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Sujet : Polar traditionnel ou oeuvre visionnaire ?


De dumbledore, le 4 juillet 2003 à 17:20
Note du film : 3/6

Force of Evil possède toutes les qualités pour faire un bon polar et l'on ne s'étonnera pas de voir que Scorsese s'est investi pour restaurer le film.

Première qualité : la virilité. Celle de son personnage principal bien sûr. Joe Morse en est une bonne représentation. On le voit tout à la fois pourri jusqu'à la moelle, cette pourriture étant même devenue du domaine du réflexe, comme si c'était sa nature. Sa vision du monde est cynique et perverse et sa relation amoureuse dans le film va justement dans ce sens. Seulement, il est affublé également – comme il se doit – d'une part de clarté qui va le pousser à sa propre destruction. Ici ce n'est pas une histoire d'amour, mais une relation familiale qu'il convient de sauver, celle de son frère. La virilité se retrouve également dans la mise en scène. Polonski recourt à la voix off du truand qui permet de gagner du temps dans la narration. Pas de chichi, l'action succède à l'action. On hésite peu, on agit.

La seconde qualité : le rapport aigu entre décors et lumière. Appartements sordides ou luxueux dans lesquels une lumière aiguisée (généralement issue d'une seule source de lumière dans la scène – même s'il y en a plusieurs sur le plateau) rappelle que dans un monde où tout est gris, on passe plus facilement de la lumière à l'obscurité.

Dernière qualité: les personnages féminins. Ici, ils sont un peu effacés, mais on retrouve comme il se doit la vamp (brune) d'un côté (la femme désirante du boss mafieux) et la vierge (blonde) celle qui attire le héros en plein souhait de sauvetage.

Par contre, trop de détails durant tout le film l'empêchent d'être plus qu'un film de genre. Le découpage n'est pas toujours heureux, comme la scène de la police qui débarque dans la banque du frère, ou bien un passage en angle de profil (26ème minute) que rien ne semble justifier. L'histoire est un peu confuse tout comme les motivations des personnages…


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De vincentp, le 14 octobre 2013 à 23:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Un film "remarquable", ultra-réussi dans tous ses composants (mise en scène, scénario, dialogues, photographie, interprétation, montage, musique). Motivations pas très claires des personnages, confusion, certes, mais c'est le sujet même de ce film -pas très facile d'accès, il faut le reconnaître-, broyant les poncifs du film noir pour produire une oeuvre visionnaire, parabole d'une société capitaliste. Les dialogues servent à développer l'intrigue, à caractériser les personnages et leurs relations mais passent aussi en revue habilement des concepts, à toute vitesse, sollicitant fortement le spectateur. John Garfield est exceptionnel dans un rôle très ambigu ; il est parfaitement entouré par toute une série d'acteurs et actrices performants et dirigés impeccablement.

Autres points forts : le rythme du récit, sa part visuelle. Les idées s’enchaînent parfaitement, traduites en images et en sons avec beaucoup de talent. Un univers opaque, trouble émerge progressivement : la société décrite apparaît porteuse d'une violence sourde et contenue, construite sur le principe de tension permanente et de chacun pour soi (pas d'Etat providence)… Je m'excuse d'employer pour la seconde fois consécutive ce terme dans une modeste chronique de quelques lignes, mais j'estime que Force of evil est un "chef d'oeuvre absolu", totalement génial de bout en bout, et très moderne. Du très, très grand art… L'un des meilleurs films que j'ai vu cette année, avec Celui par qui le scandale arrive, L'homme à la caméra et quelques autres (Europe 51,…].


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