Puis parce que le scénario de Trois jours de bringue à Paris (merveilleux titre qui fleure le bœuf miroton et le saucisson à l'ail !), parce que ce scénario, donc est directement issu de La cagnotte, pièce d'Eugène Labiche, qui est d'ailleurs inscrite au répertoire de la Comédie française. Labiche, qui a écrit (avec des collaborateurs) 176 vaudevilles, dont Un chapeau de paille d'Italie, maintes fois adapté au cinéma et dont on sait peu que notre honnête et grave Premier ministre Michel Debré était un grand spécialiste. La pièce, qui date de 1864, a simplement été transposée quatre-vingt dix ans plus tard, mais Couzinet a quasiment tout conservé.
À La Ferté sous Jouarre (Seine-et-Marne) (qui, entre parenthèses, est la capitale mondiale de la pierre meulière), les notables se réunissent pour jouer aux cartes et constituer patiemment une cagnotte. Lorsque le temps est venu de la dépenser, qu'en faire ? Eh bien, justement, selon le vote démocratique qui est pratiqué, Trois jours de bringue à Paris ! 156.950 francs de 1954, c'est quelque chose comme 3500 € d'aujourd'hui ; rien de bien considérable lorsqu'on se déplace en groupe : il y a là le rentier, capitaine des Pompiers Théophile Chambourcy (Lucien Baroux), sa sœur montée en graine Léonida (Milly Mathis), sa fille Blanche (Catherine Cheiney), ainsi que le cultivateur Colladant (Pierre Larquey) et le pharmacien Cordenbois (Félix Oudart). Et a raté le train, mais rejoindra plus tard la troupe, le notaire Renaudier (Marcel Roche), fiancé de Blanche Chambourcy. On en saura assez lorsqu'on aura appris que la vierge mûre Léonida et le pharmacien Cordenbois espèrent profiter de leur voyage dans la Capitale pour rencontrer une âme-sœur grâce à l'officine matrimoniale dirigée par l'ingénieux Cocarel (Armand Bernard), marieur de talent. On passera sur les péripéties charmantes ou niaises, les quiproquos qui sont de règle dans le genre, les rencontres imprévues, les retrouvailles improbables, les hasards miraculeux, les invraisemblances assumées. On ne va pas demander de la rigueur au vaudeville, moins encore à Émile Couzinet. Et on se satisferait bien de ces anecdotes bien enlevées si, précisément, elles étaient aussi enlevées qu'on le souhaiterait.Ce n'est pas le cas, pas tout à fait. On est bien forcé de convenir que ça ahane de temps en temps, qu'il y a des passages languissants et quelquefois un peu ridicules ; on voit venir de loin les effets et les trucs et malgré toute la conviction mise par les acteurs, qui font le job, comme on dit, on reste un peu sur sa faim.
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