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Forum : Douce

Sujet : Diamant noir

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De Impétueux, le 1er février 2005 à 18:42
Note du film : Chef-d'Oeuvre

A mon sens, le plus impur chef d'oeuvre de Claude Autant-Lara, où chacun est accroché, fouillé, interrogé…

On a très souvent présenté ce film comme une critique anarchiste et cruelle de la bonne conscience et de l'aveuglement de l'aristocratie de la fin du 19ème siècle ; sans doute y a-t-il cela, mais sans doute est-ce plus vaste.

La scène fameuse où la vieille marquise de Bonnafé (admirable et si poignante Marguerite Moreno) quittant ses pauvres et leur souhaitant Patience et résignation se voit suivie par l'apostrophe de son brûlant régisseur (Roger Pigaut) Et moi impatience et révolte ! est typique à cet égard. Puisque la révolte du régisseur, sa volonté de prendre pied dans un ordre social dans lequel il n'est pas et ne peut pas être admis s'achèvera par la catastrophe absolue, la mort de Douce, l'horreur tombée davantage encore que sur une famille, sur une maison(le cri de haine de la vieille nourrice, Gabrielle Fontan pour ceux qui sont venus tout assassiner) et le renvoi des deux révoltés, le régisseur et sa complice (Madeleine Robinson) venus perturber ce qui était un ordre, sans doute injuste, mais apaisé pour ceux qui l'acceptaient.

Après le passage des révoltés, il n'y a plus rien ; c'est pire.

Merveilleux dialogues (Aurenche et Bost), dans la bouche de Marguerite Moreno Je me l'offre, je l'accepte et je me dis merci ! (alors que Madeleine Robinson à qui la marquise donnerait bien quelques effets qui ne lui servent plus, paraît chipoter) ou Si on se mettait à chercher des raisons, on accepterait tout !, mais aussi de la sublime Odette Joyeux, musique de René Cloerec qui reste en tête longtemps, pleiade d'acteurs…

Un diamant.

Noir, bien sûr !

A quand une grande édition DVD ?


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De Arca1943, le 7 février 2005 à 12:06

Tout ça me semble très prometteur ! Pour moi, en tant que spectateur, une bonne histoire et de bons dialogues restent sans doute la chose la plus importante dans un film. Or Jean Aurenche et Pierre Bost sont vraiment des orfèvres en la matière, que ce soit dans leur période Autant-Lara que dans leur période Tavernier… Je leur fais confiance, comme je fais confiance à Impétueux, d'où mon vote !


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De Impétueux, le 7 février 2005 à 19:45
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Merci de votre confiance, dont je puis vous assurer qu'elle n'est pas mal placée …Et si je puis pousser le bouchon, je vous invite à voter aussi pour l'édition (mais une belle ! pas une René Chateau !!) de Madame de du grand Max Ophüls.

Une histoire légère, spirituelle, étincelante, et qui finit très mal.

Ca ne vous allèche pas ?


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De cyrano, le 23 février 2005 à 21:25
Note du film : 6/6

Qu'un film de la qualité de Douce ne soit pas encore paru en DVD reste pour moi un mystère. Je pourrais en dire autant d'autres films de la grande Madeleine Robinson, comme Lumière d'été ou Une si jolie petite plage, dont la réédition serait une excellente opportunité de rendre enfin hommage à cette superbe comédienne, disparue l'an dernier dans une indifférence aussi abyssale que révoltante …


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De Impétueux, le 1er avril 2005 à 14:57
Note du film : Chef-d'Oeuvre

J'ai déjà voté pour l'édition de Lumière d'été – sans avoir jamais vu ce film, parce qu'aussi il faudrait éditer tout Grémillon ; rejoignez-moi !

Et je me félicite que votre admiration pour Madeleine Robinson au jeu si délicat (délicieuse y compris dans les films moins ambitieux, comme Le gentleman d'Epsom, dont les meilleures scènes sont avec elle) vous ait fait voter pour ce chef d'oeuvre qu'est Douce


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De cyrano, le 2 avril 2005 à 18:25
Note du film : 6/6

Vous m'avez mis du baume au coeur, Impétueux, en parlant ainsi de "ma chère Madeleine", comme je l'appelle depuis longtemps !

L'attitude des médias au moment de sa mort m'a vraiment scandalisé, et je suis toujours heureux de voir que je ne suis pas le seul à apprécier sa voix superbe, sa diction ( pour qui ce mot a-t-il encore un sens aujourd'hui ?) parfaite et le mélange harmonieux d'énergie et de distinction qui la caractérise. C'est surtout pour elle que j'ai acheté "Le gentleman d'Epsom", l'un des rares DVD hélas où l'on peut la retrouver, et où elle est …. lumineuse !

