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Sujet : Monument classic !


De vincentp, le 11 février 2005 à 20:57
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Film impressionnant.

Meilleur film américain selon Scorcese. Je dirais même plus : meilleur film de tous les temps !

Chaque nouvelle vision ( je le fois une fois par an depuis 10 ans ) permet d'en découvrir les richesses inouies.

Il est dommage que le dvd n'inclue pas le documentaire – exceptionnel – réalisé par Jean Douchet sur le film et qui analyse la forme et le fond du film, en particulier la dimension psychanalytique du personnage de Ethan.

Messieurs les éditeurs, incluez ce documentaire dans un dvd collector pour que un large public puisse en bénéficier ! Il s'agit là d'une mission d'intérêt international, qui intéresserait pas mal de monde !


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De Impétueux, le 11 février 2005 à 21:33
Note du film : 6/6

Moi qui ne suis guère western, je partage ici tout à fait cet avis enthousiaste : grandeur des personnages, beauté infinie des décors naturels, complexité des caractères, tout y est.

En tout cas le meilleur western de tous les temps !


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De vincentp, le 12 novembre 2005 à 19:58
Note du film : Chef-d'Oeuvre

.

Vous êtes donc nombreux sur ce site à reconnaître 'la prisonnière du désert' comme un chef-d'oeuvre admirable. Vous avez fichtrement raison !

Je vous renvoie à trois sources d'informations le concernant :

1) Le livre intitulé 'la prisonnière du désert, une tapisserie navajo', dont l'auteur est le regretté Jean-Louis Leutrat.

L'ouvrage édité chez Adam Biro en 1990 (épuisé aujourd'hui, mais trouvable en bibliothèque ou boutique spécialisée) rappelle que ce film n'a connu aucun succès à sa sortie (JL Godard en dit toutefois du bien en France à l'époque); en 1979 toutefois, un article de New York Magazine relate qu'un grand nombre de réalisateurs et de scénaristes américains de l'époque le placent alors au plus haut, Scorcese et Schrader étant d'accord pour considérer qu'il s'agit du meileur film américain (jugement que je partage).

Leutrat explique le succès tardif du film par l'évolution des mentalités consécutive à la guerre du Vietnam – celle-ci présentant des similitudes avec les guerres indiennes -, et qui met 'the searchers' en phase avec son époque.

Autre intérêt du livre : la traduction des paroles de la chanson des génériques du début et de la fin du film (la VF changeant le sens du générique de fin), des paroles qu'il est intéressant de connaître pour mesurer toute la dimension et la perfection de ce chef-d'oeuvre.

2) Le CD de la BOF, disponible au sein des boutiques spécialisées. Il contient un livret (en américain) qui apporte un éclairage complémentaire sur le film, détaillant notamment les relations de travail entre John Ford et Max Steiner.

3) Le documentaire d'analyse du film réalisé par Jean Douchet (« À la recherche de "The Searchers" », édité par le CNDP) d'une durée d'une heure, dont j'ai déjà mentionné l'existence sur ce site, et qui est franchement renversant par la pertinence et l'intelligence de son contenu (analyse psychanalytique du comportement de Ethan Edwards notamment, analyse de la distribution de l'espace, utilisation de la couleur).

J'ajoute une chose concernant ce film : c'est de mon point de vue le seul film -ou presque – que l'on peut revoir régulièrement sans se lasser, chaque nouvelle vision permettant d'en apprécier son extraordinaire richesse thématique et formelle.


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De vincentp, le 9 juillet 2006 à 20:56
Note du film : Chef-d'Oeuvre

  • Est paru en juin 2006 (en zone 2, Warner) une très belle édition collector (2 dvd) de ce classique avec, outre une remasterisation qui procure une image admirable (notablement supérieure à l'image de l'édition classique):
  • un documentaire sur le tournage du film
  • d'autres bonus dont certains étaient déjà présents dans l'édition classique.

Hanson fait remarquer que le film fut ignoré à sa sortie par les 'académies' et minimisé par les critiques de l'époque : c'est simplement le temps qui l'a placé progressivement à la place qu'il occupe aujourd'hui dans le coeur des cinéphiles, c'est à dire celle des sommets. A noter aussi les remarques pertinentes de ces intervenants concernant le procédé anamorphosé VestaVision, considéré comme un des plus performants dans son genre, et qui permet de distinguer de façon précise des attitudes dans les regards, même pour des personnages filmés de loin.

Une belle édition en fin de compte, pour un prix de lancement relativement modique (20 euros).

  • Pour ma part, je me suis tourné vers l'édition 'Ultimate collector' (ils sont forts, ces américains pour produire des objets attractifs !) sortie uniquement en zone 1, avec des éléments supplémentaires (une bd en mini-format, des photos du tournage film, des reproductions publicitaires de l'époque, et un fac-similé d'un compte-rendu adressé à Jack Warner, suite à une préview organisé au Paramount Theatre le 5/12/1955). Et un poster du film à commander jusqu'au 31/8/2006 mais malheureusement, on ne peut se le procurer que si l'on habite les Etats-Unis. Et les fans européens ?
  • Ces éditions récentes n'enlèvent en rien l'intérêt du fabuleux documentaire sur ce film réalisé par Jean Douchet, édité par le CNDP (voir message précédent).

50 ans après sa sortie en salles, il existe donc les vecteurs permettant d'apprécier à sa juste valeur ce chef d'oeuvre absolu de John Ford !


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De droudrou, le 10 juillet 2006 à 11:03
Note du film : 6/6

Je suis relativement très surpris d'un phénomène qui semble actuellement se développer grâce au DVD : on redécouvre le western, genre qui semblait se déliter de plus en plus. Mais, on le redécouvre au travers d'oeuvres de grande valeur qui appartiennent à l'histoire du cinéma et on s'aperçoit également que le qualificatif générique "western" n'est qu'un terme car ce sont des histoires d'hommes dans le sens le plus fort du terme (pas question de parler machisme) où le décor n'est qu'un emballage.

