Tout comme Lubitsh et Billy Wilder, Siodmak fait partie des réalisateurs émigrés suite à la montée du nazisme. Tous partagent la même vision désillusionnée sur l'humanité, semblant toujours avoir en tête la noirceur inhérente au genre humain. Ce n'est pas dans la comédie qu'excelle Siodmak, mais dans la noirceur pure, celle des monstres-humains que sont les tueurs en séries. Au lieu de montrer la face noire d'un homme « normal », il montre la face humaine des monstres, comme s'il faisait un portrait (de quelqu'un qui nous est très différent) pour faire apparaître à la place un miroir. Le miroir est d'ailleurs un élèment récurrent de ses films. Ses films sont violents, très modernes aussi. Abshied réalisé en 1932 en Allemagne fait penser aux films français actuel, huis clos dans une pension de famille où se nouent et se dénouent des problèmes de couples. Pièges est un film féministe avant l'heure, avec un personnage viril (Maurice Chevalier), qui s'effondre lamentablement alors que la simple secrétaire elle, va réussir là où son patron a échoué. La mise en scène de Siodmak est remarquable. Il a un sens visuel très impressionnant, filmant la ville comme peu de réalisateurs. La construction de ses plans est toujours très soignée, avec une vraie réflexion sur les perspectives. Sa carrière est divisée en quatre parties, celle de l'Allemagne (1930/1932), puis celle de la France (1932/1939), ensuite la période américaine (1941/1954) la plus intéressante du réalisateur qui finit par repartir en France puis en Allemagne où il tourne des films moins intéressants, plus conventionels, mais tout de même un petit chef d'oeuvre : Les SS frappent la nuit sur la traque d'un tueur en série par les nazis durant la guerre!.. Certes, il reste un cinéaste méconnu, un metteur en scène de séries B, pourtant, il mérite d'être (re)découvert. Parmi ses meilleurs films : Deux mains, la nuit, Les mains qui tuent, Les Tueurs, La proie.