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Forum : Les Petites Cardinal

Sujet : Avis


De Azurlys, le 10 mars 2010 à 14:06

En fouillant dans les archives de ce cher forum, j'ai trouvé dernièrement un excellent texte d'Impétueux, et brillant comme il en le secret, franchement drôle, au sujet d'un film d'Émile COUZINET, "Le Congrès des Belles-Mères". Extrait à la tireuse, j'ai fait lire ce texte en petit comité, et l'approbation, comme le rire, furent unanimes.

En revanche,la mention de la (je cite) "…distribution malingre et roublarde…" m'a semblé un peu injuste. Juste un peu, que l'on se rassure. Maximilienne, qui s'appelait je crois Madeleine Genty de son vrai nom, était inénarrable dans les rôle de vieilles pinbèches en mal de tendresse, et, comme le dit Impétueux, elle fut une impayable "vraie jeune fille" dans "L'Assassin Habite au 21"  ; Jeanne Fusier-Gir, interprète fréquente de Sacha GUITRY était, dans son genre, irrésistible (son fils, François GIR, après avoir été onze fois assistant avec S. GUITRY, puis réalisateur de télévision, vit toujours et s'est retiré dans un coin discrêt du Val de Marne) ; et enfin Pierre LARQUEY était un délicieux comédien qui faisait merveille dans les rôles de second plan (Guitry disait "du deuxième rang" !). Qu'on se souvienne du "Corbeau" où il passait aisément du personnage papelard (P.FRESNAY lui demande : "Vous êtes croyant", il répond d'un ton retenu inimitable "heu… prudent !"), au trouble personnage que l'on découvre à la fin, dont je ne dévoilerai pas le secret que tout le monde connait, sans tant est que quelques égarés l'ignorassent encore ! Fi !

Les visages de comédiens brillants de second plan ont été réunis dans un ouvrage, un album de grand format, "Les Excentriques du Cinéma Français", excentriques étant pris ici dans les deux sens du mot, curieux, inhabituel, mais aussi, s'éloignant du centre, édité au Éditions Veyrier, et repris depuis, mais partiellement, dans une version poche, hélas moins attrayante. Mais le temps passe, ce n'est une révélation pour personne, et comme disait Alphonse Allais "On aurait beau faire, mais plus on ira, moins on trouvera de gens qui on connu Napoléon". Ces comédiens "du deuxième rang" se sont effacés des mémoires, puisque les films de répertoire, ou les curiosités comme le film indiqué par Impétueux ne sont plus présentés à la TV. Mais, même si son choix est souvent contestable, et choisir des copies existantes, rarement restaurées, René Château à le mérite de les rendre accessibles.

Enfin, COUZINET faisait dans les réalisation bâclées, et s'imposait de solliciter des comédiens de second plan, dont le talent est pour beaucoup dans le sauvetage de ces œuvres mineures, en raison des petits budgets investis. De toute évidence, utilisés à petites doses, ces acteurs excellents pour la plupart, rompus aux exigences du théâtre ont été pendant au moins trente ans à l'arrière plan des vedettes qui furent oubliées bien avant eux !

Je pense à l'excellent Saturnin FABRE, à la silhouette de rugbyman, à la voix d'airain, tonnait parfois ses répliques au point d'en faire un style, volontairement surjoué, qui faisait la joie du public. Dans "Les Portes de la Nuit", de M. CARNE, il faut l'entendre partir dans les aigus, du même ton, sans faiblir : "…je l'ai renvoyé (puis descente brutale en décrescendo dans les basses) parce qu'il-volait-mon-bois !". Dans "Escalier de Service", de Carlo RIM, le deuxième sketch – dont je me garde bien de révéler la nature hilarante -, il impose un ordre sans rémission possible, à la nouvelle petite bonne à-tout-faire (Etchika CHOUREAU) et déclame comme un imprécateur :"Apportez-moi mon café… NOIR !" La jeune employée, d'abord paralysée par l'injonction, file droit et se soumet…

Il était évident que ce genre de comédiens exceptionnels – dans les deux sens du mot – n'étaient pas fait pour devenir des premiers rôles. Ce fut le cas de "LES PETITES CARDINAL", de Gilles Grangier, où Saturnin FABRE, et Denise GREY, tous deux parfaits, mais furent mal employés dans une oeuvre maladroite. Toute de même, lorsque Jacques CASTELOT lui demande : "Mais enfin, Monsieur Cardinal, qui êtes-vous donc : vous avez crié Vive le Roi, puis Vive la République, pour dire ensuite Vive l'Empereur, avant de crier à nouveau Vive la République ! Mais qui êtes-vous donc ?" et M. Cardinal de répondre : "Monsieur, je suis un "Régimiste" !" Et S.FABRE y mettait toute la force de la voix de tonnerre jusqu'à la caricature.