Je ne rejette pas l'idée de ces grands espaces très photogéniques, mais ils sont un arrière plan de l'intrigue.

Ramener le western à une chevauchée et quelques coups de feu (avec des pistolets et des carabines qui se rechargent seuls) c'est avoir une vision très étriquée d'un genre qui est très riche en "caractères".

Pour revenir à la "Prisonnière du Désert", outre "qu'un plan se déroule sans accroc", j'aime beaucoup ces dernières images où se profile la silhouette de Wayne face à l'immensité de la nature hostile. Toute la tension se relache et on peut penser que l'homme se penche sur l'immensité de la tâche accomplie.

Amitiés à tous.

Pierre


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De droudrou, le 11 octobre 2006 à 17:46
Note du film : 6/6

Sur DVD-Toile nous sommes un groupe de pourfendeurs qui nous plaignons à juste titre de ne pas voir sur le marché un certainnombre de titres qui appartiennent, selon nos avis, à l'Histoire du Cinéma. Dans le cadre de cette politique de redistribution des oeuvres, nous disons : "c'est l'anarchie" "il n'y a pas de politique".

Eh bien, nous pouvons être heureux : désormais, pour améliorer l'anarchie existante, nous avons droit aux rééditions en "DVD HD" et en "Blue Ray". Non seulement nous n'aurons toujours pas les titres attendus mais en plus, nous ne ferons que maugréer un peu plus contre une politique de prix qui sera anarchique au possible et où les notions techniques ajouteront un petit plus qui risque fort de nous agacer passablement…

Le film remastérisé était bien. En DVD HD il sera mieux et en blue ray il sera nettement mieux !… Ensuite, on lira des articles qui nous préciseront que les ventes de DVD neufs marchent mal tandis que les ventes de DVD d'occasion grimperont en flêche…

Impétueux, mon cher maître, je vous cède la parole.


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De PM Jarriq, le 11 octobre 2006 à 18:24
Note du film : 6/6

Je prends la parole avant maître Impétueux, pour m'énerver un peu sur ce désordre éditorial, qui vient à nouveau solliciter nos portefeuilles déjà bien malmenés. Evidemment que The searchers sera plus net, plus lumineux en HD ou Blue-Ray, qu'on pourra compter les poils de nez de John Wayne, et dire de quels oiseaux viennent les plumes des Indiens. Mais pourquoi se précipiter, puisque dans trois ans, les mêmes marchands ricaneront devant ces mêmes produits qui seront soudain dépassés, obsolètes, flous et inaudibles, comparés au nouveau standard qui arrivera déjà dans les magasins ? Cette course effrénée à la surconsommation devient un peu écoeurante, et à vrai dire, je crois qu'il vaut mieux attendre que sortent les premiers hologrammes, et là, on verra carrément John Wayne chevaucher directement dans nos salons. A mon avis, ça ne saurait tarder…


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De Impétueux, le 11 octobre 2006 à 19:19
Note du film : 6/6

Eh bien, mes chers camarades, votre juste ironie a désamorcé ma colère vespérale : je ne puis qu'applaudir des deux mains vos messages, aussi sensés que narquois !

Le malheur est que, tous les trois ou quatre ans, nous entendons les mêmes personnages qui ricanent lorsqu'on leur demande si ce qu'ils veulent nous vendre est vraiment mieux, renouveler, à chaque avancée technologique, leurs certitudes enthousiastes et leurs incitations dépensières…

Et le pire, c'est que beaucoup marchent dans la combine.


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De vincentp, le 11 octobre 2006 à 22:22
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je ne suis pas tout à fait d'accord : on ne peut pas arrêter la course technologique. Le tout est d'en tirer le meilleur parti. La nouvelle version remasterisée de La prisonnière du désert, fruit du progrès, met en valeur le travail de la photographie. On voit ce film mythique avec encore plus de plaisir.

Pour les films anciens, le dvd restera sans doute à jamais le support qui permet d'en tirer le maximum.

Quant au blue ray ou dvd hd, mieux vaut attendre qu'un seul standard s'impose, que les prix baissent. C'est logiquement cette technologie qui servira de support à certains futurs long-métrages à gros budgets.

Le cinéma se diversifie de plus en plus : les supports seront de plus en plus divers (il y a même un festival "ciné-téléphone portable" pour les plus branchés en ce moment), les styles et sujets abordés également. Et avec le temps qui passe, il ne sera plus possible de tout connaître. Donc il y aura des types de cinémas très divers, qui reposeront sur des technologies différentes, pour des publics ciblés.


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De vincentp, le 11 octobre 2006 à 22:39
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je m'excuse auprès de Monsieur Leutrat, que je qualifiais de "regretté". Il semblerait qu'il soit encore parmi nous, d'après Google et Pariscope, venant de publier un ouvrage sur Alain Resnais.


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De vincentp, le 24 octobre 2006 à 23:07
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Annoncé en blue-ray pour le 31 octobre …

Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter alors qu'un grand nombre de films de Ford ne sont pas édités en dvd ? D'autant que la version remasterisée de ce film sortie cet été est de grande qualité.

Une fuite en avant ?


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De gaulhenrix, le 31 octobre 2006 à 00:29
Note du film : 6/6

Je viens de revoir la Prisonnière du désert et quelques remarques me viennent à l'esprit que j'aimerais clarifier… avec votre aide. Entre autres qualités du film, il est un point du scénario qui condense à lui seul la volonté de Ford d'exprimer par les images ce qu'il se refuse à faire dire par les dialogues : la contradiction entre le discours d'Ethan sur Debbie et son attitude finale envers elle. Il commence par vouloir la supprimer parce qu'elle est devenue une Indienne avant, in extremis, de la sauver.

