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Forum : Le Mot de Cambronne

Sujet : Guitry est trop facile...


De Impétueux, le 24 mars 2008 à 22:44
Note du film : 3/6

Même pour les thuriféraires les plus obstinés du grand Sacha Guitry, cette brève pochade n'est pas le meilleur, mais bien plutôt le plus irritant de l'auteur : facilité, art du tirage à la ligne, brio assez vain, théâtralisation forcenée. Rien qui aurait mérité de survivre puisque, d'ailleurs, et ainsi que Sacha le dit lui-même, ab initio, c'est sa centième pièce : un nombre, mais en aucun cas une date, un petit acte en vers un peu graveleux, comme on en jouait, jadis, à la grande excitation de spectateurs apoplectiques, sur nombre de scènes de boulevard…

A la décharge de l'auteur, rien n'est dissimulé de l'artifice : il s'agit bien d'un bout de vaudeville à quatre personnages, avec plein de mots, de formules quelquefois proches de ce qui fit la gloire de l'Almanach Vermot :

Je ne veux pas vous voir des mains de négrillon
Pour nous passer le pain grillé,

Des répliques qui tutoient l'obstacle, en le renversant même trop souvent :
Ce fameux mot qu'il a lâché
sans le mâcher, heureusement (et on sait que le mot est le Merde retentissant que Cambronne envoya aux Goddons aux dernières heures de Waterloo).

C'est vraiment du théâtre, dans ce que ça a de pire, conventions, et faux dialogues, mots d'auteur et scènes à faire. C'est funambulesque, si l'on veut, mais depuis toujours ringard. Le paradoxe est qu'encore aujourd'hui, avec qualité affligeante, ce genre de bêtise se joue encore à Paris et dans les provinces, à grand renfort d'artifices et de ressorts archi-éventés…

Sur le même DVD, les superbes Perles de la Couronne… Du vrai cinéma et de la pièce filmée : le théâtre n'en sort vraiment pas grandi…


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De Arca1943, le 24 mars 2008 à 23:12

Mis à part le fait (certainement regrettable) que Guitry est pour moi une terre inconnue, je crois que vous le vouliez ou non, cher Impétueux, le "boulevard" reste une sorte d'archétype narratif, un fonds de commerce obligé de la comédie à la française – mais pas toujours pour le pire. C'est un esprit "disséminé" un peu partout, pas toujours reconnaissable au premier coup d'oeil, et qui peut à l'occasion générer des perles comme le célèbre Dîner de cons, lequel remonte déjà – diantre ! – à plusieurs années. Mais encore récemment, dans le très alerte Désaccord parfait, j'ai reconnu l'oiseau…


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De Impétueux, le 25 mars 2008 à 10:30
Note du film : 3/6

Je conviens très volontiers avec vous, ami Arca que, ainsi que vous l'écrivez, le "boulevard" reste une sorte d'archétype narratif, un fonds de commerce obligé de la comédie à la française et, sans en être très amateur, je peux, comme quiconque, m'esclaffer à gros bouillons devant une pièce réussie.

Mais il me semble que le genre est réservé au théâtre, grâce aux liens de complicité qui se créent entre les acteurs et les spectateurs et qui font – si le public est de qualité et si les acteurs sont en forme – dériver de dix, vingt, trente minutes la durée de la pièce, grâce au tonnerre des rires et aux capacités d'ajout, d'improvisation, de nouveaux jeux de scène des comédiens.

Au cinéma, par définition figé, cette complicité ne peut pas fonctionner et le boulevard est assez généralement de moindre qualité ; ainsi par exemple La Cage aux folles (que j'ai eu le privilège de voir deux fois au Palais Royal avec ses créateurs, Poiret et Serrault) qui ravale l'adaptation filmée (avec le pourtant grand Ugo Tognazzi) au rang d'une pochade forcée ; ainsi Le dîner de cons, que vous citez, qui n'était pas mal du tout, mais n'arrivait pas à la cheville de la pièce, jouée par le même Jacques Villeret, avec Claude Brasseur (et Gérard Hernandez, plus drôle encore, si possible que Daniel Prévost dans le rôle de Cheval).

Cela dit, mon appréciation sur Le mot de Cambronne – qui était sûrement, sur scène, un petit acte bien enlevé, mais non exempt de trivialité – n'est mitigée que parce que, dans l'œuvre cinématographiée de Sacha Guitry, ce n'est pas très cinématographique : au contraire du formidable Roman d'un tricheur ou des chatoyantes Perles de la Couronne, c'est – ce n'est que – du théâtre filmé (comme, dans le même coffret L'âge d'or, Mon père avait raison, qui est de la même farine…)

Le reproche s'adresse donc moins au fond qu'à la forme…


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De droudrou, le 25 mars 2008 à 11:39

Je conviens très volontiers avec vous, ami Arca que, ainsi que vous l'écrivez, le "boulevard" reste une sorte d'archétype narratif, un fonds de commerce obligé de la comédie à la française et, sans en être très amateur, je peux, comme quiconque, m'esclaffer à gros bouillons devant une pièce réussie.

Mais il me semble que le genre est réservé au théâtre, grâce aux liens de complicité qui se créent entre les acteurs et les spectateurs et qui font – si le public est de qualité et si les acteurs sont en forme – dériver de dix, vingt, trente minutes la durée de la pièce, grâce au tonnerre des rires et aux capacités d'ajout, d'improvisation, de nouveaux jeux de scène des comédiens.

Au cinéma, par définition figé, cette complicité ne peut pas fonctionner et le boulevard est assez généralement de moindre qualité

Cà, c'est un avis que je partage entièrement ! Sans jeu de mot, la communion avec les artistes n'est absolument pas la même !


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De MIMILACOCHE, le 30 juin 2011 à 20:03

Quelle critique acerbe …. Vous êtes bien blasé pour ne point vouloir rire a ce que je trouve être une joyeuse comédie rafraichissante et assez bien tournée malgré … sa date

Et puis il y aura toujours des gens qui riront aux bonnes tartes à la crème, spectacle vivant plus digeste que de nombreux nanards tant en films ou pieces dont le succes ne tient qu'à la célebrité de ceux qui les jouent … mais un navet, même dans un beau panier, reste un navet !

Respectueuses salutations !


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