Au milieu des années 50, au moment où la grande prospérité se préparait, la France a découvert qu'elle avait une jeunesse. Je dis bien Une jeunesse, et non pas simplement Une enfance, tranche d'âge déjà bien connue au cinéma et montrée avec virulence (Zéro de conduite), tendresse (Les disparus de St-Agil)
ou niaiserie (La cage aux rossignols).
Une jeunesse et, tant à faire, une jeunesse à problèmes.
Certes, il y avait eu, en 42, Les inconnus dans la maison ; mais le film de Decoin,
adapté de Simenon
présentait les adolescents paresseux comme des anomalies spectaculaires et braquait le projecteur bien davantage sur les défaillances des adultes. En 55 Jean Delannoy
tourne Chiens perdus sans collier
sur les jeunes délinquants : c'est encore une mise en situation de comportements hors norme.
Le scénario d'Asphalte est de Jacques Sigurd,
l'auteur des films les plus noirs d'Yves Allégret
(Manèges,
Une si jolie petite plage)
; je dois dire qu'on ne retrouve pas sa patte vénéneuse et accablante dans le récit un peu convenu de cette jolie femme, bien mariée avec un type formidable, élégant, intelligent, amoureux, remarquablement interprété par Massimo Girotti,
qui déclenche assez sottement des catastrophes par son retour au milieu de sa bande. Les jalousies et les antagonismes ne se sont jamais éteints, et puis Nicole (Françoise Arnoul)
est riche, désormais, est belle, mais s'ennuie un peu de la vie d'hôtels de luxe (Le Crillon, place de la Concorde) et de dîners d'affaire (à La Tour d'argent) que son mari lui fait mener. Ça ne se finit pas très bien pour les garçons de la bande, notamment pour Gino (Marcel Bozzuffi).
Nicole redécouvrira l'amour de son mari. Elle a pas mal dévasté de choses et, comme Michel (Jean-Paul Vignon), son amoureux transi, lui glisse Faut jamais revenir : on se fait du mal et on en fait aux autres.
Ça, c'est sûrement du Sigurd : on ne se penche pas comme ça sur son passé…
Dans ton passage en revue des films évoquant la jeunesse, tu oublies Avant le déluge (1954) où Cayatte – tout à sa démonstration – nous confronte à quelques spécimens qui ont dû en faire frémir plus d'un à l'époque.
Oh, mais je ne prétendais pas à l'exhaustivité, d'autant que n'appréciant pas Cayatte, je ne connaissais pas du tout le film que vous évoquez.
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