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Sujet : Formidable Raimu


De fretyl, le 16 septembre 2008 à 05:06
Note du film : 5/6

Un peu comme dans L'étrange monsieur Victor, Raimu interprète ici un personnage à la double personnalité qui rappelle incessamment le personnage du film de Jean Grémillon.
Raimu incarne à merveille Monsieur Moulinet, bourgeois généreux venant en aide aux plus misérables le jour et la nuit chef de bande, recherché par toutes les polices.

Le charme du cinéma des années 30/40 est ici resplendissant, je suis sûr qu'il doit être plus agréable encore de regarder Le bienfaiteur en 2008 que de le regarder en 1942. Chaque scène, chaque plan, chaque réplique, possède une odeur, un goût ; c'était l'époque ou chaque film avait sa propre spécificité, ou les réalisateurs n'allait pas se faire écrire leurs scénarios par les régisseurs de canal+, mais par des gens qui deviendraient par la suite (au peu) des membres de l'Académie française.
C'est dans cet état d'esprit qu'ont été réalisés les plus grands chefs-d'œuvre, même si ce que je dis parait pour beaucoup une vision cinématographique "passéiste", j'ose citer Laurent Gerra qui disait : préférer Mozart à Diam's c'est pas être passéiste c'est avoir bon goût.
Aujourd'hui la plupart des acteurs qui prétendent avoir du talent ne sont rien comparés au moindre second rôle des films de l'époque.
Quel score d'entrées en salle aurait fait Bienvenue chez les ch'tis dans les années 60 ? Sans doute pas grand choses, face au talent d'un De Funés d'un Gabin, d'un Fernandel.

On m'excusera cette parenthèse, mais quand on se tourne sur un acteur comme Raimu la génération actuelle est vraiment insupportable.
Voyez le dans Le bienfaiteur, grandiose dans les dernières scènes, luttant contre les flics qui l'entourent, porté par un noir et blanc magnifique.

Henri Decoin n'a pas réalisé que des bons films ses derniers : Casablanca nid d'espions, Le Masque de fer ou Nick Carter va tout casser que je n'ai pas vus sont de vrais bides, mais c'est aussi le réalisateur des Inconnus dans la maison prolongement et fin de sa collaboration avec Raimu qui allait se clore en beauté par la célèbre plaidoirie de l'acteur.
Ici le film est une resplendissante avant-première, une comédie tournant au polar. Raimu à l'aise interprète une nouvelle fois un homme au grand cœur et la personnalité terrible.
On cherche souvent chez les acteurs les points communs qu'ils entretiennent avec les personnages qu'ils interprètent et leur image publique.
Le public avait fini par croire que Jean Yanne était aussi méchant dans la vie qu'à l'écran (ce qui bien évidemment était faux) tant ses rôles de salopard lui allaient comme un gant.

Et c'est Raimu qui disait après avoir interprété César:

Je n'y comprends rien. Dans ce film je dis le texte, rien de plus, je parle comme à la maison et tout d'un coup c'est un triomphe.

Avis à Michaël Youn, c'est ça, un acteur !


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De Impétueux, le 22 juillet 2010 à 13:33
Note du film : 5/6

Je suis en parfaite connivence avec tous ceux qui se reconnaissent, dans la commune admiration pour l’immense talent de Raimu et, à un moindre degré, pour ce Bienfaiteur, que je viens de découvrir.

Film de série, film de samedi soir, film opium du peuple si l’on veut ; tourné en 1942, il ne fait pas la moindre allusion à la guerre, à l’Occupation, aux restrictions (et à pire encore, naturellement) ; il est de la même veine, sur un mode plus grinçant que Premier rendez-vous, du même Henri Decoin, en 1941 : du cinéma de divertissement, conçu pour faire oublier la dureté des temps ; il ne faudrait pourtant pas croire que tout le cinéma des années grises et noires a été de la même veine ; d’Henri Decoin encore, Les inconnus dans la maison tiendront un discours beaucoup plus militant si l’on peut dire (Trop de bistrots, pas assez de stades !) ; et que dire des Visiteurs du soir, où le Diable dépêche sur terre ses envoyés, ce qui me semble une allusion assez claire à la situation…

Donc, Le Bienfaiteur, c’est épatant, et c’est rudement bien fait ; un notable récemment installé dans un bourg, philanthrope et généreux, courageux et intelligent est, en même temps, le chef incontesté d’une dangereuse bande de malfrats parisiens ; de cette dichotomie naît le film, fort habilement mené. On n’y découvre qu’à la vingt-cinquième minute que l’aimable M. Moulinet (Raimu, donc) n’est pas ce qu’il semble être aux habitants de Barfleur-sur-Oron, paisible bourgade de l’Ouest ; Moulinet est croqué en quelques coups de crayon sommaires mais habiles. C’est un homme qui attire la sympathie et tranche sur l’invraisemblable médiocrité des notables de la commune (le médecin et le pharmacien, qui ne peuvent pas se sentir, le conservateur des hypothèques qui méprise le receveur des contributions, tous esprits forts et médiocres) ; il est amoureux (de Suzy Prim, fondatrice d’une œuvre d’aide aux jeunes filles abandonnées), va se marier, se ranger, quitter sa vie de malfaiteur….

Mais on n’échappe pas à son époque et au conformisme d’icelle ; le bonheur paisible sans le châtiment imposé par la justice immanente n’est pas concevable, ne peut pas être de mise pour un film de 1942 ; et Le Bienfaiteur, qui aurait gagné à finir en comédie narquoise et complice s’achève en mélodrame un peu pitoyable, parce que niais et moralisant.

Bien dommage, parce que c’est vraiment un film intéressant…


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De Frydman Charles, le 16 mai 2016 à 09:34

J’ai bien aimé la chanson interprétée par Lucienne Delyle pendant le bal "c’est trop beau pour durer toujours" Cette chanson est peu connue , contrairement à "mon avant de Saint Jean ". C’est dommage…


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