Certains ont parlé de racisme du personnage. Cela ne me paraît pas justifié. Je proposerai une autre interprétation qui a, au moins, le mérite de relier les personnages de Martha et de Debbie à Ethan.

L'attitude d'Ethan envers Debbie peut avoir une double raison.

D'une part, Ethan a aimé (et aime encore) Martha, mais elle n'a pas su être à lui et a, quels qu'en soient les motifs, choisi son frère plutôt que lui. Il ne peut donc qu'éprouver, consciemment ou non, un sentiment de trahison, même injustifié envers elle. Or, précisément, Debbie, dont on peut imaginer qu'il aurait voulu l'avoir comme fille, est celle de son frère, et incarne cette trahison. Ce qui explique l'ambivalence des sentiments d'Ethan (amour/haine) à son égard.

D'autre part, Debbie "a épousé", même contrainte et forcée, la civilisation indienne et le chef Scar, et a, de ce fait, selon lui, "renié" la civilisation blanche. Bref, aux yeux d'Ethan, les situations de la mère et de la fille sont semblables et Ethan revit sans doute, à travers la situation faite à Debbie, ce qu'il avait vécu avec Martha lors de sa trahison. Debbie "abandonne" la civilisation blanche comme Martha "a abandonné" Ethan. Ce débat intérieur et cette oscillation entre l'amour et la haine explique, chez Ethan, son attitude contradictoire : tuer Debbie pour son reniement/la sauver parce qu'elle est le prolongement vivant du souvenir de Martha.

Le choix final s'apparenterait alors à une véritable catharsis – prendre Debbie/Martha dans ses bras et l'inviter à rentrer à la maison – et signifierait qu'en lui le déchirement intérieur est apaisé : son amour pour Martha l'a emporté sur sa haine inconsciente envers elle ; on pourrait même ajouter qu'il a – enfin – accepté que Martha ne l'ait pas choisi, mais lui ait préféré son frère.

Or, vincentp évoque à propos du film, ci-avant, une analyse de Jean Douchet (A la recherche de The Searchers) sur le comportement d'Ethan. Je voudrais savoir, vincentp si ce documentaire propose la même interprétation.


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De droudrou, le 31 octobre 2006 à 07:26
Note du film : 6/6

Je pense qu'il y a chez Ethan un "flash" qui lui renvoie soudain un certain nombre de vérités.

Faut-il vouloir aller si loin ensuite ? Je pense que laisser planer le mystère (aujourd'hui on laisserait planer le Rafale…) n'est pas une mauvaise chose. A chacun son interprêtation de ce très grand moment du film où toutes les passions s'appaisent soudain. Il y a ensuite ce retour à la vie et cette image splendide d'Ethan se tournant vers le désert, la mission accomplie : il est allé chercher Debbie. "The searchers".


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De gaulhenrix, le 31 octobre 2006 à 18:56
Note du film : 6/6

Certes, The Searchers. En l'occurrence, il s'agissait de savoir si l'attitude d'Ethan envers Debbie relevait du racisme, ou si elle ne s'expliquait pas plutôt par ses sentiments complexes avec Martha. Ce qui est tout de même essentiel dans la compréhension du film.

Or, il me revient deux séquences du film qui semblent être en correspondance. On ne dira jamais assez combien Ford, comme tous les grands réalisateurs, laisse à ses images – et par la litote, le plus souvent – le soin d'exprimer la vérité de ses personnages que le spectateur se doit ensuite de décrypter.

La première des séquences se place au début du film lorsque les hommes partent à la recherche des vaches volées. Elle se compose de deux mouvements qui s'enchaînent avec fluidité : d'abord, sont filmés – de dos et dans la profondeur du champ – les cavaliers qui s'éloignent du ranch à la recherche du troupeau volé ; puis, sur la droite de l'écran, au premier plan, Martha et Debbie, d'abord hors-champ, entrent dans le cadre (filmées côte à côte, réunies ensuite quand la mère enlace sa fille) et regardent disparaître la troupe réduite au seul Ethan – le dernier des cavaliers à ne pas être encore sorti du champ. Un plan éminemment allusif qui suggère, bien sûr, l'attachement de Martha à Ethan, mais aussi que Martha et Debbie (Cf. le geste protecteur de Martha envers Debbie) ne sont qu'une seule entité. D'autre part, l'éloignement entre les personnages (au premier plan pour les femmes / en arrière-plan dans la profondeur du champ pour Ethan) peut également annoncer leur séparation définitive, c'est-à-dire leur prochain massacre perpétré par les Comanches au ranch).

La seconde séquence, située à la fin du film, à mettre en perspective montre Debbie poursuivie par Ethan qui, pense-t-on, veut l'exécuter, mais finit par la sauver.

Par rapport à la première séquence, la composition est inversée : cette fois, Ethan ne s'éloigne pas dans la profondeur du champ, mais, tout au contraire, chevauchant de l'arrière-plan du cadre, il s'avance vers le premier plan pour y rejoindre une Debbie effrayée qu'il soulève dans ses bras.

La mise en perspective de ces deux séquences, leur composition inversée, les trois personnages formant en fait deux entités (d'abord, Ethan/Martha-Debbie ; puis, Ethan/Debbie) peuvent donner la clé du revirement d'Ethan : même si Martha est absente physiquement, on peut imaginer qu'elle est toujours présente en Ethan et qu'elle l'inspire encore lorsque, contre toute attente, il se saisit de sa nièce, la prend dans ses bras et lui murmure : « Rentrons à la maison, Debbie. » On pourrait ajouter que, pour lui, Debbie incarne sans doute Martha, comme semble le suggérer, dans le génie de sa réalisation même, un réalisateur inspiré.


