C'est un film merveilleux.
Musique de Georges Auric. Les acteurs sont malheureusement oubliés. C'est l'occasion de voir Vincent Hyspa (si vous ne savez pas qui c'est, faites fonctionner les moteurs de recherche).
Ce DVD de Criterion offre de plus "Entracte cinématographique" de Satie et Picabia (mais pas la musique de "Relâche") et une interview de l'épouse de René Clair.
Autre atout : la faculté de René Clair d'aller à l'essentiel en quelques images épurées, et de brosser par un savant agencement des images, des idées, un portrait complet de tout un système, le capitalisme (français). Et également un humour omni-présent qui rend le traitement de ce sujet -à priori rébarbatif- si plaisant. L'écriture cinématographique est ici tout simplement prodigieuse (et hyper-novatrice pour les années trente) !
Voilà donc un chef d'oeuvre de plus à découvrir urgemment !
Il a été tourné un an après Sous les toits de Paris mais, curieusement, semble plus archaïque, plus marqué par les derniers soubresauts du cinéma muet ; non seulement les dialogues sont réduits au minimum, et l'intrigue se comprendrait fort bien grâce à quelques cartons opportunément proposés à la lecture, mais les angles de prise de vues, très modernistes, constructivistes, futuristes, le style même de l'action, et l'appel à certains procédés – notamment les courses-poursuites échevelées, similaires à celles qui font florès dans les films de Harold Lloyd
ou de Mack Sennett
-, paraissent nier que le cinéma est devenu parlant.
Vous qui désirez un emploi
Dites-nous votre nom, votre âge
Marquez l'empreinte de vos doigts
Retournez-vous et marchez droit !
Nous vous don-ne-rons de l'ou-vrage !
Peu de choses à dire sur l'interprétation ; la vedette est donnée à Raymond Cordy, dont le physique grassouillet ne laissait pas présager qu'il pourrait jamais être un séducteur…Et, de fait, six ans après, dans La belle équipe
c'est lui, le gugusse ivrogne qui suit, en chancelant, sa bouteille en main, Gabin
chantant Quand on s'promène au bord de l'eau accompagné par l'accordéon d'Adolphe Deprince…
Une réflexion philosophique sur le travail aliénant. On retrouvera dans "les temps modernes" de Charlie Chaplin des scènes de travail à la chaine analogues. Le slogan "le travail c'est la liberté" est prononcé de façon ironique dans le film. Nous sommes en 1931, mais je ne pense pas que ce slogan ait pu inspiré le sinistre "Arbeit macht frei" des nazis. En fait l'origine de l'inscription au dessus du camps d'Auschwitz est le titre d'un livre de Lorenz Diefenbach au XIX ème siècle. Des slogans ironiques sur le travail sont nombreux , dont la chanson d'Henri Salvador: "le travail c'est la santé".
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