Le 3 décembre 1933, aux Etats-Unis. La Prohibition vit ses dernières heures. Noodles et ses amis d'enfance, des truands enrichis grâce à la contrebande d'alcool, doivent effectuer une dernière livraison. Pour les sauver d'eux-mêmes, Noodles a donné ses amis. Mais l'arrestation tourne à la boucherie et tous sont tués. Anéanti, Noodles s'installe dans une fumerie d'opium du quartier chinois et laisse les souvenirs remonter à la surface de sa mémoire. Quarante ans plus tôt, dans le quartier de Lower East Side, peuplé d'émigrants et de crève-la-faim, ils formaient une bande de gamins débrouillards déjà prêts à affronter tous les dangers pour sortir de la misère. Lui était séduit par l'inaccessible Deborah. De menus larcins en coups de plus grande ampleur, la bande de compères s'était peu à peu introduite dans le milieu de la criminalité, tout en cultivant une profonde amitié…
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En 1974, Sergio Leone vient à Paris pour visionner un film de Jacques Deray, à qui il pense confier la réalisation d'une de ses productions. Accompagné du producteur Norbert Saada et du comédien André Pousse, Leone se rend aux studios de Boulogne. Pousse raconte la scène :
On entre (…) et sur la droite je vois au loin un acteur habillé en président de cour d'assises. On s'approche et je reconnais Gabin. Il était en train de tourner Verdict avec Sophia Loren et, entre deux plans, il était sorti fumer une cigarette dans le couloir, assis sur le banc en face de la cantine.
- Bonjour, Jean, comment vas-tu ?
- Ça va et toi ?
- Ça va…
Comme il voit que je suis accompagné, il jette un bref coup d'œil sur Sergio Leone et Norbert.
- Bonjour, messieurs…
Et il se lève après avoir écrasé sa cigarette pour retourner sur le plateau. Là, je me marre et je désigne Sergio Leone à Jean Gabin.
- Vous vous connaissez !
- Ben non, excusez-moi.
Sergio Leone, évidemment, connaissait Jean Gabin en tant qu'acteur qui lui-même savait qui était Sergio Leone, mais ils ne s'étaient jamais rencontrés, c'était la première fois. J'ai dû faire les présentations.
- Jean Gabin, Sergio Leone.
Ils se sont serré la main et Sergio Leone avait attaqué le premier :
- J'ai lu que vous alliez arrêter de faire du cinéma. C'est dommage et je le regrette beaucoup, parce que, pour moi, vous êtes le plus grand, et j'aurais aimé faire un film avec vous.
- Compliment pour compliment, je peux vous dire une chose, s'il y a un metteur en scène qui peut le faire changer d'avis, c'est bien vous, parce qu'avec vous on a très peu de texte et beaucoup de gros plans…
Il ne manquait pas d'humour, Jean Gabin. "
(in Touchez pas aux souvenirs d'André Pousse aux Editions Robert Laffont – 1989)
L'idée de travailler avec Pépé-le-Moko fait son chemin. Leone, qui pense depuis cinq ans à son Il était une fois en Amérique, n'est pas encore fixé sur le casting ni sur le choix de la communauté dans laquelle se déroulera le film. " Au début, je voulais que Max (NDLR : personnage finalement joué par James Woods) soit français. Pas uniquement pour une question de coproduction. J'avais le désir d'évoquer les Français qui vivaient en Amérique. " Il imagine alors Gérard Depardieu dans le rôle et pense à Gabin pour les séquences le montrant âgé. " Il m'avait donné son accord à condition qu'il ne prenne pas l'avion. Il m'avait dit : " Ecoutez, Leone, nous irons en Amérique par le bateau. Tous les deux. Comme ça, on aura entièrement le temps de discuter du rôle et de tout préparer. Moi, l'avion ça me plaît pas. Le bateau, j'aime. Je connais. Mais ce que je préfère, c'est le " dur ". Le train. C'est le moyen le plus peinard pour voyager. "
Gabin disparaît le 15 novembre 1976 et Leone continue à rêver à sa fresque, qui ne prendra forme qu'en 1984.
(in Conversation avec Sergio Leone par Noël Simsolo aux Editions Stock – 1987)
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