Avec In the cut, Meg Ryan explose son image de poupée blonde gentille mais un peu caractérielle. Elle se dévoile dans tous les sens du terme, acceptant même des scènes de nudités pas toujours (alors qu’elle approche des 45 ans). Elle incarne surtout un personnage très noir, très torturé, frustrée et pervers (la scène de voyeurisme, le plaisir qu’elle prend à cotoyer des milieux chauds et de tomber amoureuse d’un flic qu’elle croit être un assassin). Avec ce personnage complexe et chargé s’il en est, son plus beau rôle sans nulle doute, Meg Ryan prouve définitivement qu’elle est une des grandes actrices sur laquelle Hollywood peut compter. Et non plus maintenant pour des rôles de midinettes mais des rôles de femmes mûres.
L’autre femme de ce film, c’est bien évidemment Jane Campion. On retrouve ici dans le personnage incarné par Meg Ryan les mêmes caractéristiques autobiographique des personnages de ses premiers films Sweetie et Un ange à ma table. Le générique est d’ailleurs d’une remarquable clarté et d’une réelle beauté. Il s’agit de la chanson « Que sera sera » (entendu notamment dans l'homme qui en savait trop chanté – et criée – par Doris Day) qui incarne parfaitement le conte de fée que le monde adulte impose à l’enfant (Tu seras belle, intelligente, tu te marieras avec un homme beau, etc). Seulement cette chanson est orchestrée avec une musique décalée, presque fausse. Le tout sur des images très secouée de New York. Voici le rêve que le personnage a entendu (et elle en racontera un autre, celui du coup de foudre de ses parents) et voici le monde dans lequel elle doit vivre. La violence de la société décrite ici, la cruauté des rapports hommes femmes et l’inconscient destructueur du personnage féminin sont la patte incontournable de la réalisatrice qui signe ici un des films les plus maîtrisés visuellement qu’elle nous ait donné à voir. Un des plus osé également dans le filmage, avec notamment une utilisation de filtres très systématique et qui fait mouche souvent.Attention, il s’agit d’un film très violent, très dur, à ne pas mettre sous les yeux de n’importe qui…
C'est curieux, mais je n'ai absolument pas ressenti le film de cette façon. Je l'ai trouvé maniéré, trafiqué, assez prétentieux dans son ignorance des lois du genre. Hormis quelques filtres fatigants à l'oeil et des répliques "crues", en quoi le scénario est-il si différent des thrillers sexuels des eighties ? Combien de fois a-t-on vu ce flic soupçonné mais finalement innocent ? A quoi sert la fausse piste bâclée de Kevin Bacon ? Le meurtre de la soeur est si prévisible… C'est une enfilade de clichés, de lieux-communs, habillés d'un revêtement chic "film d'auteur". La démarche de Campion me fait penser, toutes proportions gardées, à celle de Catherine Breillat.
Il est possible que je sois passé à côté du film, mais cette première vision me laisse un sentiment d'arnaque.
Je crois que même "toutes proportions gardées", on ne peut comparer Campion et Breillat. Déjà par le simple fait que l'une est une cinéaste digne de ce nom et l'autre une baudruche. Et ensuite parce que l'une a le courage de faire un cinéma de "pirate" (pour reprendre le terme de Scorsese dans son doc) alors que l'autre est une apparatchik de la culture du moment.
Je comprends toutefois que l'on puisse adhérer ou non au film In the cut. J'ai eu la chance que ce soit mon cas et j'ai la chance d'y trouver des qualités. Les clichés dont vous parlez me semblerait plus attachés au cinéma français qu'aux films américains, et encore. Comme on dit "il vaut mieux partir de clichés que d'y arriver".
Encore une fois, il ne faut pas oublier où et quand le film s'est fait.
Le film m'a fait voir un autre aspect de la dimension du desir, si vous en connaissez qui soient a l'echelle de ce film, dites-moi lesquels. car etant une fille assez romantico-cynique, l'ambiance de ce film m'a laisse par terre. je n'aurai pas ose le regarder avec des amis tellement c sensuel. de la cite des anges a in the cut, meg ryan a fait une totale transformation qui m'a epatee. pour moi l'interet de ce film reside dans la magnifique interpretation des personnages qui gardent une grande part de leur mystere. il peut deranger autant qu'il peut plaire. une question toutefois, a la fin le policier menotte perd-il son sang ou il a renverse quelque chose?
mais le polar en lui même fait-il l'intérêt du film???
J'ai trouvé que contrairement à la plupart des films actuels qui au nom de la recherche d'un réalisme accru négligent le travail esthétique (ou le laissent penser).
Si l'intrigue policière n'a en effet pas de grand intérêt (le flic se préoccupe plus de savoir dans quelle position prendre Meg Ryan que de trouver le meurtrier) la recherche purement cinématographique (des couleurs, profondeur de champ, netteté de l'image etc) doit être saluée…
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