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De vincentp, le 31 octobre 2006 à 19:51
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Gaulhenrix, votre analyse est très intéressante. Il me semble que tout a été décrypté à ce jour concernant ce film. Je vous renvoie -ainsi que le spectateur intéressé- au documentaire de Jean Douchet d'une durée de une heure, que j'ai eu la chance de voir au cinéma, et qui analyse La prisonnière du déser selon plusieurs angles (le mouvement, la psychologie des personnages, les couleurs,…).

On peut observer aussi avec le dvd quelques faits et gestes qui passent inaperçus ou presque au cinéma. Exemple : les tapis navajos accrochés devant la porte d'entrée de la ferme, qui apparaissent et disparaissent en fonction des idées du moment. Il y a aussi les symboles de Monument Valley (l'aiguille massive et celle plus fine) qui renvoient aux personnages de Ethan et de de Martin. Et bien d'autres points encore…

Ford n'était pas un théoricien du cinéma, mais savait intégrer de façon intuitive des concepts et des symboles dans des récits, leur donnant par la même une envergure considérable.


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De gaulhenrix, le 1er novembre 2006 à 12:33
Note du film : 6/6

Un grand merci, "vincentp", pour les renseignements fournis. Mais ne pensez pas que tout a été dit sur un film, même maintes fois étudié : le propre d'un chef-d'oeuvre est d'être inépuisable. Chacun, en fonction de sa sensibilité, de ses préoccupations, de sa personnalité, de sa culture, (etc.) peut apporter un nouveau regard et enrichir ainsi l'oeuvre.

Cordialement.


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De vincentp, le 19 décembre 2007 à 11:57
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un ouvrage indispensable vient de paraître sur John Ford : "A la recherche de John Ford", écrit par Joseph McBride, publié par l'Institut Lumière/Actes sud et traduit de l'américain par Jean-Pierre Coursodon.

Une mine d'informations de plus de 1000 pages pour les inconditionnels de John Ford.


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De Gaulhenrix, le 20 décembre 2007 à 18:13
Note du film : 6/6

Je découvre le message, (« Vieux motard que jeunot », comme le professait le commissaire San Antonio), vincentp, et, une nouvelle fois, merci pour l'information.


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De Impétueux, le 20 décembre 2007 à 18:19
Note du film : 6/6

Ouvrage qui bénéficie d'une excellente critique dans Le Monde d'aujourd'hui !


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De vincentp, le 7 janvier 2008 à 23:53
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Voici le texte de la balade traditionnelle présente en introduction et conclusion

Couplet introductif :

What makes a man to wander ? What makes a man to roam ?
What makes a man leave bed and board,
And turn his back on home ?
Ride away (ter)

( Qu'est ce qui pousse un homme à errer, à renoncer au gite et au couvert, à quitter son foyer ? Chevauche au loin…)

Couplet conclusif :

A man will search his heart and soul
Go searching way out there,
His peace of mind he knows he'll find,
But where, O Lord, O where ?
Ride away (ter)

( Un homme partira en quête de son âme et de son coeur, il sait qu'il trouvera le repos, mais où donc, seigneur, ou ? Chevauche au loin…)

Source : La prisonnière du désert, Jean-Louis Leutrat, AdamBiro.


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De vincentp, le 18 septembre 2011 à 23:55
Note du film : Chef-d'Oeuvre

L'image est particulièrement impressionnante en haute définition; les arrières-plans sont parfaitement visibles. Chaque caillou de Monument valley mais aussi les intérieurs des maisons, ou les détails des costumes des personnages. A la 70° minute, seconde 33 à 40, une camionnette guère en phase avec un récit censé se dérouler au XIX° siècle (aspect invisible avec une définition inférieure) traverse même l'arrière-plan… Ce détail n'enlève rien à la qualité de l'oeuvre !


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De vincentp, le 19 septembre 2011 à 21:11
Note du film : Chef-d'Oeuvre

"Le lyrisme, plus large et plus profond, dépasse le sentimentalisme et l'effusion pour s'appliquer à une fonction plus fondamentale du poète, celle du maître du verbe. Le lyrisme serait alors davantage le travail sur les mots, les images, les rythmes et les sonorités, le poète se faisant le truchement des «Voix intérieures» qui l'animent. C'est cet élan créateur qui, passant par une aventure verbale, peut le faire atteindre au sublime (wikipédia).


Cette définition du lyrisme peut s'appliquer à The searchers, à sa construction formelle, à ses développements narratifs. Le sublime est atteint à de multiples reprises, quand John Wayne prend Natalie Wood dans ses bras, lors de la course de Natalie Wood vers John Wayne et Jeffrey Hunter, ou lors de la séquence ultime.

The searchers baigne dans un élan lyrique produit par les éléments constitutifs de son écriture cinématographique (scénario, mise en scène, musique, photographie, interprétation).

Le scénario de Frank S. Nugent, adaptation du récit d'origine de Alan leMay, lequel est construit sur une base thématique proche de celle de Unforgiven, autre récit de leMay. Points communs de ces deux récits : des pulsions violentes de vie ou de mort, façonnant des personnages opérant dans le cadre de la construction difficile d'une nation divisée par des questions ethniques. Un lyrisme représenté pour Unforgiven par l'affiche du film de John Huston, traduisant l'ampleur du conflit émotionnel noué entre les deux personnages principaux de ce récit.


La mise en scène de John Ford, faisant par moments fi de souci de vraisemblance (par exemple, la course de Jeffrey Hunter vers la ferme des Edwards) pour amplifier les émotions des personnages (via des postures sans équivoque et des regards appuyés), les juxtaposer et les téléscoper. Ainsi, Laurie Jorgensen, Martin Pawley, pourtant séparés physiquement, produisent une réaction de colère parallèle, face à des évènements qui s'imposent à eux, alors que dans le même temps Ethan Edwards et Charlie McCorry, également éloignés l'un de l'autre, se moquent de cette réaction émotionnelle de leurs cadets. Les émotions des uns et autres conduisent le récit. La haine de Ethan Edwards, l'amour de Brad Jorgensen, l'affection de Martin Pawley, les mettent en branle à la recherche de Debbie et Lucie. La direction à suivre est donnée par l'indienne Look répudiée par Martin Pawley.


Les émotions des personnages sont appuyées par la bande sonore de Max Steiner. Cette musique est construite autour de quelques thèmes déclinées en une infinité de variations. Elle participe -comme la mise en scène- à la transformation des émotions des personnages en émotions de spectateurs. De très nombreux exemples pour illustrer ce rôle vital de la composante sonore : par exemple l'accueil échevelé réservé par Laurie Jorgensen à Martin Pawley. Ou l'emploi répété -mais modulé- de la cantique "shall we cross at the river" lors de l'enterrement de la famille Edwards et du mariage programmé entre Laurie et Charlie mcCorry.

Façonnant ce lyrisme, une alternance récurrente de choses drôles (parfois des gags, comme la chute à plusieurs années d'intervalle de Martin sur un meuble de la maison des Jorgensen) et graves. Ce récit est positionné en dehors des canons de la tragédie ou du drame. Il s'agit d'éviter l'ennui du spectateur, de le conserver attentif de bout en bout, de développer chez lui des réactions émotionnelles régulières.


La gestion du cadre, aussi. Celle-ci organise les déplacements physiques des personnages sur un plan latéral ou vertical, ou dans le cadre de la profondeur de champ. Des déplacements en trois dimensions utilisant les possibilités offertes par les grands espaces entourant les personnages. Ainsi Natalie Wood dévalant la dune de sable, en diagonale, de la gauche vers le centre de l'image, de l'arrière-plan vers le premier plan occupé par les deux personnages masculins statiques et positionnés face à la caméra. Ceux-ci ne la voient qu'au dernier moment, plusieurs secondes après le spectateur. Ce laps de temps est suffisant pour que le spectateur anticipe une réaction émotionnelle de ces deux personnages, et produise lui-même une émotion. Les déplacements des personnages utilisent toutes les combinaisons géométriques possibles, tel un ballet de danseurs. Ainsi Jeffrey Hunter et John Wayne dévalant à cheval la pente enneigée dans une diagonale inverse de la diagonale précédemment évoquée. Des figures intégrant en leur sein des mouvements différents, et des points complémentaires : au pied des deux pentes citées ci-dessus, une rivière de taille et débit équivalent, séparant le monde des hommes blancs de celui des indiens.


La colorimétrie de l'image est une autre arme utilisée par John Ford pour gérer à la fois son récit et le spectateur. Ainsi la pente de sable orangée, et la pente enneigée et immaculée. Ou bien le passage de l'ombre à la lumière (et vice-versa). Ford crée de véritables tableaux animés, lesquels produisent un effet esthétique susceptible d'agir sur les perceptions mentales du spectateur, notamment émotionnelles, l'installant dans un état sensoriel favorisant sa réflexion par rapport aux faits et gestes accomplis par les personnages du récit.


L'appui logique de la photographie de Winton C. Hoch, montrant les personnages au premier ou second plan, avec des perspectives de plusieurs kilomètres derrière ou devant eux, incorporant les pics rocheux de Monument valley. Cette photographie produit des idées, intégrées dans les thèmes du récit. Ces sommets rocheux semblent par exemple figés entre terre et ciel, façonnés par une dimension temporelle différente de celle qui régit la vie humaine.


L'interprétation des très nombreux acteurs, chacun employé dans un registre différent, incarnant des personnages porteurs d'émotions et sentiments, d'idées et raisonnements, propres à leur âge, leur condition sociale, leur sexe, leur fonction professionnelle. Le puissant et ténébreux John Wayne épaulé par le généreux et naïf Jeffrey Hunter, le chef de bande Ward Bond assisté par l'illuminé Hank Worden … De nombreux personnages féminins, aussi, différents et complémentaires.


L'écriture cinématographique de The searchers confère sur la durée à cette oeuvre une dimension organique. La construction du récit organisé sous forme de boucles circulaires, et l'intégration de la lumière naturelle dans ce récit, confèrent à cet organisme une dimension solaire. The searchers brille comme une sphère solaire qui éclaire notre conscience.


Notre conscience nous amène à apporter des réponses aux questions existentielles posées en introduction du récit.

"What makes a man to wander ? What makes a man to roam ? What makes a man leave bed and board, And turn his back on home ? Ride away (ter)"

Qu'est ce qui amène un homme à quitter son foyer, à chevaucher au loin ?

Ce qui est constitutif de l'être humain : sa capacité à se représenter dans le temps et l'espace, à produire des émotions et sentiments face aux faits du quotidien. Son aptitude à remuer le temps présent, à planifier le futur, seul ou en compagnie d'autres individus. A renoncer à la simplicité d'une vie simple et ordonnée, pour réaliser une quête existentielle.

Nous pouvons aussi partager les solutions proposées par John Ford quant à la meilleure façon d'organiser l'humanité : via une communauté soudée, respectueuse des lois, de règles morales ancestrales, acceptant les différences ethniques ou raciales, pratiquant une solidarité inter-générationnelle, et assimilant en son sein des artistes et marginaux, en ban de normalité sociale.


