A un niveau plus modeste, mais néanmoins bien intéressant, Maurice Druon est de cette école-ci. Pour qui aime un peu lire, entrer dans la vaste saga des Rois maudits
est prendre l'assurance d'un haletant suspense où l'on se demande vraiment si la Guerre de Cent ans va réellement éclater (et si l'affaire de la Tour de Nesle va éclabousser le Trône, si Jacques de Molay va être brûlé, si le roi sodomite Edouard III sera puni de l'horrible façon qu'on sait, etc.) tant Druon
possède l'art du récit et de la composition.
Ses ouvrages (un peu comme ceux de Simenon, dans un autre esprit) sont donc pain bénit pour le cinéma, si souvent en peine de récits originaux ; sont ou plutôt devraient être. Si l'étendue et la complexité des Rois maudits
ne pouvaient se satisfaire de la relativement brève durée du film, ils ont trouvé, naturellement dans la version de Claude Barma
un large véhicule à la mesure de leur foisonnement et de leur souffle.
Si Michel Audiard a ciselé d'étincelants dialogues, notamment pour le compte de Lucien Maublanc (formidable Pierre Brasseur)
, certaines parties sont directement issues du livre, notamment l'extraordinaire oraison funèbre qui ouvre le film, prononcée par le père de Lesquendieu (la belle voix grave de Julien Bertheau).
Jean Gabin, dans le rôle écrasant du Patriarche, du Despote Noël Schoudler est exceptionnel de qualité ; c'est une infinie banalité de redire combien il était capable de tout jouer, mais tout de même ! Un an après ces Grandes familles
où il incarne l'arrogance de l'argent avec une telle dureté qu'elle le conduira au drame, il jouait Archimède, le clochard,
dans une assez petite pantalonnade où il surnageait…
Ajoutez à cela un Bernard Blier en technocrate efficace et ambitieux (peu différent, d'ailleurs du Philippe Chalamont du Président,
à la même époque) et, pour l'anecdote, Nadine Tallier, qui n'était pas encore Nadine de Rothschild, mais jouait avec un grand naturel les gourgandines à petite vertu…
…vous aurez un film sacrément efficace qu'on ne se lasse pas de voir et revoir.
Une belle synthèse, dont je serais bien incapable…
Je ne comprends pas que les critiques de cinéma soient si mauvais aujourd'hui encore avec ce film : Gabin est magistral, mieux que dans Le Président
et l'histoire est vraiment passionnante .
La réalisation est vraiment soignée et les seconds rôles excellents.
Quand j'entends dire que Godard et sa clique ont traîné ce film dans la boue, ça me fout en rogne .
Je n'avais jamais, jamais remarqué que c'était Emmanuelle Riva qui tenait le rôle de la secrétaire de Gabin
….. Combien de fois ai-je vu ce film ?
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