Il faut croire que la boxe est un sport cinématographique tant elle a inspiré de grands films: Raging bull de Scorsese, Nous avons gagné ce soir de Robert Wise, Gentleman Jim de Walsh en constituent sans doute les meilleurs exemples…
Sans parler de ce Fat City du père Huston, produit dans à l'une des époques les plus intéressantes de sa carrière. Et il est bien dommage que Columbia n'ait pas daigné sortir ce chef- d'oeuvre en zone 2 !!!
Ici, il s'agit d'une autopsie incroyablement lucide et féroce de la misére humaine dans les sociétés occidentales et le presque septuagénaire Huston pose un regard d'une étonnante fraîcheur sur diverses tares: la précarité,la solitude,l'alcoolisme,l'ennui notamment dans cette scène étonnante du début où Stacy Keach reste allongé sur un lit, sans savoir quoi faire. Et en filigrane, l'obsession qui a permis d'identifier Huston comme un auteur à part : l'échec, vu à travers le sort de deux paumés, magnifiquement interprétés par Stacy Keach et Jeff Bridges.
Ajoutez à celà une photo superbe et vous avez un film majeur où le vieux singe Huston peut montrer au Nouvel Hollywood, comme un Aldrich ou un Fleischer que ce n'est pas à lui que l'on apprend à faire la grimace.
Je l'ai déjà en Zone 1, mais je vote par solidarité pour que vous ayiez en zone 2 ce film qui est un des sommets de la (courte) saison du réalisme à l'américaine, dans la lignée de films comme The Rain People, I Walk the Line, Thieves Like Us ou Scarecrow. Dans la même veine, Huston réalisera vers la fin des années 70 l'extraordinaire et (me semble-t-il) méconnu Wise Blood. (Par contre parmi les films sur la boxe je me dois absolument d'ajouter "La Nobile arte", sketch final des Monstres !)
Voilà. Tous les ingrédients sont dans la marmite et il suffit de les touiller avec soin pour faire avancer l'histoire. L'histoire évoquée un peu plus haut, des combats de boxe sauvages. Bien que John Huston ait été lui-même un ancien boxeur, il ne ménage pas ce sport : délicieux échange entre les deux vieux de la salle, Ruben et Babe, deux anciens qui en ont pris plein la gueule : échange sur les blessures, les yeux, la gorge, le nez… tout ce qui a bien abîmé les corps, ce qu'ils ne regrettent pas, qu'ils ont même admis en contrepartie de l'adrénaline du combat… Étrange, non ?
Il n'y a pas lieu de conter les péripéties suivantes : la sauvagerie hurlante des combats, les arcades sourcilières qui éclatent, la sidération ressentie après la grêle des coups qui fait qu'on ne sait plus qui on est, où on est, si l'on a gagné ou si l'on a perdu. C'est la boxe, c'est la misère humaine dans ce qu'elle peut avoir de plus pathétique puisque chacun y est volontairement soumis, acteurs, profiteurs de tout acabit, spectateurs aux yeux exorbités à la vue du sang et du knock-out.Rien à voir avec la corrida. Là, les victimes sont des hommes, ce qui n'a rien à voir.
Page générée en 0.0043 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter