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Forum : In The Cut

Sujet : Une révélation


De dumbledore, le 6 janvier 2004 à 10:31
Note du film : 6/6

Une grande actrice se dévoile. Meg Ryan est un cas d’école en matière de comédien. Cantonnée dans des rôles de comédies romantiques, Meg Ryan a bâti sa carrière sur un minaudage charmant pour certains, exacerbant pour d’autres, mais un jeu similaire quelque soit le film : Quand Harry rencontre Sally, French Kiss, Nuits blanches à Seattle, Vous avez du courrier pour aboutir au pire de ses films, Kate & Leopold où elle joue encore les midinettes alors que l’âge se sent derrière tous les gros plans trop filtrés ou trop sur-exposés. Rien dans sa carrière laissait percevoir une grande comédienne ? Si, deux films : Flesh and Bone tragédie terrible dans lequel est joue une jeune femme brisée et surtout un rôle d’alcoolique dans Pour l'amour d'une femme.

Avec In the cut, Meg Ryan explose son image de poupée blonde gentille mais un peu caractérielle. Elle se dévoile dans tous les sens du terme, acceptant même des scènes de nudités pas toujours (alors qu’elle approche des 45 ans). Elle incarne surtout un personnage très noir, très torturé, frustrée et pervers (la scène de voyeurisme, le plaisir qu’elle prend à cotoyer des milieux chauds et de tomber amoureuse d’un flic qu’elle croit être un assassin). Avec ce personnage complexe et chargé s’il en est, son plus beau rôle sans nulle doute, Meg Ryan prouve définitivement qu’elle est une des grandes actrices sur laquelle Hollywood peut compter. Et non plus maintenant pour des rôles de midinettes mais des rôles de femmes mûres.

L’autre femme de ce film, c’est bien évidemment Jane Campion. On retrouve ici dans le personnage incarné par Meg Ryan les mêmes caractéristiques autobiographique des personnages de ses premiers films Sweetie et Un ange à ma table. Le générique est d’ailleurs d’une remarquable clarté et d’une réelle beauté. Il s’agit de la chanson « Que sera sera » (entendu notamment dans l'homme qui en savait trop chanté – et criée – par Doris Day) qui incarne parfaitement le conte de fée que le monde adulte impose à l’enfant (Tu seras belle, intelligente, tu te marieras avec un homme beau, etc). Seulement cette chanson est orchestrée avec une musique décalée, presque fausse. Le tout sur des images très secouée de New York. Voici le rêve que le personnage a entendu (et elle en racontera un autre, celui du coup de foudre de ses parents) et voici le monde dans lequel elle doit vivre.

La violence de la société décrite ici, la cruauté des rapports hommes femmes et l’inconscient destructueur du personnage féminin sont la patte incontournable de la réalisatrice qui signe ici un des films les plus maîtrisés visuellement qu’elle nous ait donné à voir. Un des plus osé également dans le filmage, avec notamment une utilisation de filtres très systématique et qui fait mouche souvent.

Attention, il s’agit d’un film très violent, très dur, à ne pas mettre sous les yeux de n’importe qui…


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De Crego, le 3 février 2004 à 17:02
Note du film : 2/6

C'est curieux, mais je n'ai absolument pas ressenti le film de cette façon. Je l'ai trouvé maniéré, trafiqué, assez prétentieux dans son ignorance des lois du genre. Hormis quelques filtres fatigants à l'oeil et des répliques "crues", en quoi le scénario est-il si différent des thrillers sexuels des eighties ? Combien de fois a-t-on vu ce flic soupçonné mais finalement innocent ? A quoi sert la fausse piste bâclée de Kevin Bacon ? Le meurtre de la soeur est si prévisible… C'est une enfilade de clichés, de lieux-communs, habillés d'un revêtement chic "film d'auteur". La démarche de Campion me fait penser, toutes proportions gardées, à celle de Catherine Breillat.

Il est possible que je sois passé à côté du film, mais cette première vision me laisse un sentiment d'arnaque.


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De dumbledore, le 3 février 2004 à 21:57
Note du film : 6/6

Je crois que même "toutes proportions gardées", on ne peut comparer Campion et Breillat. Déjà par le simple fait que l'une est une cinéaste digne de ce nom et l'autre une baudruche. Et ensuite parce que l'une a le courage de faire un cinéma de "pirate" (pour reprendre le terme de Scorsese dans son doc) alors que l'autre est une apparatchik de la culture du moment.

Je comprends toutefois que l'on puisse adhérer ou non au film In the cut. J'ai eu la chance que ce soit mon cas et j'ai la chance d'y trouver des qualités. Les clichés dont vous parlez me semblerait plus attachés au cinéma français qu'aux films américains, et encore. Comme on dit "il vaut mieux partir de clichés que d'y arriver".

Encore une fois, il ne faut pas oublier où et quand le film s'est fait.


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De Lily_Marleen, le 7 août 2004 à 16:42
Note du film : 6/6

Le film m'a fait voir un autre aspect de la dimension du desir, si vous en connaissez qui soient a l'echelle de ce film, dites-moi lesquels. car etant une fille assez romantico-cynique, l'ambiance de ce film m'a laisse par terre. je n'aurai pas ose le regarder avec des amis tellement c sensuel. de la cite des anges a in the cut, meg ryan a fait une totale transformation qui m'a epatee. pour moi l'interet de ce film reside dans la magnifique interpretation des personnages qui gardent une grande part de leur mystere. il peut deranger autant qu'il peut plaire. une question toutefois, a la fin le policier menotte perd-il son sang ou il a renverse quelque chose?


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De siroday, le 13 octobre 2004 à 10:52

mais le polar en lui même fait-il l'intérêt du film???

J'ai trouvé que contrairement à la plupart des films actuels qui au nom de la recherche d'un réalisme accru négligent le travail esthétique (ou le laissent penser).

Si l'intrigue policière n'a en effet pas de grand intérêt (le flic se préoccupe plus de savoir dans quelle position prendre Meg Ryan que de trouver le meurtrier) la recherche purement cinématographique (des couleurs, profondeur de champ, netteté de l'image etc) doit être saluée…


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De Impétueux, le 30 janvier 2021 à 18:25
Note du film : 3/6

Je ne saurais sûrement pas rationnellement expliquer pourquoi il me semble que In the cut est un film de femme fait pour les femmes et même presque féministe. J'enfoncerais des portes ouvertes en rappelant que la réalisatrice est Jane Campion, que l'actrice principale, l'héroïne est Meg Ryan et que le second rôle (et demi) est tenu par Jennifer Jason Leigh ; je serais un peu davantage hardi en remarquant que la sexualité plutôt brutale de cette héroïne va plutôt dans le sens de celles qui pensent que les hommes ne savent pas bien montrer l'érotisme féminin, la vague déferlante du désir féminin, possiblement survenu après des années de frustration.

Sans doute dans une vue un peu plus péjorative, j'insisterais sur un certain goût que j'appellerais décoratif, mais qu'on pourrait sarcastiquement qualifier de goût du joli : c'est très sensible dans les images plutôt mièvres du début du film, cette pluie de pétales qui accompagne Frannie Averey (Meg Ryan, donc) et sa demi-sœur Pauline (Jennifer Jason Leigh) ; ça l'est aussi dans ce qui m'a paru être un abus de tics de filmage (gros plans, usage du flou, ralentis, caméra vagabonde). D'autant que cette joliesse tranche violemment avec la crudité, la cruauté aussi des séquences glauques marquées par la violence du langage, la trivialité de la fellation dans les toilettes du bar Red Turtle, la sauvagerie des meurtres et de la description qui en est faite (le découpage des victimes).

Je comprends bien que Jane Campion institue ce clivage très volontairement de la même façon qu'elle oppose la banalité plutôt médiocre de la vie de Frannie et l'image idéalisée qu'elle se fait de la rencontre et du coup de foudre de ses parents. Mais il me semble qu'il manque une dimension au récit et que la personnalité de l'héroïne n'est pas assez bien sculptée. C'est un fait, elle paraît ab initio sexuellement frustrée, sans qu'on comprenne vraiment pourquoi (mais sait-on vraiment le fond des choses, dans ce domaine ?) et parallèlement elle est absolument fascinée par les aspects les plus sombres de la sexualité ; ainsi le travail qu'elle a entrepris et qui doit aboutir à un livre sur les termes de l'argot new-yorkais, dont la plupart sont à forte connotation sexuelle ; ainsi le regard sidéré et trouble qu'elle porte sur la scène qu'elle surprend dans les toilettes du Red Turtle et à quoi elle ne se dérobe pas du tout ; ainsi la sauvagerie de sa relation amoureuse avec Giovanni Malloy (Mark Ruffalo), le policier chargé de l'enquête sur les assassinats sadiques de filles légères.

Et Giovanni Malloy n'est pas non plus un personnage bien dessiné. On apprend vaguement qu'il est séparé de sa femme (mais vit encore dans l'appartement conjugal, par manque de moyens) et qu'il a trois enfants. C'est à peu près tout. Et on n'en saura pas plus sur les autres protagonistes : la pauvre fille paumée Pauline, demi-sœur de Frannie (Jennifer Jason Leigh), elle aussi décortiquée par le tueur, sur John Graham (Kevin Bacon), le soupirant, l'amant provisoire de Frannie, désormais éconduit ou sur Rodriguez (Nick Damici), le collègue policier de Malloy, dont le rôle est déterminant, mais qui demeure transparent jusqu'à la fin (je ne veux rien spoiler, comme on dit).

En d'autres termes, il me semble que Jane Campion a consacré tous ses efforts à filmer, de la façon dont elle entend le cinéma, une histoire et des personnages qui l'indifféraient, ou à peu près et à quoi elle n'attache qu'une importance secondaire. Il y a des bains de sang ; pourquoi pas ? Je suis occasionnellement amateur de films terrifiants et je peux supporter des images gore ; mais c'est là du cinéma de genre (qui vaut ce qu'il vaut et n'a pas à être méprisé intrinsèquement) ; mais je n'adhère pas vraiment à un film qui tente de mêler sans trop de distance ces images sanguinolentes, une intrigue policière assez banale et l'exploration qui devrait être subtile de l'éclatante survenue du désir.


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