Sans doute que ce chef d'oeuvre en impose tellement que personne n'ose le commenter
et/ou qu'il est tellement connu qu'il n'est plus necessaire d'en parler.
A chaque fois que je revois cette comedie en italien, je ressens un profond plaisir, je jubile.
Un Gassman et Tognazzi au sommet de leur art.
La suite I Nuovi Mostri verra arriver une autre star de la comedie italienne :
Voilà le genre de comédies que l'on aurait envie de revoir, sitôt une première vision bouclée. Un peu comme a pu le faire plus récemment, 'Oss 117' – toutes proportions gardées bien sûr. Car ici, l'on berce carrément dans le chef d'œuvre de la comédie – à l'italienne-, il serait bon de le rappeler. 'Les Monstres' est un ainsi un film de deux heures peuplée par dix-neuf sketches, qui pour la plupart, réunissent un célèbre duo d'acteurs italiens, Ugo Tognazzi (très différent de la multidiffusée 'Cage aux folles'), et Vittorio Gassman ('Le Fanfaron', autre comédie notoire de Dino Risi). Et effectivement, comme le titre le présage, les personnages sont tout simplement odieux…mais tellement réels. Un réalisme qui vous glacerait le sang ! Les pires péchés capitaux de l'homme sont regroupés ici. Et cela fait mouche, qu'ils agissent par égoïsme, vanité, corruption, superficialité ou par avidité. En termes de méchanceté – et de drôlerie, car nous sommes tout de même là pour ça ! -, seul le personnage de Louis de Funès serait à même de rivaliser avec ces Monstres, qui connurent d'ailleurs une suite, quinze ans plus tard ('Les nouveaux monstres'). 'Les Monstres', c'était au temps où le cinéma transalpin baignait dans la plus belle période de son histoire, avec des idées et un humour génialissimes – un comique de situation, qui n'éxiste quasiment plus de nos jours. Basée sur les plus basses valeurs humaines donc, ce film datant déjà de plus de quarante ans reste évidemment indémodable, et c'est justement là toute sa force ! A signaler la présence dans un sketch, d'une hégérie française de l'époque, Michèle Mercier, alors à l'aube de sa période Angélique…
Ugo Tognazzi joue très bien dans la cage aux folles sauf que le scenario est orienté humour très populaire et que son partenaire Serrault en fait des tonnes en fofolle.
Ça amuse une majorité de gens et ça gêne ceux qui apprécient un humour un peu plus subtil.
Michel Serrault il faut lui serrer la vis sinon il fait sa prima donna, et çà devient de plus en plus difficile de le faire car il a pris la grosse tête avec un caractère difficile à gérer.
Ce que j'aimais chez les acteurs italiens de cette époque c'est qu'ils gardaient, en général, davantage de modestie et les pieds sur terre.
DavidHainault écrit : « Voilà le genre de comédies que l'on aurait envie de revoir, sitôt une première vision bouclée. »
Je me rappelle que la première fois que j'ai mis la main sur Les Monstres, le jour d'après je me suis tapé le sketch final, "La Nobile arte", une demi-douzaine de fois. Je n'en revenais pas ! Je n'en reviens toujours pas, d'ailleurs…
Quant à votre remarque sur Louis de Funès, c'est le genre de chose que je n'ose pas dire moi-même ! Mais voilà, disons-le : si la comédie française à la même époque donnait d'excellent résultats, ce qui se passait de l'autre côté des Alpes était vraiment d'une autre trempe. La principale différence, c'est que le cinéma comique français est très rarement satirique (avec de superbes exceptions comme La Traversée de Paris ou La Fiancée du pirate). Il ne fustige pas le "caractère national"; rit bien peu, ou alors fort allusivement, de travers identifiés spécifiquement à la France; fuit le politique (qui est une chose sérieuse); n'est pas cruel pour deux sous (ni amer, ni grinçant, etc); se termine "bien" (le grand finale des Monstres est aussi impensable en France qu'à Hollywood, La Grande vadrouille ne pourrait pas se terminer comme La Grande guerre), etc; il ne songe évidemment pas à intégrer le tragique dans le comique et vice-versa; et ne se donne pas vraiment d'intention réaliste. Ça n'est pas un déficit ou un défaut en soi, mais vraiment une différence : les plus grandes réussites du cinéma comique français contemporain des Monstres sont des oeuvres pleines de fantaisie et de légèreté, où l'invraisemblance est assumée avec un souriant panache, comme dans L'Homme de Rio ou Alexandre le Bienheureux.
Cela étant dit, je trouve quand même que La Grande pagaille est d'une autre portée que La Grande vadrouille (que j'aime beaucoup par ailleurs).
Cette différence entre les deux comiques nationaux se voit d'ailleurs très bien avec la comparaison que vous suggérez entre ce que fait Tognazzi dans ses comédies à l'italienne et ce qu'on lui fait faire dans La Cage aux folles (qui est au demeurant une assez bonne comédie, typique de l'inspiration française du "Théâtre de boulevard" à laquelle il serait, ha ha ha, illusoire d'échapper, ce qu'a parfaitement compris Francis Veber avec son superbe Dîner de cons).
Curieusement, outre le Autant-Lara déjà cité (et quelques autres Autant-Lara d'ailleurs), parmi les films français de l'époque qui ont une sorte de parenté avec la comédie à l'italienne, je pense soudain à deux Verneuil : La Vache et le prisonnier et La Vingt-cinquième heure. Le premier est sans doute plus "bonhomme" dans son humour (comparé, disons, à La Grande pagaille ou Le Fédéral), mais les possibilités tragicomiques et pas seulement comiques de Fernandel sont bien mises en évidence, avec une toile de fond historique dépeinte avec une certaine vraisemblance. Le second n'est pas, bien sûr, une comédie, mais propose néanmoins un traitement des événements continuellement teinté d'un humour amer, dans le genre "quand les bras vous en tombent" (ainsi lorsque le malheureux paysan Roumain joué par Anthony Quinn se retrouve en page couverture d'un magazine nazi comme symbole vivant de la soi-disant "race aryenne", le rire est la seule chose à faire pour ne pas se flinguer !).
Enfin, notons que malgré le grand succès qu'elle finit par remporter en France dans les annés 70, la comédie à l'italienne n'a pratiquement pas eu d'influence sur le comique français, sauf peut-être chez Leconte (je pense à Tandem, évidemment, dont le point de départ et le milieu décrit rappellent un peu le premier sketch des Nouveaux monstres, "Le Rossignol du val Padouan"). Encore faudrait-il lui poser la question…
Force est de constater en effet que le cinéma comique français populaire fuit la satire et le vitriol (en dehors des quelques avatars récents commis par certains trublions de Canal + mais ça ne s'apparente pas réellement à du cinéma "populaire").
Outre Leconte (le très grinçant "Tandem" ou d'autres films plus ou moins inspirés par les BDs satiriques de son défunt collègue Gérard Lauzier) et Nelly Kaplan, il faudrait tout de même citer Jean-Pierre Mocky : il n'a pas été cité mais des films comme "La grande lessive", "Un drôle de paroissien", "Les dragueurs" ou "Snobs" manient également le vitriol à très forte dose (même si Mocky n'a pas toujours l'élégance – ou le budget – des maîtres italiens).
« Il faudrait tout de même citer Jean-Pierre Mocky. »
Il faut en tout cas citer Le Témoin, qui est une "comédie à l'italienne".
En effet, mais je voulais également parler de ses précédents films (sans acteurs ou collaborateurs italiens comme dans "Le témoin").
Par ailleurs Mocky a longtemps travaillé en tant qu'acteur en Italie, j'avais même évoqué une anecdote croustillante à ce sujet dans un précédent post ici…
La difficulté de noter un film à sketches tient, d'évidence, à sa nature.
D'abord, qu'est-ce que c'est, un film à sketches? Un film réalisé par plusieurs réalisateurs autour d'une même idée, tragique (Retour à la vie), sarcastique (Boccace 70), comique (Les nouveaux monstres) ? Un film où un même réalisateur, autour d'un fil conducteur plus ou moins pertinent fait des exercices de style narquois (Sept fois femme) ou horrifiques (Les trois visages de la peur). Voilà qu'à ce compte, on peut même inclure une série de saynètes comme Les casse-pieds ; et, pourquoi pas, en allant beaucoup plus loin, une série de brillants numéros reliés par un fil improbable, comme Les perles de la couronne…
On s'en rend compte, la définition n'est pas aisée. Néanmoins, on s'accorde à peu près pour conférer aux Monstres le statut un peu particulier de chef-d'œuvre grinçant.
