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Forum : Dans les cordes

Sujet : Critique


De dumbledore, le 1er février 2005 à 10:17
Note du film : 4/6

Les films de boxe constituent un genre à part entière dans le cinéma. La boxe permet bien évidemment de faire des scènes d'action via les combats, mais permet également de développer de grandes évolutions psychologiques des personnages (ce qui plaît toujours au cinéma), passant de la faiblesse à la force par le travail sur soi, thématique qu'un Victor Hugo n'aurait en rien renié! Le combat sur le ring devient alors très souvent une métaphore d'un combat psychologique de surpassement.

Depuis surtout Rocky en 1976 et la série qui en suivi, en passant par le film de Scorsese Raging Bull (1981) et pour arriver au récent Ali (2002), le film de boxe a trouvé ses codes : le combat final en trois temps (début fort du héros, passage très à vide et sursaut final et triomphant), les personnages secondaires (l'entraîneur qui a bourlingué et qui "revient" grâce au nouveau poulain, l'organisateur de match, verreux) etc.

En 2004, il y a eu Dans les cordes avec comme héros… Meg Ryan. Premier hic! Le personnage principal d'un film de boxe: une femme. Et disons-le tout de suite, le fait qu'elle occupe le premier nom de la distribution n'est pas dû au fait qu'elle est la star du projet et que le film s'est monté sur nom. Elle est effectivement le personnage principal de ce film de boxe (rassurez-vous, elle ne monte pas sur le ring – quoi que…), même si elle aurait pu laisser une petite place à Omar Epps.

Le film réussit le tour de passe toujours jubilatoire de jouer avec les codes, de les respecter dans une certaine manière mais de s'en libérer également, toujours un peu en cachette, toujours en finesse.

L'histoire est celle d'un personnage ayant réellement vécu (et vivant encore), Jackie Kallen, une petite fille élevée quasiment sur le bord d'un ring et qui, par sa volonté, sa séduction et surtout son caractère, va réussir à devenir entraîneur de boxe. L'action ici se concentre sur son premier poulain, Luther Shaw qu'elle a découvert et dont elle va faire un champion.

Toute l'histoire de Luther Shaw le boxeur respecte parfaitement les codes : il hésite à se lancer dans la boxe, il doute, il gagne au départ, se trouve embarqué dans un combat plus ou moins bizoté, perd au début, gagne à la fin et se découvre pour finir. Seulement, cette histoire est secondaire par rapport à celui de Jackie, son agent, qui suit finalement exactement le même schéma : secrétaire vivant dans l'ombre au début de l'histoire, elle a la chance ensuite d'être éclairée et médiatisée à mesure que son poulain gagne. Aveuglée par la gloire, voulant monter trop vite, elle oublie les valeurs et les vertus du travail. Ce sera dans le combat final qu'elle rattrapera, in extremis bien sûr, le coup. Du coup, durant tout le film on a sans cesse un renvoi entre l'évolution du boxeur dans le domaine de la boxe et celui de son agent dans la vie quotidienne, donnant finalement plus de clarté à la métaphore sportive.

La mise en scène de Charles Dutton est tout à la fois sobre et intelligente. Son intelligence consiste à tenter de minimiser les scènes de bataille pour se concentrer sur les scènes, pourrait-on dire, de vestiaires, de rester au maximum sur les deux personnages et leur interaction. Choix judicieux car toute la force du film repose sur la force de ce couple.

Meg Ryan continue avec ce film un virage entâmé avec In the Cut. Elle affine son jeu, laisse place à une plus grande part de zone d'ombre et d'ambivalence. Elle ne minaude plus et est en train de réussir la transition entre les personnages de jeunes femmes romantiques à celui de femme épanouie. On sent dans la construction de son personnage le modèle de ce film, à savoir Erin Brockovich : dans le personnage fonceur, très populaire, qui sait se servir de ses tenues pour arriver à ses fins.

Quant à Omar Epps, il est particulièrement impressionnant dans ce rôle, faisant preuve d'une belle présence et d'une justesse de jeu. Un très bon comédien à suivre…


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De Arca1943, le 13 août 2007 à 03:48
Note du film : 4/6

« On sent dans la construction de son personnage le modèle de ce film, à savoir Erin Brockovich : dans le personnage fonceur, très populaire, qui sait se servir de ses tenues pour arriver à ses fins. »

C'est-à-dire que… les deux films oui, mais les deux personnages réels se ressemblent parce qu'ils viennent de milieux sociaux comparables, même si Erin est un peu plus une fille de trailer park (elle sort nu-pieds sur le trottoir, ce que Jackie ne ferait sans doute pas) et que Jackie est un peu plus instruite (Erin s'instruit sur le tas, c'est une autodidacte). Un milieu pauvre, où chaque cent compte, et aussi un milieu de tough.

Les vêtements de Jackie, comme ceux d'Erin, servent sûrement à avoir l'air sexy mais ils sont aussi ce qu'elle croit être le dernier chic, c'est un peu le goût de son cercle, de sa gang. Dès que l'argent commence à rentrer, le côté "nouvelle riche" de Jackie apparaît. Elle arrive à une soirée de boxe dans un superbe ensemble, mais où il y a des espèces de bandes phosphorescentes. Elle propose à Omar Epps de porter sur le ring un short parfaitement ridicule avec un motif léopard. Lui fait : "Non, non, non !", en levant les yeux au ciel, mais elle, elle trouve ça beau ! Et ce côté "nouveau riche" de Jackie prépare aussi le mauvais côté du personnage : elle prend le devant de la scène, elle déclare une connerie au micro et ne se rend même pas compte qu'elle humilie son boxeur devant les médias. Par moments, elle est vraiment détestable (un peu plus qu'Erin; mais celle-ci, quand même, est tellement absorbée par sa croisade qu'elle néglige gravement ses enfants et son amoureux).

Jackie et Erin existent toutes les deux – même si on ne doute pas que le cinéma les a un peu embellies – ce ne sont pas des princesses de Walt Disney mais des filles dures, des rockeuses, pas des filles à papa comme il y en a trop dans le cinéma américain !

Je dois dire que Meg Ryan m'a agréablement surpris dans ce rôle en or. C'est un personnage "dans ses cordes", sans doute pas à des années lumière de ce qu'elle a déjà fait, mais qui a nettement plus d'épaisseur que la plupart de ses héroïnes précédentes.


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