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Filles d'Eve


De Impétueux, le 16 février 2010 à 18:17
Note du film : 4/6

Non, tout de même, Darrieux ! Si admirateur que je suis de la magnifique actrice dont vous empruntez le nom – et qui effectivement, dans ce film-là et comme toujours, est belle à damner un saint, je conserve assez de lucidité pour ranger La maison Bonnadieu à plusieurs longueurs derrière L'armoire volante !

Curieuse carrière que celle de Carlo Rim, touche-à-tout désinvolte du cinéma français, scénariste, dialoguiste, dessinateur de presse et rare, trop rare réalisateur, dont on peut regretter la parcimonie, au regard de l'intérêt de ses films.

Il y a chez lui un goût du sarcastique et de la nuit, exprimé d'ailleurs un peu identiquement dans L'armoire volante et dans la maison Bonnadieu : ombres immenses dans la nuit, déambulation dans des rues désertes, physionomies déformées surprises ici et là par un éclairage approprié et déformant, étrange ballet animé des objets (les seize armoires apportées à Puc – Fernandel, les mannequins revêtus de corsets de la manufacture dirigée par Bonnadieu – Bernard Blier).

Il y a surtout le goût de l'étrange, et une forme de cynisme léger, rieur, voltairien, très français, qui transforme une aventure en un petit exercice charmant de conte philosophique. Dans un patelin d'apparence sage d'avant la première guerre, Bonnadieu-Blier, qui se sait trompé par Darrieux, est à la fois lucide et conscient de sa déconfiture et assez niais pour croire, sur le conseil de son ami Mouffe (Yves Deniaud) qu'il pourra reconquérir sa femme en la rendant jalouse. Les hommes ont de bons gros sabots patauds, les femmes (Danielle Darrieux, donc, mais peut-être plus encore la grand-mère d'icelle, la vieille Mme Ramdin (Berthe Bovy, impeccable, éblouissante, même) ont de la finesse et de la rouerie à revendre…

Tout cela s'achève d'une façon parfaitement immorale, alors même que l'amant de Mme Bonnadieu a épousé la petite bonne, passionnément (un peu davantage ?) dévouée à sa patronne (la toute jeune alors Françoise Arnoul), par une nouvelle aventure ébauchée lors de la noce avec un ténor de sous-préfecture…

À part ça, j'ignorais que la très célèbre Complainte des infidèles, chantée par le grand Mouloudji (musique du non moins grand Georges van Parys) était issue du film : elle y prend une tonalité goguenarde fort réussie en tout cas…

Et puis l'ennui terrifiant de la province est fort bien rendu par Carlo Rim, qui filme avec beaucoup d'habileté les grands cafés où les notables vont faire leur partie (de cartes) (dans La famille Duraton, trente ans plus tard, c'est à peu près la même atmosphère).

Donc, plutôt bien, dans une édition René Chateau à l'image un peu abimée mais acceptable (ce margoulin nous a habitués à bien pire), et naturellement, hélas, sans chapitrage, ni suppléments…


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De Darrieux, le 17 octobre 2008 à 21:22

Superbe et cruelle vision de la petite bourgeoisie de province ,traitée sur le ton léger et ironique ! Blier phénoménal de naïveté feinte, Darrieux sublime en femme légère et insouciante ,le summum de la rouerie et la coquetterie et les débuts de Françoise Arnoul, délicieuse de fraicheur, de Mouloudji et son inoubliable "complainte des infidèles" reprise par Darrieux plus tard! le meilleur film du finaud Carlo Rim ! A éditer en dvd ! INDISPENSABLE comme "FEYDEAU"


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