Il est vrai dans ce cinéma sans trop d'ambition qu'amuser le spectateur, je me plais pour ma part à retrouver une image de la France, un peu jaunie, comme une vieille photographie, pas la plus glorieuse sans doute, mais celle qui sait encore parler au cœur.


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De Impéteux, le 10 mars 2010 à 23:27

J'aurais mauvaise grâce, Azurlys, de ne pas vous remercier pour les paroles aimables que vous donnez à mon endroit, mais je maintiens mes mots de malingre et roublarde sur la distribution du Congrès des belles-mères qui, précisément en fait tout le charme : un film entièrement réalisé par des seconds rôles, c'est une précieuse rareté, n'est-ce pas ?

Tant à faire le coq, autant le faire jusqu'au bout : puisque vous évoquez le merveilleux ouvrage de Raymond Chirat et Olivier Barrot, précieusement serré dans ma bibliothèque et consulté souvent avec amour, je me permets de vous signaler que j'avais intitulé Le pinacle des Excentriques du cinéma français le message que j'avais consacré à L'assassin habite au 21, le film le plus extraordinaire qui se puisse sur ces silhouettes disparues ; le premier chapitre du livre, d'ailleurs, s'intitule Les 3 du 21, c'est-à-dire, évidemment, Pierre Larquey, Noël Roquevert et Jean Tissier.

Et Saturnin Fabre, naturellement dans une kyrielle d'autres films drôles qu'il marque avec un aplomb merveilleux ; j'ajoute à vos évocations le délicieux et graveleux Tiens ta bougie… DROITE ! qu'il adresse à Bernard Blier dans Marie-Martine, d'Albert Valentin.

Encore un film à éditer en DVD, comme sûrement doivent l'être ces Petites Cardinal de 1951, jamais vues et pour qui je vote en confiance !


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De gilou40, le 11 mars 2010 à 00:05

Dans ses mémoires, M le Mocky, Mocky confirme ce que Grangier dans son livre Passé la loire, c'est l'aventure disait : Saturnin fabre jouait en ayant, en permanence, un petit réveil matin dans sa poche. Et scène finie ou pas, quand le réveil sonnait, il quittait le plateau !
Bernard Blier, lui, raconte qu'un jour ils sont invités tous deux à l'Elysée. Le président se faisant beaucoup attendre pour le repas prévu, Saturnin Fabre s'écroula parterre. On se précipite, on l'aide à se relever et un valet lui demande ;"- Je peux faire quelque chose monsieur fabre ?-" Et avec l'intonation bien décrite par Azurlys, il s'exclame "- Oui ! Allez dire au président…. que Saturnin Fabre a faim !!-"

Autre trogne qui était, parait'il, un sacré caractère, un bel excentrique aussi, c'est un certain Lefaur


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De Azurlys, le 11 mars 2010 à 14:09

Merci à Impétueux et à Gilou pour leur réponse.

A Impétueux, je dirais qu'il se pourrait bien que j'aie mal interprété "malingre" et "roublard". J'y voyait – à tort ou à raison – un vague regard destiné à souligner la tendre et sympathique insignifiance des talents en cause. Mais il se pourrait bien que je me sois trompé. Malingre signifiait sans doute "nature" de la distribution, puisque limitée à des second rôles en raison des cachets modestes qu'imposaient les réalisations fauchées du cher COUZINET ! Mais quant au talent, le doute me semble-t-il, n'est pas envisageable.

Il m'a été donné de voir, il y bien longtemps, dans une salle "de province" (autrefois c'était désobligeant, aujourd'hui ce serait plutôt flatteur, quand on analyse ce qu'il faut supporter de nullités satisfaites, de bobos infantilo-culcul qui peuplent les villes, enfin… Paris, en ce qui me concerne, qui semblent errer comme dans âmes en peine, l'œil vide fixé sur des avenirs incertains, si tant est qu'ils aient jamais lieu…), de province, disais-je, à la limite Sud de l'Auvergne, et le tout début Languedoc, à trois lieues de la Chaise-Dieu ! Ce soir là, le cinéma, simple, pour ne pas dire simplifié, présentait "Trois Marins dans un Couvent", dont je crois qu'il appartenait au répertoire du cher Émile. La copie était en 16 m/m, mais image convenable, son correct – c'est ce que me renvoie ma mémoire – avec une interruption au milieu imposée par le changement de bobines ! Le fou-rire était au rendez-vous, mais je dois avouer très honnêtement n'avoir aucun souvenir de l'œuvre…


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De Azurlys, le 11 mars 2010 à 14:30

SUITE (même raison, hélàs, voir plus haut)

…celle où la mère supérieure reçoit l'un ou les marins concernés qui lui dit (disent) "Ca ira dare-dare !". Et la religieuse médusée, un soupçon offusquée répétait sans comprendre "…dare-dare ??". Le marin alors de changer de vocable pour gagner sa confiance de manière plus appropriée… Sortie de cela, je n'ai plus le moindre souvenir de cette oeuvre que l'Histoire du cinéma n'a pas cru recevoir dans son panthéon. Mais il est aisé de comprendre pourquoi !