Une autre grande oubliée, c'est Lilli Palmer ( A quand " Montparnasse 19 " et "Adorable Julia" ?)


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De Roudoudou, le 13 juillet 2005 à 21:27

Je viens de revoir Douce d'Autant-Lara au cinéma et ai oublie le nom du (ou de la) chorégraphe (ou responsable) du ballet que l'on voit a la fin du film (séquence du théâtre). Si quelqu'un a ce film chez lui, peut-il juste regarder le début du générique ou le nom est cite et me le dire sur ce forum? Un grand merci par avance de Roudoudou!


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De Arca1943, le 13 juillet 2005 à 21:34

Au moins, ce film circule en salle en France : il n'a donc pas été avalé par une oubliette. Qui sait, peut-être le DVD n'est-il pas si loin.


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De Impétueux, le 31 juillet 2005 à 00:07
Note du film : Chef-d'Oeuvre

C'est Lisette Darsonval, je crois bien !

Douce fait partie des quatre ou cinq films que je préfère, j'ai la VHS, mais je demande chaque jour au Bon Dieu de suggérer à un éditeur de le faire paraître en DVD, avec plein de boni…


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De roudoudou, le 6 août 2005 à 19:08

Grands mercis a Impetueux pour sa reponse!!


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De Impétueux, le 7 août 2005 à 09:38
Note du film : Chef-d'Oeuvre

C'est bien la moindre des choses !

Quand, à propos d'un film passionnément aimé, on rencontre un amateur ou un curieux, on fait tout pour satisfaire sa curiosité !


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De cyrano, le 9 août 2005 à 19:23
Note du film : 6/6

Lors de sa dernière (et relativement récente) diffusion à la télévision, le film était précédé par le logo actuel de la maison de production. A mon avis, le transfert en DVD a eu lieu, mais quand sera-t-il commercialisé ? (Cf les films de Colline Serreau !)


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De Impétueux, le 9 août 2005 à 23:09
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Ben dites donc ! Tout déçu par les médiocres résultats français aux Championnats du monde d'athlétisme et par la défaite 2-0 de mon glorieux et chéri Olympique de Marseille devant la perrfide équipe de La Corogne, voilà que votre message me met du baume au coeur !

Puissiez vous dire vrai !

Et j'ajoute que si l'édition pouvait ne pas être un René Chateau mais un Canalclassiques ou un MK2, je serais aux anges !


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De RdT, le 13 mars 2006 à 17:57
Note du film : 4/6

Pour le charme d'Odette Joyeux je vote pour l'édition en DVD de Douce (sugggestion judicieuse d'Impétueux).


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De benja, le 29 janvier 2007 à 10:51

Je vote pour l'édition en DVD de Douce.


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De Arca1943, le 11 février 2009 à 02:03

Deux ans et des poussières après les précédents messages, toujours pas de Douce à l'horizon. C'est quoi qu'ils font, les éditeurs ?


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De Impétueux, le 24 janvier 2010 à 20:04
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il fallait toute l'idiote naïveté, la cafardise prétendument bien-pensante, l'aveuglement au mieux stupide (et quelquefois criminel) de la Révolution nationale pour s'indigner vertueusement, en 1943 devant ce chef-d'œuvre noir, réalisé par un Autant-Lara misanthrope absolu, souvent méchant comme une teigne et en tout cas superbement inspiré par un scénario des deux grands scénaristes Pierre Bost et Jean Aurenche sur la base d'un roman de Michel Davet qui n'a pas laissé grande trace et dont je suppose – témérairement, je le reconnais – que le texte était moins mouillé d'acide que ne l'est le film.

Qu'on ait pu voir dans Douce seulement une critique des classes dominantes de la fin du 19ème siècle et que l'histoire désespérée d'une très jeune fille abusée par un aigri social me laisse, à la dixième vision, assez pantois ; le film commence par un panoramique (un peu artisanal, j'en conviens, mais ça n'a pas beaucoup d'importance) sur les toits de Paris : on voit la Tour Eiffel en construction et c'est Noël (on est donc en 1888) ; qui connaît un peu la Capitale voit tout de suite qu'on est dans les beaux quartiers aristocratiques de la rive gauche, l'aristocratique faubourg Saint-Germain ; le panoramique s'arrête sur une église toute bruissante des préparatifs de la Nativité (Saint-Pierre du Gros Caillou, rue Saint Dominique ?) ; un confessionnal, un prêtre effaré qui, en quelques mots prémonitoires, trace le chemin de sa pénitente, Douce de Bonafé (Odette Joyeux), qui vient de lui avouer un amour absurde : Je ne vous menace pas de l'Enfer : l'enfer, c'est ici-bas que vous le connaitrez !. Tout est là : le romanesque passionnel de la mésalliance totale cassé d'emblée par l'évidence de l'appartenance sociale.

