qui ont contribué à la naissance des Etats-Unis modernes. Le tournage actuel d'un film sur certains aspects de la vie d'Howard Hugues, The Aviator, est la preuve supplémentaire que, chez Scorsese, le cinéma peut se nourrir artistiquement du cinéma. Enfin, érudit qui sait communiquer sa passion du septième art de manière peu conventionnelle, Scorsese est l'auteur de documentaires précieux sur le cinéma américain et italien. Il est aussi acteur, producteur et scénariste. AlHolg

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''<u>Récompenses</u> : "Palme d'or" 1976 pour Taxi Driver "Palme du meilleur réalisateur" 1986 pour After Hours "Lion d'argent" 1990 pour Les Affranchis BAFTA 1991 des meilleurs film, réalisation et scénario adapté pour Les Affranchis "Golden Globe" du meilleur réalisateur 2003 pour Gangs of New York "Grammy Award" 2006 du meilleur long métrage vidéo pour No Direction Home: Bob Dylan "Golden Globe" du meilleur réalisateur 2007 pour Les Infiltrés''