Décès d'Emmanuelle Riva (1927-2017)
Elle portait le nom d'un bateau mythique, de ceux qui se promènent nonchalamment sur toutes les Riviera du monde. Emmanuelle, c'est son regard harassé de questions qu'elle posait langoureusement sur tous ses partenaires au cinéma. Et ni Léon Morin, prêtre, ni Bernard Desqueyroux n'ont su lui répondre. Pas plus que Les Risques du métier de son Jacques Brel de mari ne lui ont amené l'apaisement qu'elle a réclamé dans la plupart de ses rôles, sans jamais l'obtenir vraiment. Emmanuelle Riva semblait traîner des paniers de secrets insondables. Michèle Morgan avait de beaux yeux, Emmanuelle Riva lançait d'éblouissants mystères… Même le regard de la petite secrétaire des Grandes Familles interrogeait déjà. Et si une des plus grandes tragédies de l'humanité est intimement liée à son nom, Hiroshima mon amour laissera à jamais un souvenir douloureux, cruellement orchestré par Alain Resnais, qui assombrira un peu plus son regard tourmenté. Elle fut marquée à jamais par ce rôle. Emmanuelle ne souriait qu'avec parcimonie. Elle était de ces actrices qui dérangeait par sa violence contenue. Ce n'est peut-être que dans le sublime Amour de Michael Haneke qu'elle rendit les armes et cessa de poser des questions dont personne ne voulait. Son corps cessa de parler au diapason de son regard. Sa carrière fut riche de tant de problématiques que cet état devint comme une marque fabrique, une signature précieuse. Comme la nonchalance de sa voix…
Emmanuelle Riva a pris le dernier bateau en partance pour le ciel, ce 27 janvier. Un beau Riva, en bois des îles, avec des questions plein la soute… Nadine MoukPage générée en 0.087 s. - 21 requêtes effectuées
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