La rapidité d’exécution se voit dans le film… dans le meilleur sens du terme. Le film est survolté, d’un rythme endiablé. Certes, il y a la pièce parfaite dans le rythme et l’humour du très grand Feydeau, mais il a surtout des comédiens de très grande qualité. Michel Simon sublime (comme toujours) dans le rôle d’un cocu infatué de sa propre personne. Mais il y a surtout Marguerite Pierry
Le travail de réalisateur de Jean Renoir ne se borne évidemment pas à faire du théâtre filmé. Il a également l’intelligence de ne pas chercher à refuser le côté théâtral de l’histoire. Quand Michel Simon revient sur scène pour jouer le cocu outré qui dénonce femme et amant, dans un élan forcément théâtral
Mais à l’opposé, quand il faut donner du rythme, être avec les personnages, Renoir cherche à alterner les décors (bureau au départ, salle de bain, salon, couloir, etc). Il prend même des angles de caméra très fermés, composant l’image avec amorces et profondeur de champs.
Mais surtout, il a recourt au montage parallèle.
Quand on est avec Follavoine dans son bureau au début du film, on suit en parallèle sa femme qui tente de faire avaler la potion à son fils. Quand on est avec la femme de Chouilloux qui arrive, on va dans le couloir pour vérifier que tout va bien pour le mari.Pour finir, signalons que ce film est également un des premiers essais de Renoir dans le cinéma parlant. Grande réussite, quand on sait les difficultés rencontré à l'émergence du muet, notamment dans la nécessité d'enregistrer la musique en direct, sur le plateau. A l'époque le bruit de la chasse d'eau et le réalisme qu'il suggérait avait marqué les critiques qui avaient félicité Renoir d'avoir mis le micro où il fallait…
Le tout donne un petit bijou de perfection, une heure de pur et grand plaisir.
Navré de ne pas partager votre avis devant ce moyen métrage filmé comme "au théâtre ce soir". Je n'ai fait que bailler aux corneilles et prendre racine. En attendant une "Chienne" bien supérieure, ce premier Renoir parlant est effectivement une purge.
Je partage vraiment l'avis éclairé de Dumbledore, sans classer ce film très alerte au rang où il le met, et à lui donner une note aussi haute.
C'est, sans doute, que je ne suis guère amateur de ces vaudevilles grivois, en y reconnaissant pourtant, d'éclatantes qualités. C'est un genre qui marche au théâtre, où le déferlement des rires et l'entraînement des hilarités, l'envie qu'on a de se lâcher, la chaleur communicative de la salle font passer une excellente soirée, une soirée qui pourtant ne fait pas date. Mais c'est souvent douteux, complice, plein de clins d'œil salaces et, pire encore, graveleux.
Il est vrai qu'on peut s'émerveiller, précisément, qu'une courte saynète qui tourne autour de la constipation, de la purgation et du cocuage, tutoyant ainsi la plus grossière des pentes, parvienne à n'être pas atterrant. Génie de Feydeau et génie de Renoir,
sans doute ; mais on craint ce que peut donner On purge Bébé
joué par une troupe d'amateurs.
C'est dire aussi que le film de Renoir bénéficie de deux miraculeuses présences : celle de Michel Simon
aussi parfait qu'à l'habitude, tour à tour cérémonieux, inquiet, stupéfait, révolté par l'aventure incongrue qui lui survient et, peut-être encore davantage celle de Marguerite Pierry
dont c'était pourtant le premier rôle au cinéma.
Film tourné en moins d'une semaine, et qui connut un grand succès public (il est vrai que, dès qu'on parle de pipi et de caca, les foules affluent et se bidonnent à se faire sauter la sous-ventrière), mais qu'on ne peut classer, dans la filmographie de Jean Renoir que comme utilitaire…
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