L'appartenance sociale, Autant-Lara ne manque pas de la faire valoir dès la séquence suivante : hôtel particulier, invraisemblable nombre de domestiques, burlesque installation d'un ascenseur dédié seulement à la terrible marquise de Bonafé (Marguerite Moreno, qui n'a pas trouvé de plus grand rôle) ; qu'on juge que l'ordre social, figé, marmoréen, d'apparence (ou de réalité ?) immuable, est scandaleux, immoral, épouvantable même, est un point de vue qui se défend. N'empêche que c'est l'ordre, qui seul permet la Civilisation.

Irène (Madeleine Robinson), dame de compagnie de Douce, et Fabien (Roger Pigaut), le régisseur des Bonafé, amants aigris, qui ne peuvent ni s'entendre, ni se séparer, (et, in fine, condamnés par le drame affreux de la mort de Douce, à vivre ensemble leur enfer) sont aussi criants d'hypocrisie et d'envie que la marquise est boursouflée de la fierté de son rang, mais finalement consciente de la fragilité de son bonheur, et son fils Enjalbert (Jean Debucourt), le père de Douce, pénétré de sa propre médiocrité : finalement, la terrible sévérité du film, c'est ça : chacun sait ce qu'il vaut, et ce n'est pas grand chose.

Il n'y a précisément que Douce, qui doit avoir quelque chose comme 16 ou 17 ans, qui s'illusionne un peu sur la vie, mais la réalité, la trivialité naturaliste de l'amour – de l'attirance à la fois physique et intellectuelle – qu'elle éprouve pour Fabien, le régisseur de ses domaines va vite la ramener à la raison ; au soir de ce qui pourrait être leur première nuit, dans cet hôtel d'habitude, où Fabien a coutume de recevoir Irène, dans ce premier soir de la vie qu'elle voudrait grande et qui n'est que banale, Douce renvoie celui qu'elle s'était imaginer aimer : Je suis glacée, Fabien, et elle tourne la clef dans la serrure : on n'a jamais mieux représenté le dégoût d'une jeune fille devant l'animalité du mâle…

Film admirable, ponctué de vacheries de dialogue (Je déteste refuser les permissions, aussi je vous prie de ne pas m'en demander, Il fait froid comme en temps de guerre, Je me l'offre, je l'accepte et je me dis merci !) , et plein d'amour (d'Enjalbert, qui espère encore que sa petite fille va lui revenir, à la fois souillée, mais intacte : Ce ne sera pas Douce qui est partie, mais Douce qui revient…), doté d'une musique inoubliable de René Cloerec, fier, désespérant, accablant, Douce est un des plus beaux films du cinéma français.

Et l'on se désespère qu'aucun éditeur n'ait jamais songé à en présenter un DVD…


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De darrieux, le 29 mars 2011 à 20:25

je me joins au "concert unanimes" ds cinéphiles précédents pour demander UNE EDITION COLLECTOR" de CE CHEF D'OEUVRE qu'est DOUCE ?LE TITRE LUI MEME est un rappel à la cruauté des possédants qui donnent la mort et la mort est "douce" pour certains! mais quels acteurs magnifiques ,le règne du cinéma français dans toute la finesse de la distribution !JOYEUX ROBINSON MORENO DEBUCOURT … et tant d'autres pour une merveille encore ignorée des distributeurs video faiseurs de bizness!!!DIEU nous entend -t-il?cela "adoucirait" nos regrets!


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De vincentp, le 8 mars 2012 à 20:46
Note du film : 5/6

C'est un beau film que j'ai regardé hélas dans une version médiocre (faute de dvd). Je ne vois pas le chef d'oeuvre qu'évoque Impétueux (peut-être en raison du support), mais reconnais les qualités du film : le sujet, bien traité (il est à la bourgeoisie ce que Goupi mains rouges est aux paysans ou Antoine et Antoinette aux classes populaires), les dialogues ciselés et plein d'esprit, la variété du ton (qui donne de l'ampleur aux idées évoquées, et crée tout type d'émotion). La visite de la duchesse chez ses pauvres est un grand moment : elle est censée leur apporter du réconfort matériel mais elle leur rappelle leur basse condition. Un film de répertoire à rééditer (un problème d'ayant-droit bloque-t-il le processus ?).


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