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De vincentp, le 14 janvier 2012 à 19:16
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il est intéressant d'écouter attentivement la bande sonore composée par Max Steiner pour The searchers, livret du cd produit par "the Brigham young university- Film music archives", à l'appui. Il s'agit-là d'un cd édité avec soin avec le concours d'un organisme spécialisé dans la conservation et la restauration du matériel sonore lié au cinéma.

En 1955, quand Steiner compose la BO du film, il a derrière lui une longue carrière commencée à Hollywood en 1930 avec Cimarron. Au total Steiner (1888-1971) aura composé durant sa prolifique et brillante carrière 250 bandes originales de films (obtenant… 26 nominations aux Oscars dans sa spécialité), sur 35 ans, ce qui en fait à ce jour l'un des contributeurs les plus prolifiques de l'histoire du cinéma. Ses réussites furent innombrables (King Kong, La charge fantastique, Autant en emporte le vent,…). Pourtant, il traverse une période difficile au milieu des années 1950 (sans contrat attitré avec un studio de production depuis plusieurs mois), et semble-t-il c'est l'amitié que lui portait Merian C. Cooper, co-producteur de The searchers qui lui valut le contrat de compositeur pour ce film réalisé par John Ford.

La musique qu'il compose entremêle des thèmes traditionnels du folklore américain (Lorena, thème issu de la guerre civile américaine du XIX° siècle, la ballade de Stan Jones -what makes a man to wander-), des thèmes militaires (dont le Gary Owen) et des thèmes de sa propre composition. Steiner utilise une très grande variété d'instruments (accordéon, cymbales, cor, guitare, piano, flûte, trompette…), et crée des assortiments très élaborés. Variété du rythme, de l'ampleur (simple instrument ou orchestre)… La musique souligne et amplifie les émotions des personnages, participe aux brusques changements de tonalité (aspects dramatiques, comiques, lyriques) qui font la particularité de The searchers. Ainsi, la piste 25 débutant par une fanfare martiale, se poursuivant par quelques notes sourdes, le thème "indian Idyll" associé à "Look" (quand Ethan Edwards découvre les victimes du massacre commis par l'armée), se terminant par le "Gary Owen" (thème militaire associé au 7° régiment de cavalerie du général Custer).

Au total, la bande sonore est composée de 35 morceaux pour une durée totale de une heure (ce qui est beaucoup pour un film qui dure deux heures).

Une des plus belles bandes originales de l'histoire du cinéma, évidence même. Très élaborée, très variée, et parfaitement intégrée aux images.

Le critique de musique de film Jack Smith, co-auteur du livret inséré dans le cd, parle ainsi d'une musique "as complex as any prose a novelist could write", soulignant l'apport artistique décisif de Steiner pour The searchers. Et de conclure son analyse par les mots suivants : "the debate of whether or not the cinema is high art can be settled by two legendary words : "The searchers".


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De Impétueux, le 20 janvier 2014 à 19:33
Note du film : 6/6

À l'exception des exotiques (ceux de Leone), des baroques (ceux de Peckinpah) voire des parodiques (Three amigos), je n'apprécie pas tellement les westerns. Le genre me paraît souvent simpliste, manichéen, sans finesse, puéril même. Ces histoires de garçons vachers se fichant des roustes dans les saloons ou dans la poussière des corrals, ces pionniers chevauchant des heures pour fuir l'attaque d'Indiens fourbes avant d'être sauvés par la cavalerie fédérale, ces hommes trop rudes qui tombent amoureux de filles pleines de courage et de vertus ménagères m'ont toujours paru, passé l'âge de dix ans, illustrer ce propos qui faisait jadis florès : Les Américains sont de grands enfants.

Je suis naturellement bien conscient d'être injuste, caricatural, outrancier et de mauvaise foi en écrivant cela ; mais c'est aussi un moyen de faire ressortir l'extrême admiration que j'ai pour La prisonnière du désert qui, avec les ingrédients cités plus haut, parvient à être un film magnifique et complexe, comme nous les aimons dans notre Europe voluptueusement décadente. C'est un film constamment intelligent qui met au service d'une véritable histoire des paysages qui ne se contentent pas d'être des chromos touristiques mais qui jouent un véritable rôle dans le récit et en font mieux comprendre les richesses.

D'une certaine manière, et bien davantage que d'autres westerns, La prisonnière du désert rejoint les lignes de tension de la tragédie grecque, jusque dans la sauvagerie des Comanches et la violence hystérique d'Ethan (John Wayne), animé d'une telle haine des Indiens qu'elle en devient fascinante, tant elle semble irrationnelle.

À ce propos, et m'adressant aux savants spécialistes de l’œuvre, qui l'ont vue et revue, qui en ont décrypté les à-côtés, les soubassements et les interprétations psychanalytiques, j'ose une question : il est bien évident qu'entre Ethan et Martha Edwards (Dorothy Jordan), il y a eu jadis une attirance, peut-être davantage avant que Martha ne choisisse Aaron (Walter Coy), le frère d'Ethan et ne périsse avec lui dans le rezzou assassin initial. Mais est-ce qu'on ne peut, par ailleurs envisager qu'Ethan a eu une aventure avec une autre femme, dont il reconnaît le scalp dans ceux qui sont arborés par le chef balafré (Henry Brandon) et dont il dit à Martin Pawley (Jeffrey Hunter), enclin à la pitié pour les Comanches, que c'est la chevelure de sa propre mère ? Et si Ethan était le père de Martin, hein ?

