Un peu comme dans L'étrange monsieur Victor, Raimu
interprète ici un personnage à la double personnalité qui rappelle incessamment le personnage du film de Jean Grémillon.
Raimu incarne à merveille Monsieur Moulinet, bourgeois généreux venant en aide aux plus misérables le jour et la nuit chef de bande, recherché par toutes les polices.
Le charme du cinéma des années 30/40 est ici resplendissant, je suis sûr qu'il doit être plus agréable encore de regarder Le bienfaiteur en 2008 que de le regarder en 1942. Chaque scène, chaque plan, chaque réplique, possède une odeur, un goût ; c'était l'époque ou chaque film avait sa propre spécificité, ou les réalisateurs n'allait pas se faire écrire leurs scénarios par les régisseurs de canal+, mais par des gens qui deviendraient par la suite (au peu) des membres de l'Académie française.
C'est dans cet état d'esprit qu'ont été réalisés les plus grands chefs-d'œuvre, même si ce que je dis parait pour beaucoup une vision cinématographique "passéiste", j'ose citer Laurent Gerra qui disait : préférer Mozart
à Diam's c'est pas être passéiste c'est avoir bon goût.
Aujourd'hui la plupart des acteurs qui prétendent avoir du talent ne sont rien comparés au moindre second rôle des films de l'époque.
Quel score d'entrées en salle aurait fait Bienvenue chez les ch'tis dans les années 60 ? Sans doute pas grand choses, face au talent d'un De Funés
d'un Gabin,
d'un Fernandel.
On m'excusera cette parenthèse, mais quand on se tourne sur un acteur comme Raimu la génération actuelle est vraiment insupportable.
Voyez le dans Le bienfaiteur, grandiose dans les dernières scènes, luttant contre les flics qui l'entourent, porté par un noir et blanc magnifique.
Henri Decoin n'a pas réalisé que des bons films ses derniers : Casablanca nid d'espions,
Le Masque de fer
ou Nick Carter va tout casser
que je n'ai pas vus sont de vrais bides, mais c'est aussi le réalisateur des Inconnus dans la maison
prolongement et fin de sa collaboration avec Raimu
qui allait se clore en beauté par la célèbre plaidoirie de l'acteur.
Ici le film est une resplendissante avant-première, une comédie tournant au polar. Raimu à l'aise interprète une nouvelle fois un homme au grand cœur et la personnalité terrible.
On cherche souvent chez les acteurs les points communs qu'ils entretiennent avec les personnages qu'ils interprètent et leur image publique.
Le public avait fini par croire que Jean Yanne était aussi méchant dans la vie qu'à l'écran (ce qui bien évidemment était faux) tant ses rôles de salopard lui allaient comme un gant.
Et c'est Raimu qui disait après avoir interprété César
:
Je n'y comprends rien. Dans ce film je dis le texte, rien de plus, je parle comme à la maison et tout d'un coup c'est un triomphe.
Avis à Michaël Youn, c'est ça, un acteur !
Je suis en parfaite connivence avec tous ceux qui se reconnaissent, dans la commune admiration pour l’immense talent de Raimu et, à un moindre degré, pour ce Bienfaiteur,
que je viens de découvrir.
Mais on n’échappe pas à son époque et au conformisme d’icelle ; le bonheur paisible sans le châtiment imposé par la justice immanente n’est pas concevable, ne peut pas être de mise pour un film de 1942 ; et Le Bienfaiteur, qui aurait gagné à finir en comédie narquoise et complice s’achève en mélodrame un peu pitoyable, parce que niais et moralisant.
Bien dommage, parce que c’est vraiment un film intéressant…
J’ai bien aimé la chanson interprétée par Lucienne Delyle pendant le bal "c’est trop beau pour durer toujours" Cette chanson est peu connue , contrairement à "mon avant de Saint Jean ". C’est dommage…
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