Excellent ! L'adaptation est nettement plus passionnante à lire que le roman de la môme Vargas. Si les personnages n'attirent pas spécialement la sympathie, en revanche, il faut admettre que l'interprétation est d'un excellent niveau. La narration est bien menée. On en redemandera et je crois que José Garcia a signé pour d'autres films…

Amateur invétéré de récits policiers (déjà en sixième année, je lisais des Agatha Christie soigneusement dissimulés dans mes livres de maths) je me suis bien amusé à regarder celui-ci. C\'est un assez bon \'\'whodunit\'\', avec une part de suspense bienvenue (début de panique à Paris avec les rumeurs de peste qui courent : superbe !). Pourtant, ça se gâte un peu vers la fin : l\'acteur ou les acteurs qui interprètent le ou les coupables en fait ou en font trop, aux prises avec des tirades plombées par l\'emphase. Désolé, je ne peux pas dire de qui il s\'agit…

Ici et là, on a tourné les coins ronds et c\'est dommage. L\'intérêt que porte le commissaire aux signes annonciateurs de la peste avant que le premier meurtre n\'ait été commis ne me convainc pas vraiment : un commissaire de police parisien a d\'autres chats à fouetter qu\'une histoire de graffitis ! Il y aurait eu moyen de rendre ça plus vraisemblable, peut-être en modifiant quelque peu l\'ordre de succession des événements.

Les rôles secondaires, gentiment excentriques, sont très bien : Olivier Gourmet est cool en comédien recyclé en crieur (sic!) et Michel Serrault dans un de ses tout derniers rôles a droit à beaucoup d\'écran, pour mon plus grand plaisir.

Par contre, José Garcia est curieusement neutre, comme s\'il craignait d\'en faire trop.

Ça doit être une affaire de génération, mais ces films tout empreints de malédictions, de souvenirs rancis, de haines inexpiables, où une atmosphère glauque (et glauquement filmée) constitue l'ultima ratio de l'apport du cinéaste me laissent sceptique et surpris que ça puisse avoir un certain succès.

J'avais eu la même impression en voyant Les rivières pourpres, avec deux cent kilos d'invraisemblances et de hasards miraculeux ; on me dira qu'il y en a tout autant chez mes chers Eugène Sue et Gaston Leroux ; c'est possible, mais j'ai l'impression que ceux-ci avaient mille fois plus de talent que n'en ont Jean-Christophe Grangé et Fred Vargas ; et qu'en plus ils ont le charme du suranné.

Tout cela pour dire que Pars vite et reviens tard m'a semblé bêta, frénétique, torturé, tortueux et, finalement, extrêmement ennuyeux. Mais comme j'ai capté ça par presque hasard sur Canal+, ça n'a pas beaucoup d'importance, sinon des dizaines de minutes de vie perdues.