J'aime beaucoup la qualité des personnages secondaires, trop souvent négligés dans le western : le robuste pasteur/capitaine des rangers Clayton (Ward Bond), le tendre farfelu Moïse Harper (Hank Worden), le bellâtre – mais bagarreur – Charlie (Ken Curtis), qui aurait bien voulu épouser Laurie (Vera Miles). Tiens, Laurie… en voilà un joli personnage, une fille qui n'a pas froid aux yeux, qui se moque de la nudité de Martin dans son bain, l'embrasse à pleine bouche, trépigne de rage lorsqu'il lui écrit sans un mot tendre… mais lit la lettre devant ses parents attentifs et trésaille d'aise (comme toutes les femmes présentes) lors de la peignée que se fichent ses deux soupirants Charly et Martin. Ah ! charme fou des rudes mœurs patriarcales ! Il n'y a guère que Natalie Wood que je trouve un peu en dessous de la mire ; sans doute parce que, censée avoir 14 ans, elle en portait déjà 18, mais vraisemblablement aussi parce que je trouve son rôle guère intéressant.

Je suppose que, dans les nombreuses gloses consacrées au film, de savants exégètes ont noté les influences qu'il a pu exercer sur nombre de films suivants ; je suppose aussi qu'une des plus manifestes n'a échappé à personne : un des signes qui précèdent l'attaque de la ferme d'Aaron et Martha par les pillards comanches est un envol impromptu de perdrix ; c'est le même signal maléfique qui se produit dans Il était une fois dans l'Ouest : ce n'est évidemment pas fortuit.

Je ne suis pas très féru de technique ; mais il est bien certain, pour une fois, que le spectacle de La prisonnière du désert sur Blue-ray, alors que je ne possède qu'une version minimale, doit mériter d'être vu.


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De vincentp, le 23 juin 2017 à 20:04
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Oeuvre revue sur grand écran dans des conditions optimales (copie numérique, son digital, écran 8*13 mètres). Cela doit être la dixième vision de cette oeuvre en ce qui me concerne, mais comme tout classique, il est possible d'en découvrir de nouvelles facettes à chaque séance. Aujourd'hui, je me suis rendu compte que Ford utilisait à plusieurs reprises les mêmes décors (notamment le plan d'eau situé devant la ferme des Jorgensen). Monument Valley, situé dans la réalité en Arizona et Utah, sert de toile de fond à des paysages censés exister au Texas et au Nouveau-Mexique… Au diable, la réalité géographique ! La verticalité des décors naturels est exploitée à de nombreuses reprises de façon magistrale. "Martin Pawley" semble disposer d'une très haute stature, quasi-divine, au sein de la faille naturelle qui lui sert de refuge. On dirait une scène biblique. La gestion des personnages et leur entrée en scène sont l'oeuvre d'un grand maître : les premières séquences avec Vera Miles ("Laurie") sont tournées lors de l'enterrement des Edwards. Laurie n'y fait qu'une apparition discrète, à peine visible. Elle surgit du second plan de cette histoire lors du retour de "Ethan" et "Martin" pour occuper alors un rôle pivot dans cette histoire. Sa prestation est magistrale. Comme celle de Ward Bond, superbement employé, dans le double rôle du capitaine et du révérend. Bond et Miles trouvent là l'un des meilleurs rôles de leur carrière, à mon avis l'un des plus marquants.

Dixième vision et la perception d'une dimension qui m'avait échappé jusqu'à présent : une mélancolie sous-jacente et omniprésente. Il est question du temps qui passe (nombreuses références au calendrier qui s’égrène, aux décès des proches situés dans le passé). Il est question également des colons qui ont quitté la terre promise face aux difficultés de la vie dans l'ouest américain. Ethan véhicule un spleen de bout en bout : il explique qu'il ne se rendra jamais en Californie, s'assoit devant la ferme des Edwards comprenant qu'il n'aura jamais de foyer et de famille. Il est un être errant, poussé par le vent, omni-présent dans cette histoire. Cette dimension mélancolique, quasi-crépusculaire, est très présente chez Ford (La dernière fanfare, La taverne de l'irlandais,…). Dans La prisonnière du désert, elle apporte un complément à des dimensions plus explicites : tragiques, lyriques, comiques. Le mixte de ces aspects confère un aspect réel, palpable à cette histoire, et pour employer un terme à la mode : une dimension organique. Superbe séquence du mariage raté entre Charlie et Laurie, et la peinture très fine de la communauté (fête, danses, beuverie, sermons). La musique de Max Steiner, très variée, (à mon avis dans le top 10 des plus belles musiques de film) et l'interprétation de John Wayne servent de ciment complémentaire à un ensemble riche et nuancé en terme de thèmes et d'idées.


Nb : il s'agit du meilleur film américain ?


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De Frydman Charles, le 22 septembre 2021 à 09:29
Note du film : 5/6

Le film fait des clins d’oeil à l'ancien testament sans le dire. Des prénoms bibliques : Aaron, Ethan, Deborah, le vieux Moise (Harper). ..Mathusalem est cité. Un indien chef comanche ,vers 14 mn ,sonne du shofar comme le peuple d'Israël qui sonnait les trompettes qui firent tomber les murailles de Jericho . Dans la tradition juive on soufle le shofar à Roch Hachana, le nouvel an juif :


Le christianisme est illustré plus franchement, sans mots couverts, par un révérend.


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De vincentp, le 22 septembre 2021 à 11:20
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Le révérend se prénomme aussi Samuel.

Samuel (en hébreu, ? (Š?m?l), qui signifie "Yahweh a entendu"; en grec, ? (Samouél) ; en latin, SAMVEL ; en arabe, (?am?l)) est un personnage biblique dont l'histoire fait l'objet du Premier et du Deuxième livre de Samuel dans la Bible hébraïque ou Ancien Testament. Il est qualifié de prophète dans la Bible bien que son rôle soit plus proche de celui d'un juge, c'est-à-dire un chef guerrier au sens biblique.

Mais John Wayne ne porte pas la barbiche et la kippa dans ce film.