De fait, ces films tournés à petits budgets étaient obligé de faire des acteurs de compléments des stars d'un film, mais souvent au détriment de la cohérence de la construction. Mais il est exact qu'à ce point, le résultat est tellement déjanté, que cela n'a plus guère d'importance, et la bonne humeur qui s'en dégage, le jeu des comediens conscient de tourner dans des oeuvres sans doute alimentaires s'amusaient également sur le plateau, et cela ce VOIT sur l'écran. Vues ainsi, ces oeuvres "expédiées" et baclées deviennent autant de témoignage d'une ringardise assumée qui le confine au grandiose !

On trouve cela aussi avec les oeuvres tournées par Fernandel, dont le jeu ne faisait pas toujours dans la dentelle, et si tout le monde souvient de "François 1er", on a un peu oublié "Raphaël le Tatoué" et quelques autres films de la même époque dont les titres m'échappent pour lesquels les comédiens étaient parfaitement conscients d'oeuvrer dans des productions mineures et leur complicité entraine celle du public !


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De Azurlys, le 11 mars 2010 à 14:54

LES PETITES… (idem, et pardon pour les raccords involontaires !)

Le rappel de Marie-Martine, est aussi un rappel précieux. Mal connu, ce film, est à ma connaissance le seul dirigé par Albert Valentin, plus souvent scénariste. Film très habile – que je n'ai pas revu depuis longtemps, mais il se pourrait qu'une VHS se rappelle à mon bon souvenir, je vais y pourvoir – dans lequel le personnage joué par Renée Saint-Cyr est plus ambigu qu'il y paraît puisqu'il se manifeste au travers le regard des autres, tout comme celui de Paul-Louis Courrier (Jacques Dumesnil), dans "La Ferme des Sept Péchés", de Jean Dréville. La réplique de la bougie est l'une des plus célèbre du cinéma français, comme Vous avez dis bizarre, mon cousin… comme c'est bizarre! ou T'as de beaux yeux, tu sais ? ou Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? Eh ! ben vas-y tout seul à La Varenne, bonne pêche et bonne atmosphère !. Pour la fameuse scène de Tiens ta bougie DROITE, Pierre Tchernia expliquait que la réplique répétée trois ou quatre fois, durant une (trop) courte intervention de Saturnin Fabre, la seule du film, de dix minutes au plus, alors que l'oncle et le neveu montent l'escalier, avait évacué la partie finale de la toute dernière et Saturnin Fabre avec sa voix tonitruante disait simplement "Tiens ta bougie…" et n'achevait pas. Déjà rodé par les réplique précédentes, le public complice terminait en chœur par un "… DROITE" général qui clôturait la scène !!

Gilou4O mentionne aussi l'impayable André Lefaur, autre figure caractéristique de cette pariode où les second rôles finissaient par voler la vedette aux acteurs de tête d'affiche.

On disait André Lefaur comme ayant un goût discret mais assumé pour les jeunes, les très jeunes… à une époque où c'était sévèrement réprouvé. Mais il faut aussi dire son esprit, car il en avait beaucoup : à un ami qui lui demandait s'il avait vu Intel dans Tel spectacle, il paraît qu'il est très drôle", Lefaurrépondit Je ne sais pas, je ne l'ai toujours vu qu'au théâtre !

Dans L'habit vert, où il jouait, je crois, le duc de Maulévrier, il est irrésistible : Alors que personne ne lui pose la moindre question, Je me porte bien, je me porte bien dit-il avec emphase et noblesse, à la cantonade, en entrant dans un salon ! Plus loin, on lui demande "Cela n'a pas l'air d'aller ! Que se passe-t-il donc ?" le duc (Lefaur) répond en pontifiant, Rien, Monsieur, rien ! Il ne se passe plus rien depuis le 14 juillet 1789 !. Il n'était pas évidemment l'auteur du texte (de Flers et Caillavet, sauf erreur), mais Dieu sait s'il chargeait ses interventions, et personne ne s'en plaignait !

Merci à vous deux de vos réponses, merci des "ajouts" (l'affiche de "Trois Marins…" – j'y vais de ce pas), à l'intérêt porté à mes interventions trop souvent longuettes…

Et merci de trouver ici des réponses à vos réponses !


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De gilou40, le 11 mars 2010 à 15:19

Cher Azurlys, je vous conseille vivement le dvd : Hollywood sur Gironde qui raconte tout ce que vous avez rêvé de savoir sur le Sieur Couzinet et son oeuvre complète…

Et ceci pour votre mémoire…Je n'ai pas trouvé plus gros. Et il est répertorié sur ce site !


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