On n'a pas tort, d'autant que ça illustre à merveille les difficultés et les aléas de ce patchwork hasardeux. Séquences de durées très différentes, par exemple ; et on est bien forcé de constater que les sketches qui fonctionnent le mieux sont ceux qui donnent un peu de temps au temps ; en premier lieu, l'admirable et désespérant Noble art, aussi sordide et accablant qu'on peut le souhaiter (Ce Sono contente, sono contente de Gassman ! Une merveille déprimante !), mais aussi La rupture où le même Gassman est absolument bluffant de veulerie, salaud incroyable pire encore qu'on pouvait l'imaginer, ou encore La journée d'un parlementaire avec un Tognazzi admirable représentant des compromissions, combines et impostures des élus du peuple. Et encore Le témoin volontaire, ce pilonnage du passé et de l'honorabilité d'un quidam pas plus mauvais qu'un autre et de son misérable petit tas de secrets par un avocat habile et sans scrupule. On n'aurait pas vu ça récemment à New-York, dites-vous ?
Il y a tout de même des scories et des facilités : Le rapt, la vieille dame jetée dans la piscine, L'inauguration, la Fiat 500 (la fameuse Topolino) qui sert d'abord à aller voir les filles, On oublie vite, et le hiatus facile entre les horreurs de la Guerre et les égoïsmes du présent. Et des chevilles, de petits numéros burlesques, inspirés du cinéma muet, guère intéressantes en elles-mêmes (La rue est à tout le monde, où Gassman tempête à tout va contre les automobilistes avant de se conduire aussi mal que ceux qu'il insulte, L'embuscade, où Tognazzi colle des PV sans se faire voir, Le testament de Saint François, et son prédicateur cauteleux et narcissique…
C'est un peu la loi du genre, il est vrai, cette hétérogénéité, mais ça en marque les limites. Dino Risi, dans le supplément du DVD, ne se rengorge d'ailleurs pas. C'est remarquable, mais il est bien encore meilleur de voir et revoir Une vie difficile, Parfum de femme ou, ce qui est à mes yeux le sommet, Le fanfaron…
« Le testament de Saint François, et son prédicateur cauteleux et narcissique… »
Ah permettez que j'inscrive ma dissidence : "Le Testament de Saint-François" est un vrai bijou, qui devrait être utilisé pour l'instruction des enfants dans les écoles ! Et c'est, de plus, la parfaite introduction au sketch des Nouveaux monstres "Tantum ergo" où Gassman, quinze ans plus tard, a monté en grade…
Ce n'est pas le sketch que je critique (le terme n'est pas idéal, d'ailleurs), pas plus que je ne critique Le Monstre (au singulier) où Tognazzi et Gassman, vaillants Carabinieri, l'un bigleux, l'autre édenté mettent la main sur un pauvre bougre d'assassin. Ce n'est pas la qualité des séquences interstitielles, mais la rupture de rythme qu'elles font subir au film, à mes yeux.
En cousant ensemble des morceaux de dix minutes et des brimborions de cinquante secondes, on disperse un peu l'attention.
Mais le reproche est véniel et ne vaut que pour moi ; d'autres peuvent estimer qu'au contraire, Risi donne ainsi un coup de fouet à son film…
Eh bien moi, le sketch qui m'angoisse le plus, c'est celui du mec qui n'a vu de sa vie (ou, pour être plus exact, de la vie du Monsieur) un film de Jean Delannoy et qui s'offre la quasi-intégrale de Blake Edwards !!!
Il n'y en a que pour Sophia Loren, Gina Lollobrigida, Silvana Mangano ou Eleonora Rossi Drago. Or voici pourtant une diva bien méritante que l'on passe presque toujours sous silence: Vittorio Gassman dans Les Monstres !
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