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De Impétueux, le 22 septembre 2021 à 19:49
Note du film : 6/6

Il faut être bien niais pour s'étonner que les protagonistes de La prisonnière du désert portent des prénoms bibliques ! Ce sont des protestants, puritains, presbytériens, méthodistes, épiscopaliens ou de je ne sais quelle secte : les prénoms issus de l'Ancien testament sont dans la ligne de la Réforme…


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De Frydman Charles, le 22 septembre 2021 à 20:29
Note du film : 5/6

Les protestants donnent effectivement des prénoms issus de l'ancien testament : prenoms protestants, et pas d'étoile de sherif à 6 branches dans le film. Le "Vieux Moise" ne vécut que 120 ans, c'est peu selon la bible comparé à Mathusalem qui vécut 969 ans et est cité dans le film : vers 14 mn à cheval Ethan dit à son fils adoptif Martin : "ne m’appelle pas …Ni grand-pere, ni Mathusalem" : longévité des personnages de la bible .Quant à l'indien Éclair qui soufle du schofar (vers 20 mn), il pourrait être rapproché des trompettes de charges de cavalerie que l'on voit et entend vers la fin du film

. L'expression trompettes de Jericho est rentrée dans le langage courant en France, et aux Etats Unis dans sa traduction. Dans le film "les murailles de Jericho" ce sont peut être celles qui empêchent que la prisonnière Debbie (diminutif de Deborah) qui a vécu chez les indiens reprenne sa place parmi les siens. Deborah "C'est une des rares prophétesses de la Bible et la seule femme parmi les Juges d'Israël" . En fait l’indien sonnait le schofar probablement pour signaler aux autres comanches la présence de Debbie assise sur la tombe de sa grand-mère Mary Jane Edwards tuée par les comanches le 12 mai 1852 à 41 ans
. Mais l’image ne montre pas les autres comanches et le plan suivant fait voir des cavaliers americains, Ethan et ses proches, à cheval. Le premier nom entendu après le schofar est "oncle Ethan", puis Moise, tous deux appelés par Martin. La première mention du schofar dans la bible est lorsque Moise est au mont Sinai . Ethan aurait vecu vers 1600 av jc, pour Moise c’est plus flou, vers le XIIIe siècle avant J.-C. Debbie sera enlevée , probablement par les comanches appelés par Éclair, puis élevée comme une indienne. Aucune allusion religieuse ou biblique directe donc, mais cela peut correspondre à plusieurs interpretations de l'utilisation du Schofar à Roch Hachana, notamment le cri de guerre de l'ennemi et la résurrection des morts (Debbie se recueille sur une tombe) . Quant à la religion de ceux au nom hébraïque, au début du film vers 10 mn le révérend dit à Debbie "Debbie, tu n’es pas encore baptisée toi ?..", vers 23 mn Aaron ,(Martha, origine non hébraïque) et Benjamin Edwards, victimes des comanches, sont enterrés sous des croix. Vers 14 mn le vieux Moise à cheval répète 2 fois au révérend "moi je suis baptisé". Moise baptisé , ça fait drôle. Il ne s'agit evidemment "que" d'un très bon western , et la civilisation nord amerindienne est totalement inconnue de la bible ! Les amérindiens du nord utilisaient probablement des cors naturel, mais j'en ai pas eu conformation sur le lien suivant qui évoque entre autre le Schofar cors naturels histoire.Le son du schofar par Éclair correspond sensiblement à celui a Roch hachana : son du Schofar à Roch Hachana, un son initial long, un son saccadé puis un son final long. Mais chez Éclair le son intermédiaire saccadé est très court et difficile à distinguer,et le schofar est plus courbé que le cor d'Eclair. J'ai trouvé sur internet une interpretation religieuse surprenante, de Pierre Gabaston  : "Mais surtout, La Prisonnière du désert érige la construction architecturale de son spectacle, comme deux piles d’un pont qui soutiennent son tablier, sur le dédoublement d’un geste d’Ethan : l’élévation de Debbie tenue à bout de bras. Ce geste répété appartient au rituel religieux de l’Eucharistie. Quand Ethan soulève Debbie pour la première fois, c’est une enfant qu’il adore, c’est la fille de Martha. Quand Ethan soulève Debbie pour la deuxième fois, c’est une femme qu’il abhorre, la femme de l’Autre excécré. Ce geste d’officiant qui expose, devient, pour Ethan et le spectateur, une source de miséricorde, un miracle d’amour. Par la grâce de ce geste, Ethan se décante de son fanatisme. Il change d’attitude. Extrait du Point de vue du Cahier de notes sur… écrit par Pierre Gabaston, édité par Les enfants de cinéma". Autre interprétation religieuse surprenante sur ciné passion 24, fichier PDF"La scène de l’Indien mort Elle est impressionnante. La rigidité mortelle de l’indien, donne déjà, tout recouvert de sable qu’il est ,l’idée de la minéralisation du corps.Il semble un gisant ocre,et l’impact soudain des balles de métal que tire Ethan dans les yeux du mort (à ce moment-là on ne voit plus l’Indien, mais on voit Ethan tirer) font exploser cette impression de repos. Mais Ethan, condamnant par son geste l’âme de l’Indien à errer,s’approprie ainsi la légende et le mythe de ceux qu’il considère comme ses ennemis, reconnaissant par là une similitude entre leur religion et la sienne. C.S."
(vers 25 mn Ethan donne cette explication à ses proches qui s'étonnent de le voir tirer sur un mort " Why don't you finish the job? What good did that do you?By what you preach, none. But what that Comanche believes……ain't got no eyes, he can't enter the Spirit Land. Has to wander forever between the winds."  : script du film. Une erreur du film a été signalée par ailleurs : on voit l'indien mort respirer !)


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