![]() Emile Couzinet, le Ed Wood français. Emile Couzinet, né Cousinet en 1896 à Bourg-en-Gironde, est une exception dans le cinéma français. Fils d'un menuiser de la région bordelaise, il devient projectionniste ambulant dans sa province natale, puis directeur du Casino de Royan. A la fin des années trente, Couzinet décide de se lancer dans la production cinématographique. Il voit les choses à la fois en grand et en petit. En grand car il va très rapidement maîtriser la totalité de la chaîne de production de ses films: producteur, mais également scénariste (parfois sous le nom de Robert Eyquem), distributeur au travers de sa société Burgus Films et propriétaire de ses propres studios. Il acquiert ainsi une indépendance totale pour réaliser ses "oeuvres". En petit car il ambitionne, tout au moins dans un premier temps, une simple distribution régionale des produits de sa confection, réalisés avec des moyens réduits au possible. Ainsi, notre homme lance sur le marché bordelais des films aux titres évocateurs: le Club des Fadas, Trois Vieilles Filles en Folie, la Famille Cucuroux, Le Congrès des Belles-mères, Mon Curé Champion du Régiment … Tout est dit! Mais ne voilà-t-il pas que le succès local est énorme! On va voir du Couzinet pour se dérouiller les zygomateurs! Bien sûr, la critique n'est pas au rendez-vous, mais qu'importe, puisque le public est là. L'affaire se poursuivra jusqu'en 1962, deux années avant le décès du maître. En parcourant les génériques des films de Couzinet, on n'est pas surpris de ne voir apparaître aucune des vedettes de l'époque. Mais des seconds couteaux, parfois de grande qualité, vont jouer les premiers rôles sur les plateaux Couziniens: Frédéric Duvalles, Pierre Larquey, Jean Tissier …. On n'est pas à l'abri de quelques surprises (Jean Carmet – je vous jure que c'est lui-, alors très peu connu, ou encore Robert Lamoureux qui débute au cinéma dans le Don d'Adèle). La participation la plus étonnante est sans aucun doute celle du futur réalisateur italien Sergio Leone en tant qu'assistant non crédité sur le tournage du film Quai des Illusions. Cette information est donnée par René Château, grand collectionneur du cinéma français, dont il est temps que je vous conseille les ouvrages ""Les Plus Belles Affiches de la Mémoire du Cinéma Français", aux Editions de l'Amateur. Aujourd'hui, Emile Couzinet est revenu à la mode. Certes, ses films ne sont pas diffusés à la télévision (hélas, d'un point de vue historique), mais , comme pour Ed Wood aux Etats-Unis, il est de bon ton de consacrer de temps en temps un article à ce bricoleur du cinéma qu'était Couzinet… (Nb : Dernière minute: je découvre avec stupéfaction que la critique française attribue tous les trois ans deux prix pour "récompenser" les "pires films sortis au cours de l'année": Le Prix Emile Couzinet pour les bandes françaises et le Prix Ed Wood pour les bandes étrangères! Moi qui trouvais ce rapprochement original !!!) Texte de Christian Grenier de http://www.encinematheque.net. |
Page générée en 0.045 s. - 19 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter