Je me préparais à poursuivre la morne chronique de mes désenchantements nanardesques – il y avait bien longtemps que je n'étais pas tombé sur une pépite !- en glissant mon lecteur ce Furet de l'absolument inconnu Raymond Leboursier… et voilà que, dès les premières minutes, j'ai été accroché, puis séduit !
Naturellement, c'est tiré d'un roman de Stanislas-André Steeman, comme Le dernier des six
de Georges Lacombe
et surtout comme Quai des orfèvres
et L'assassin habite au 21
d'Henri-Georges Clouzot
et naturellement c'est tout de même un peu moins bien ; mais pas une minute d'ennui dans un film ingénieux et drôle, suffisamment cynique et bien troussé pour être aujourd'hui regardé avec beaucoup de plaisir.
Mention spéciale au génial Pierre Larquey, au jeu d'une infinie subtilité (admirable Docteur Vorzet du Corbeau,
entre autres), qui fait passer dans un regard, dans un clignement d'œil, dans un froncement de paupières toute l'ambiguïté de son personnage…
Scénario un peu invraisemblable mais ingénieux, donc : histoire apparente de serial killer, assassinats en série de femmes légères, ou acariâtres, futiles et hypocondriaques, ombres menaçantes, mains gantées qui saisissent une gorge, bistouri qui coupe un cou, étonnante scène où une femme à l'esprit un peu faible, mais à la sensualité débordante et au compte en banque bien rempli est attachée sur un lit par son mari jaloux et la sœur d'icelui (épatante Margo Lion, en méchante lesbienne années Cinquante), conclusion du film élégante et drôle…
Petit défaut, lorsqu'on garde en tête le commissaire Wens de L'assassin habite au 21 : l'acteur qui a pris le rôle de Pierre Fresnay
et qui s'appelle Pierre Jourdan
paraît bien pâle à côté de son éclatant modèle (et cela malgré un excellent dialogue), d'autant qu'il donne la réplique à une délicieuse Jacqueline Delubac
dont ce fut l'avant-dernier rôle au cinéma, et qui est à croquer…
Mais vraiment un très agréable film, malicieux et plein de charme…
Quand j'ai acheté ce film, il y a fort longtemps de ça, j'avais été très déçu. Une telle distribution pour un film sans intérêt m'avait laissé assez pantois. Et puis, dernièrement, en me promenant sur le site, je tombe sur l'avis de notre camarade Impétueux qui en dit grand bien. Ses avis étant habituellement…avisés, je décidais donc de remettre le couvert, pensant que j'étais été peut-être mal luné lors de la première projection.
Et bien non ! J'ai beau faire preuve de bonne volonté, non, je trouve ce film ennuyeux, inintéressant au possible. Lourdingue, sans saveur si on excepte le dernier quart-d'heure. Les scènes, les sketches avant les crimes sont béotiens, et les crimes eux-mêmes, gantés de noir, sont sans surprises. Le film se traine, sans humour, péniblement. Plus rien à voir avec le sémillant et retors L'Assassin habite au 21 ! Quant à la nouvelle aventure de l'inspecteur Wens, elle se réduit, montre en mains, à quelques quatre voire cinq minutes. C'est peu dire que Pierre Jourdan
se fait rare dans ce film ! Ce n'est pas qu'il soit désagréable, bien qu'à des années lumière de Pierre Fresnay
bien plus finaud et roublard dans le rôle. Mais la nouvelle aventure de l'inspecteur Wens me fait penser à l'apparition de De Funès
dans Knock
! Et pourtant quelle distribution : On aperçoit même un Jacques Dynam
qui fait de la figuration. Jacqueline Delubac
est bien belle et son sourire ravageur. Mais tout ça est une excellente recette mal, très mal exécutée par un mitron qui n'y est pas !
Bien sur que le stratagème du Furet est ingénieux. Mais tellement mal traité ! J'en veux pour preuve ce passage ridicule ou on aperçoit très nettement à la poste, la silhouette de dos de Pierre Larquey
postant ses lettres, à qui on donne une voix de jeune premier. C'est disgracieux, c'est bête, cul-cul et risible ! Quant à l'accident oû il perd toutes ses lettres, sans commentaires ! Où sont passés les bristols tombant de la poche déchirée de Raymond Bussières,
perché sur son lampadaire et chantant J'emmerde les gendarmes et la maréchaussée dans L'assassin habite au 21
? Et puis les acteurs sont très mal dirigés. Raymond Leboursier était un monteur assez doué jusqu'à ce que Pagnol
lui propose de réaliser son magnifique Naïs.
Ce qui fut fait avec le succès que l'on connait. Mais Raymond Leboursier retrouva vite son métier de monteur.
Puis il fut assistant réalisateur de Jean Cocteau
pour Les parents terribles.
Ce n'est qu'en 1949 qu'il se décida pour une carrière de réalisateur qu'il inaugura avec Menace de mort
où déjà il dirigeait Pierre Larquey.
Mis à part Les petits riens
avec Fernandel,
ces réalisations restent dans le domaine de l'anecdote. Et franchement ce Furet
confirme ce que je pense de ce cinéaste qui, sans être désastreux, n'a quand même pas le savoir faire d'un Henri-Georges Clouzot.
Ce film est, par excellence, l'exemple d'une œuvre à qui il manque un vrai patron ! je ne vois pas ce qu'il y a d'audacieux dans ce film…
Puisque vous aimez visiblement prendre des risques, Tamatoa, vous pourriez maintenant tester pour nous l'autre Furet…
(Vous aurez compris que je vous envoie au front tout en restant courageusement derrière les lignes, car un mauvais coup est si vite arrivé).
N'ayez crainte, je me dévoue. Vive le Québec libre !
Mais j'ai gardé un excellent, disons un bon, souvenir de ce Furet là ! Non pas pour la prestation de Serrault,
toujours limite avec Mocky, mais celle de Villeret
! Un bon Mocky,
à mon humble avis, et il ne le sont pas tous. Un petit (tout petit) coup de génie comme il en avait eu un pour Un drôle de paroissien.
Cela étant, il me faudrait le revoir pour vous en parler mieux encore. Mais cela ne pourra se faire que quand j'aurais réglé, via le chef, certains problèmes informatiques qui m'empêchent d’accéder comme je le voudrais à ce forum…
Le film fait un peu penser à "l'assassin habite au 21" (1942). Une seule signature "Le furet" , mais plusieurs complices qui se disculpent mutuellement avec leurs alibis .
Page générée en 0.0032 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter