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Forum : Il était une fois en Amérique

Sujet : Le dernier Leone


De Nostromo, le 12 septembre 2003 à 11:11
Note du film : 6/6

Un monument du cinema

Pour en finir, disons le, ce film est un monument du cinéma. Il a sa place dans le firmament du septième art, et Sergio Leone fait parti de ces réalisateurs qui transcendent le cinéma, qui le sortent de son carcan de divertissement pour lui permettre de s'élever jusqu'à notre inconscient et donner tout son sens aux termes de 7ème art.

On a beaucoup dit et beaucoup écrit sur ce film et notamment sa structure fort dérangeante avec ces changements d'époque, ou bien sur le dernier plan du film qui nous plonge dans un mystère comparable au mystère final de 2001 de Stanley Kubrick. C'est que ce film ne raconte pas la vie de quelques gangsters juifs New-yorkais, il va plus loin et raconte la vision du monde de Sergio Leone, sa réflexion sur les hommes, sur les femmes.

A regarder de plus près, on remarque que chaque changement d'époque du film correspond toujours à une bouffée d'émotion du personnage. C'est le cas lorsqu'il est submergé d'émotion à regarder par un trou creusé dans un mur une jeune fille danser ou bien lors de la mort de son ami et du meurtre de son ennemi ou bien encore la possession d'un argent qui l'effraie. A chaque summum d'émotion, nous changeons d'époque, comme si ce qui donnait un sens à nos vies n'était pas nos actions, nos réussites ou nos échecs, mais plutôt nos sentiments. Nos rapports à nos sentiments, à nos émotions et la manière dont nous y faisons face.

Là s'opposent les deux personnages principaux qui partage deux visions différentes. Max choisit le succès, la gloire, l'argent facile, quand David, lui, choisira une voie hors du monde qui lui permettra sinon d'être heureux, au moins de ne pas se trahir, lui qui a trahi ses amis.

Allant de pair avec cette structure erratique, il y a une clé donnée par Leone lui-même, ou du moins une possibilité d'aborder le film: et si la réalité se situait dans la fumerie d'Opium, le théâtre chinois, et que le reste du film ne serait qu'une hallucination provoquée par la drogue…

Les décors se prêtent en tout cas à cette interprétation du film, un théâtre, comme si la vie n'était qu'une représentation théâtrale et le monde une scène. L'utilisation à travers le film de la fumée, bouche d'aération, volute de cigares, ou de cigarettes, peut nous conforter dans cette idée. Tous ces éléments nous ramènent dans le théâtre qui débute et termine le film jusqu'au sourire énigmatique de Noodles qui conclut le film. Le théâtre est au cœur même du cinéma de Léone. Il suffit de se rappeler du duel final dans Le bon, la brute et le truand pour s'en convaincre. Il se passait dans un cercle qui rappelait la piste d'un cirque ou bien une arène où doit avoir lieu la mise à mort.

Mais peu importe la signification du film. Il appartiendra à chaque spectateur d'y trouver sa vérité. Et puis au fond, n'est-ce pas là l'apanage d'une véritable œuvre d'art que de cesser d'appartenir à son auteur pour être la propriété exclusive de celui qui la contemple. Ce film comme tous les grands films de l'histoire du cinéma est un film qui grandit avec nous. On peut le voir mille fois et toujours découvrir des éléments que l'on avait encore jamais soupçonné.

Impossible de parler d'un film de Sergio Léone sans parler d'Ennio Morricone. Leone disait que de lui qu'il était le véritable dialoguiste de ses films. Cela est vrai pour tous ses films. Pour Il était une fois en Amérique, la musique va plus loin parce qu'elle est même le moteur du montage. C'est souvent elle qui nous mène d'une époque à l'autre, c'est elle aussi qui nous fait ressentir les liens entre les personnages, qu'ils ont un passé en commun, et que c'est ce passé qui les unit. Cette idée est symbolisée par un air de flute de pan qui revient à travers tout le film. Il est le symbole d'une amitié, puis d'une époque à jamais révolue, l'époque de l'enfance. N'oublions pas que l'histoire de ce film ressemble à l'histoire de Leone et Morricone. Ennio et Sergio se sont rencontrés sur les bancs de l'école, puis se sont perdus de vue, pour se retrouver plusieurs années plus tard grâce au tournage de Pour une poignée de dollars. Leur collaboration se terminera avec la mort de Sergio. Mais en attendant leur œuvre commune laissera une marque indélébile dans l'histoire du cinéma, une marque aussi dans l'esprit de tous les hommes et femmes qui ont eu la chance de voir les films du réalisateur italien. Léone a passé quinze ans à préparer son film. La musique a donc été composée bien avant le début du tournage. Sur le plateau, elle était jouée pour donner aux acteurs et aux techniciens une idée de l'atmosphère que voulait créer le maestro. Pas besoin du coup de créer une ambiance, elle se trouvait déjà là.

Les acteurs sont au diapason de cette réussite.

James Woods atteint ici le sommet de sa carrière en créant un personnage d'une profondeur et d'une complexité exemplaire. Il est surprenant, amusant, inquiétant, mais aussi sympathique, pathétique, diabolique. Il joue un être complexe avec une grande vérité.

Robert De Niro, lui se fond dans son personnage comme on change de peau. Il est Noodles ! Il est entré dans l'univers visuel de Leone, à la manière d'un caméléon. Il joue simplement, mais toutes les nuances de ce personnage atypique sont là. On ressent chaque petite contradiction, chaque émotion qui passe sur son visage apparemment impavide. On ne peut s'empêcher de regretter le De Niro de cette époque quand on voit de quelle manière l'acteur mène sa carrière aujourd'hui. Alors oublions le De Niro "moderne" pour profiter de l'acteur hors du commun qu'il fut. Revoyons encore et encore ce film pour nous rappellera qu'il était tout bonnement extraordinaire.


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De Moonfleet, le 12 septembre 2003 à 14:10
Note du film : 6/6

Un chef d'oeuvre bien sur et je tenais juste à dire que, contrairement à ce qu'on peut lire un peu partout, même si la copie aurait pu être mieux restaurée, le DVD est vraiment tout à fait correct.


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De lych666, le 15 janvier 2007 à 19:02
Note du film : 6/6

Pris d'une grosse envie de Western il y a quelque jours, je me suis laissé emporté par la vague Sergio Leone et j'ai pris un plaisir certain à redécouvrir les fameux "Et pour quelques dollars de plus", "Le bon, la brute et le truand", "Il était une fois dans l'ouest" et "Il était une fois la révolution".


Les dernières éditions restaurées et rallongées sont tout simplement sublimes. Un bémol pour les doublages des nouvelles séquences: les voix françaises mythiques de Tucco et Blondin s'en trouve changées mais soit, c'est tout de même un travail qui mérite louanges et rassasie le bonheur du cinéphage tel que moi.

Je profite d'être sur le fil d' Il était une fois en Amérique pour rendre hommage à Sergio Leone et saluer ce dernier (hélas) film, incroyablement beau et remarquablement construit, dans sa version longue de 3h40.

Dès les premières images, j'ai su que le spectacle serait jouissif du début à la fin, la lumière est sombre mais les couleurs sont chaudes et quand nous entrons dans la fumerie d'opium, théâtre d'ombres chinoises, l'image ressemble à une peinture, véritable tableau de maître.

D'aucuns pensent que les longueurs de ce film, comme la plupart des films de Sergio Leone, sont ennuyeuses et inutiles…Pour ma part, quel délicieux ennui! La beauté contemplative de chaque plan s'imprime pour renforcer une tension dramatique qui joue avec les nerfs ( je pense également à la sonnerie stridente et stressante du téléphone qui dure et qui dure dans les premières minutes… Argh!).

D'ailleurs, ce rythme lent et cette insistance sur les plans impeccablement cadrés permet un souvenir très vif de l'intégralité du film (Pour contre exemple, je n'ai aucun souvenir de Bad Boys 2 à cause de son rythme hystérique version bande annonce et succession hyper rapide de plans qui n'ont pas le temps de se fixer).

J'ai lu récemment une phrase du réalisateur Mamoru Oshii (réalisateur d'Avalon) qui affirmait en gros que l'adrénaline ressentie par le spectateur, pendant une scène d'action ou un film au montage trop dynamique, était une ennemie du souvenir photographique.

Sergio Leone et avant lui, Monte Hellman, avait compris que faire durer un plan au delà de la patience et compréhension du spectateur, permettait à ce dernier de s'en souvenir pour très longtemps sinon pour toujours. Ce qui est un véritable bonheur quand la photographie et la mise en scène sont d'excellente qualité comme dans Il était une fois en Amérique, faisant souvent passer l'intrigue au second plan.

Tous les éléments de cette intrigue ne sont pas donnés tout de suite, il faut être patient pour comprendre et parfois, je commençais à douter de ma concentration, à me demander si quelque choses m'avait échappé, mais non car les clefs finissent toujours par apparaitre au bon moment et ouvrir les portes de notre mémoire où les solutions ne demandaient qu'à sortir pour dénouer la confusion.

L'histoire est contée à travers les souvenirs de Noodles, cette structure narrative volontairement décousue selon les émotions du personnage nous met dans le doute jusqu'à la fin car Leone débute et termine son histoire dans une fumerie d'opium. La théorie de certains serait que tout ces souvenirs sont finalement une rêverie de Noodles sous opium, ce qui est surement volontaire de la part de Leone.

Les acteurs sont impeccables. De Niro en Noodles tantôt rongé par la culpabilité et tantôt fraternel ou distant est époustouflant, son jeu est sobre, ce qui est tout de même rare chez cet acteur.

James Woods est parfait dans le rôle de Max, un opportuniste ambitieux au caractère explosif et imprévisible.

La beauté des actrices devient irréelle tellement l'image et la lumière sont travaillées,les cheveux de Elizabeth McGovern sont chatoyants et les yeux brillent de milles reflets. On en vient à crier au gâchis dans la toute première scène du film quand Éva (je crois) se fait descendre.

Habitué aux grandes fresques, Sergio Leone reprend ses thèmes favoris comme la vengeance (Il était une fois dans l'ouest), l'amitié entre homme (Il était une fois la révolution), la trahison (Le bon, la brute et le truand), mais cette fois ci, la petite touche burlesque que l'on trouve dans tous ses autres film, fait place à la romance entre Noodles et Carol. L'humour est franc et reste toujours en accord avec le ton général du film, un ton beaucoup plus sérieux et sombre que les autres films de Leone.

La musique d' Ennio Morricone est comme d'habitude parfaite et harmonise les séquences entre elles. Une mélodie redondante à la flute de pan est tantôt présente dans l'action même du film, jouée par Cockeye, "œil en coin", mais parfois elle prend le dessus et illustre à merveille les envolées lyriques de certains passages.

Ayant toujours gardé en première place dans mon cœur l'excellent Le bon, La brute et le truand, je ne sais plus désormais lequel choisir de tous les Leone que j'ai redécouverts.

Je pense qu' Il était une fois en Amérique dans cette version longue et restaurée est, sinon mon Leone préféré, une de mes meilleures expérience cinématographique.


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De Arca1943, le 16 janvier 2007 à 02:31
Note du film : 6/6

« Faisant souvent passer l'intrigue au second plan. »

Je ne saisis vraiment pas pourquoi il est si important, pour certains, que l'intrigue passe au second plan, mais heureusement ce n'est pas du tout le cas dans ce film au récit fascinant et savamment orchestré ! Donc, à cet hommage plein de fougue, quoiqu'un brin "formaliste", de Lych666, je me contenterai d'ajouter, comme je l'ai déjà fait en contrebas, que Benvenuti-De Bernardi fameux tandem au long cours du cinéma italien (La Fille à la valise, L'Incompris, Mes chers amis…) ont fait un travail extraordinaire, comme avant eux leurs compétiteurs Age-Scarpelli (avec Vincenzoni) pour Le Bon, la brute et le truand. Où commence et où s'arrête leur contribution ? Personne ne peut le dire, comme d'habitude : c'est ce qu'il y a de fondamentalement ingrat dans le métier de scénariste. Mais qu'importe, puisque le cinéma est de toute façon un travail d'équipe…


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De lych666, le 16 janvier 2007 à 11:21
Note du film : 6/6

Oui, quand je dis "fait souvent passer l'intrigue au second plan", c'est une formule un peu maladroite, je veux simplement dire que l'impatience ressentie pendant certains films est parfois insoutenable tellement l'attente de réponse et le suspense sont forts, dans ce cas l'intrigue passe au premier plan. Dans Il était une fois en Amérique, chaque attente de réponse se déguste car la photographie, la mise en scène ainsi que les situations faisant progresser le récit sont un véritable plaisir à voir et à revoir pas seulement en tant qu'éléments de réponse où progression de récit, mais en tant que scène en soi. D'ailleurs, je ne peux pas voir plusieurs fois un film qui ne se base que sur l'intrigue mais je peux voir plusieurs fois un film qui ne se base que sur la forme.

J'ai également oublié de mentionner les scénaristes, mais aussi le directeur de photographie Tonino Delli Colli ce qui est effectivement une grave erreur, mais heureusement que vous êtes là, Arca, je crois que ce film a necessité une quinzaine d'années d'écriture et est magnifiquement orchestré comme vous l'avez dit. Mais je pense avoir oublié encore beaucoup de choses au sujet de ce film, et les commentaires de Nostromo, Gaulhenrix et divers intervenants sur d'autres sujets de ce forum sont très interessants et reprennent avec plus de précision ce sur quoi je suis un peu plus superficiel, il faudrait de toute façon un livre entier pour le commenter, mais je compte bien entendre d'autres avis de ceux qui on apprécié ce film en le relançant à travers ce message peut être "un brin formaliste" mais qui j'espère encourage certains à le voir ou le revoir pour en partager leurs impressions.


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De Freddie D., le 16 janvier 2007 à 11:33
Note du film : 6/6

Je suppose qu'on peut voir dans Il était une fois en Amérique, l'autoportrait de Leone lui-même, enfant fasciné par le rêve américain, qui va se faire broyer par lui. Son oeuvre censurée, coupée en dépit du bon sens, rejetée par le public U.S. (Il était une fois dans l'Ouest)… Comme Noodles, longtemps Leone s'est "couché de bonne heure", il s'est retiré du monde (du cinéma), pour y revenir encore une fois, usé et vieilli, et réaliser qu'il a été trahi, et a vécu toute sa vie dans l'illusion. Le fait que ce soit le dernier film du réalisateur, qu'il ait été encore une fois mutilé à sa sortie américaine, rend Il était une fois en Amérique encore plus tragique et triste. Ce qui ne l'empêche évidemment pas d'être un chef-d'oeuvre d'une telle complexité, qu'on n'aura jamais fini de le redécouvrir.


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De droudrou, le 16 janvier 2007 à 12:14
Note du film : 5/6

Ce que je trouverai formidable dans ce film c'est le travail du scénariste car, ayant lu le roman qui lui a servi de base, on se trouve confronté à un film d'une très grande facture et d'une très grande qualité ! La valeur ajoutée est énorme par rapport à un sujet très mince à l'origine.

Dire que j'aime ce film ? Non ! Je dirai : ce film me fascine ! Il scotche à condition qu'on le veuille. Mon épouse le rejette catégoriquement dès les premières images… C'est sa réaction ! C'est comme celà ! C'est un refus de s'engager dans la violence !

C'est surprenant surtout quand on sait qu'elle aime beaucoup Il était une fois dans l'Ouest.

Ces remarques m'amènent à dire : Il était une fois dans l'Ouest est une BD. C'est du Giraud plus que du Gillain. Ca n'est pas du Blanc Dumont. Or, mon épouse n'aime pas la BD en sachant qu'elle n'est que contradictions.

Entre Il était une fois dans l'Ouest, Il était une fois en Amérique et Il était une fois la Révolution, ma préférence va nettement pour ce dernier, ses situations et surtout ses personnages. Par ailleurs, certaines allusions à un passé historique me le ramènent proche d'une réalité.

La contradiction au niveau de mon épouse entre Il était une fois en Amérique et Certains l'aiment chaud est certaine en ce qui concerne les faits, pas en ce qui concerne la narration. Mais je pense qu'à ce niveau il est des refus que j'appellerai "culturels" issus d'une éducation. Si on est contre l'Amérique, contre les Westerns et ce qui est à la base de l'Histoire Américaine, on ne peut pas accepter facilement tous ces récits mais une autre contradiction apparaît quand on vient à dire : "J'aime beaucoup Les Infiltrés.

Ca me paraissait important de le dire.

J'omettais : par rapport à certaines sensibilités, la même nous dit : "J'aime beaucoup Le Nouveau Monde de Terrence Malick".


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De Arca1943, le 16 janvier 2007 à 12:38
Note du film : 6/6

« Pris d'une grosse envie de Western il ya quelque jours… »

Au fait, Lych666, si votre envie persiste, vous devriez maintenant tâter du Grand silence, pour voir…


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De lych666, le 16 janvier 2007 à 12:44
Note du film : 6/6

Merci du conseil Arca, j'essaierai de me le procurer, mais je me reserve d'abord La prisonnière du désert de John Ford, qui selon certains forumers de DvdToile est l'un des, sinon le, plus grand western de tout les temps… Je pourrais en juger bien assez tôt…
Et maintenant que vous en parlez, je me rend compte que Le grand silence est passé il y a peu de temps sur Arte, je l'ai hélas raté par oubli et faute de temps… La chose qui m'avait frappé était tout d'abord la présence de cet animal de Klaus Kinski (qui joue également dans Et pour quelques dollars de plus) mais en plus la présence de Jean-Louis Trintignant
Ce film doit surement valoir le détour, j'espère qu'il sera disponible pour que je puisse le visionner quand je pourrais.


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De Freddie D., le 16 janvier 2007 à 12:57
Note du film : 6/6

A mon sens, il ne faut pas mettre le western made in U.S.A. sur le même pied que le "spaghetti". Tout les différencie : le style, le background culturel, le rythme, la musique, les héros, etc. Le western italien est pratiquement un genre en soi, qui n'a que peu de relation avec le genre américain. Autant comparer John Wayne et Klaus Kinski


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De lych666, le 16 janvier 2007 à 13:02
Note du film : 6/6

Je suis d'accord avec vous Freddie D., mais avec tous les commentaires que j'ai entendu sur La prisonnière du désert, je le devine sinon exceptionnel, au moins fascinant. Et je pense que passer du Western Spaghetti version Sergio Leone, au Western US version John Ford peut être une expérience interessante et révélatrice de style.


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De Freddie D., le 16 janvier 2007 à 13:25
Note du film : 6/6

C'est vrai, d'autant plus que The searchers est le plus proche du westen européen, des films de Ford, dans le sens que le héros est un individu torturé, obsessionnel, pas vraiment sympathique, oscillant entre "bon" et "brute" selon les situations. Il y a peu de traces de la naïveté habituelle des films de Ford dans ce film, et pas mal de dureté, de cynisme, voire de cruauté. C'est effectivement un bon film de transition entre les deux genres…


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De droudrou, le 16 janvier 2007 à 14:51
Note du film : 5/6

Au niveau des choses sérieuses, la question est de savoir ce qu'il entendait par frénésie de westerns et ce qu'il a visionné comme quantité de westerns… S'il ne s'est basé que sur Sergio Leone, il est clair qu'il est confronté au style de Leone. Mais, parallèlement, quand il dit vouloir regarder "La Prisonnière du Désert", à la façon dont il le dit, je me pose la question de savoir sa culture cinématographique en termes de westerns, de ce genre bien particulier qui semblerait accueillir un peu de tout, en fait, quand on peut faire des classifications en fonction de nos sensibilités propres.

Entre le style de Ford et celui de Hawks ou de Walsh, on a déjà des différences importantes mais, en plus, si on ajoute le style de Peckimpah, ou de Cimino, qu'on se base sur les productions relatives à une certaine décennie, on est confronté à des notions très variées et qui sont même très évolutives. J'allais même oublier Kevin Costner.

Par ailleurs, dans ce que l'on appelle "western" on y trouve aussi des films avec une authenticité historique. Moi je veux bien que tous nous y allions de notre couplet en termes d'encouragements, mais je crois que ce sera sa façon à lui de l'aborder qui va primer. Si nous faisons jouer nos sensibilités, nous allons l'emmerder bien plus que l'encourager.

Je pense entre autre à mon ami Impétueux qui n'est pas un fan de western et qui, récemment, nous faisait part de sa satisfaction à avoir visionné "Coups de feu dans la sierra". Je suis certain que, de la même façon, il peut étendre son regard vers d'autres titres, le tout est de voir avec quelle disponibilité il les aborde, mais je sais que quand on me dit : "Tu dois regarder cela !" c'est la bonne occasion pour que je ne le fasse pas !

Rendons à César ce qui appartient à César.


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De lych666, le 16 janvier 2007 à 15:53
Note du film : 6/6

Droudrou, je vous remercie de votre franchise, mais je ne suis pas de ceux qui se braquent sur les conseils et proposition des autres forumers. Vous et Impétueux avez en commun se trait de caractère, vous etes agacé quand quelqu'un insiste pour voir absolument tel ou tel film, et bizarrement, ça provoque l'effet inverse à celui attendu, cela est peut être du à votre age avancé, je ne sais pas(;D)…

Ma culture cinématographique dans le domaine Western est très pauvre, j'en ai vu pas mal, mais cela remonte à loin et j'étais surement trop jeune pour savoir les apprécier à leur juste valeur, il me reste quelques souvenirs de certains mais j'ai oublié le titre (à part quelques uns comme Rio Bravo et L'homme des hautes plaines). J'aime les Western plus récents comme Impitoyable de Clint Eastwood (ses autres Western aussi) et Danse avec les loups de Kevin Costner est tout simplement fabuleux, Open Range n'est pas mal non plus. J'aimerai donc découvrir des western plus anciens mis à part ceux de Sergio Leone et de Monte Hellman. Je suis donc reconnaissant à ceux qui me donne quelques uns de leurs titres préférés, cela me donne des pistes et m'évite à trop chercher parmis la multitude des oeuvres réalisées.

Après, les visionnerais-je ou non, je ne sais pas… Mais si j'ai une occasion de voir un ou plusieurs de ces titres, je ne m'en priverais pas et je ne l'éviterais pas volontairement parce que quelqu'un me l'a conseillé fortement, au contraire… Mais vous avez vos règles, j'ai les miennes et je ne suis pas enceinte (pas très subtile, celle la).
A part ça, j'espère que l'on ne va pas nous tirer les oreilles parce qu'on est désormais loin du film qui est sensé animer ce forum…


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De PM Jarriq, le 16 janvier 2007 à 19:25
Note du film : 5/6

Quelques westerns à voir à tout prix, pour le néophyte (ou presque) et en essayant d'éviter les "classiques" que tout le monde conseille à tour de bras :

L'homme aux colts d'or, pour ses personnages fascinants. Vera Cruz, lien évident entre le western U.S. et italien. La chevauchée de la vengeance et Sept hommes à abattre de l'incomparable Boetticher. L'homme qui tua Liberty Valance, morbide mais beau. Les sept mercenaires, vu et revu, mais inusable. La vengeance aux deux visages de Brando, étrange et unique. L'appât de Anthony Mann, huis-clos en plein air. L'homme de la loi de Winner, Lancaster et Ryan au summum, Les collines de la terreur du même Winner, pour son inversion perverse du binôme Peau Rouge-Visage Pâle, The proposition, petite et récente variante australienne : étourdissant, la série "Lonesome Dove", avec Duvall et Tommy Lee Jones.

Et des dizaines d'autres qui viendront compléter ce message.


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De droudrou, le 16 janvier 2007 à 19:50
Note du film : 5/6

PM Jarrig te donne une liste. Tu peux la suivre allègrement et quand il dit "et des dizaines d'autres" c'est bien cela qu'il faut se dire : le genre a été très riche pendant tout un temps…

A propos de La vengeance aux deux visages c'est tout à la fois l'oeuvre de Kubrick et surtout Brando.

Tu as le choix : les titres ou les metteurs en scène…

''A propos d'Impétueux et moi-même : c'est vrai que nous serions les doyens (!) du site (??) mais par rapport à Impétueux, je suis beaucoup plus western que lui et très certainement même sur les films d'aventure. Mais tout cela est très secondaire.''

Je te souhaite de très bonnes soirées en te racontant une anecdote dans la mesure où PM Jarrig t'évoque Les sept mercenaires : quand je l'ai vu, dans la salle, un certain moment, j'étais retranché derrière le fauteuil de devant et prêt à dégainer, sensation retrouvée, par ailleurs, avec Rio Bravo qui figure parmi mes préférés : Le fils du désert – Alamo version longue – The searchers – Les professionnels – L'homme qui n'avait plus d'étoile – Heaven's Gate – Le vent de la plaine – Le jardin du diable – Ceux de Cordura… Tu es servi !


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De vincentp, le 16 janvier 2007 à 23:26
Note du film : 6/6

Je t'invite à te procurer l'ouvrage de référence sur le western, qui date de 1969 : intitulé, le western, sources, mythes, acteurs, filmographies. Edition 10-18, qui a été réédité depuis (mais pas mis à jour). L'intérêt de ce bouquin est qu'il est bien écrit, le fruit d'un travail collectif (certains des contributeurs n'ont d'ailleurs pas encore rejoint les pistes éternelles : je les vois de temps en temps : ils sont en pleine forme), et qu'il a sans doute été publié au bon moment. Il parle au présent d'un genre qui appartiendra bientôt au passé. Ce livre a accompagné ma découverte de chefs-d'oeuvre intemporels, n'en déplaise à Paul_xxs. Tu vois, à une époque je ne regardais que des westerns et croyais que les comédies musicales étaient pour les débiles (authentique). Mon exemplaire est jauni, en huit morceaux, et même figure à l'avant dernière page : bibliothèque de pret – 18 rue Imbert Colomès, 69001 Lyon. Il a du être volé puis a circulé comme Winchester 73 et je l'ai récupéré je ne sais ou. Peut-être sous le sabot d'un cheval. Je ne le ramènerai à son propriétaire légitime pour rien au monde. Encore que cette bibliothèque de quartier semble ne plus exister, ses propriétaires morts et enterrés, d'ou l'importance de partir avec leur magot sous le bras, pendant qu'il est temps. Hein, Impétueux, invitez donc moi chez vous !

Je rajouterai personnellement aux oeuvres citées et à voir : La dernière chasse, Je suis un aventurier, La charge héroïque, La charge fantastique, Comanche station et La rivière rouge. Mais des dizaines d'autres sont à découvrir : ceux de Fuller, de de Mille, Daves etc…

Nb : Droudrou, pourquoi publiez-vous 9 fois de suite le même message ? On vous comprend avec un seul message. Vous radotez mon pauvre ami.


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De Arca1943, le 17 janvier 2007 à 00:35
Note du film : 6/6

« Il a sans doute été publié au bon moment. Il parle au présent d'un genre qui appartiendra bientôt au passé. »

Bientôt, c'est vrai – mais pas encore tout à fait. Soulignons donc un énième sursaut du genre aux États-Unis en 1970-71 : A Man Called Horse, Monte Walsh, The Culpepper Cattle Co, Jeremiah Johnson, The Hired Hand, The Great Northfield Minnesota Raid, Doc Holliday, Buck and the Preacher. Quelques-uns sont vraiment très bons; cela dit un véritable chef-d'oeuvre du western émerge de cette nouvelle bordée (et c'est celui que je recommande chaudement au néophyte Lych666) : l'envoûtant McCabe & Mrs. Miller de Robert Altman (1971).


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De droudrou, le 17 janvier 2007 à 08:38
Note du film : 5/6

Mon cher Vincentp, je sais que pour toi la sénilité est une hantise : Impétueux et moi en voyons les effets. Mais, figure-toi que, parfois, Internet s'enrhume, surtout dans la province profonde et que nous pouvons avoir quelques soucis… C'est ce qui s'est passé.

Néanmoins, ton fair-play me plaît à propos de ce que tu évoquais par rapport à tes centres d'intérêt…


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De lych666, le 17 janvier 2007 à 14:15
Note du film : 6/6

Merci à tous! Me voilà paré pour les prochaines soirées d'hiver.


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De Tietie007, le 4 janvier 2009 à 14:58
Note du film : 6/6

J'ai vu ce film à sa sortie au cinéma, le jour où j'ai eu mon permis de conduire, à 18 ans. Le dernier opus de la trilogie léonienne est certainement le plus pessimiste, le plus nostalgique. Variation sur l'amitié, la trahison, l'amour, les occasions manquées, bref, sur la vie. Max sacrifiera tout pour réussir, en perdant son âme, Noodles restera fidèle à ses idéaux de jeunesse, préférant l'amitié à la réussite, mais ratera sa vie d'homme, perdu dans les volutes opiomanes, pour oublier le regard intense de Deborah, l'instant d'une danse enfantine et d'une mélodie morriconienne, qui se perd dans le vertige du temps. Merci, Maesetro !


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De Impétueux, le 18 février 2015 à 14:11
Note du film : 6/6

C'est tout de même, en un certain sens, se lancer un drôle de défi que d'entreprendre de découvrir sur le petit écran un film de près de quatre heures qu'on avait négligé lorsqu'il est sorti au cinéma. Le confort du canapé, les sollicitations extérieures, les pauses techniques dues au grand âge, le téléphone qui dérange, l'heure qui se fait tardive, tout cela ne prédispose pas à l'attention qu'on doit donner à une fresque de cette dimension. Et ceci par surcroît lorsque le film possède une structure complexe qui vous promène sur quarante années savamment entrelacées avec ellipses et retours en arrière.

Mais on aura beau dire et beau faire, il y a des machins qui n'atteignent pas même l'heure et demie réglementaire et qui vous semblent interminables et embrouillés et des œuvres qui, comme Il était une fois en Amérique, passent avec souplesse et fluidité et donnent envie, lorsque le mot Fin apparaît sur l'écran, de reprendre à zéro et de revoir tout le film.

Ce qui est peut-être le plus exceptionnel précisément, là, c'est la faculté de Sergio Leone de guider le spectateur dans cette composition éclatée sans jamais l'égarer, ni le décontenancer au delà des péripéties romanesques du scénario et de le conduire où il veut et comme le veut le récit. Il n'est sûrement pas abusif de relier les volutes de la fumée d'opium et le trajet inconscient des souvenirs de Noodles Aronson/Robert De Niro, mais est-ce vraiment nécessaire ? Je n'en suis pas sûr et je n'ai pas eu besoin de me justifier ces flux et reflux ; lors d'une vision ultérieure j'attacherai peut-être de l'importance à l'intelligence de ces artifices de construction, mais pour l'instant je demeure confondu d'admiration devant la clarté d'un récit pourtant compliqué. Et ceci d'autant plus que le grand nombre des personnages qui viennent occuper l'écran aurait pu normalement embarrasser.

Mais non : on part avec Leone pour une grande aventure, pour un conte cruel annoncé d'emblée par le titre : Il était une fois.. Grands enfants ou vieux enfants, nous n'avons pas oublié les violences et les drames des histoires qui nous passionnaient et nous faisaient peur tout à la fois ; nous plongeons donc dans ce rêve d'Amérique qui est aussi un grand beau livre d'images, chatoyantes souvent, sordides quelquefois, toutes emplies du sens de l'espace et du mouvement de Leone qui a évidemment bénéficié d'importants moyens utilisés avec son habituelle virtuosité.

D'une certaine façon, le récit, si sophistiqué qu'il peut être, fonctionne sur la base assez classique de l'ascension au pinacle du crime organisé d'une bande de gamins qui graduellement prennent possession d'un territoire par la ruse, la subtilité, la détermination mais aussi la violence, la cruauté et l'absence totale d'états d'âme. Scarface ne fonctionne pas sur d'autres ressorts, finalement et certainement une kyrielle d'autres films ; ce n'est donc pas là que se situe l'intérêt d'Il était une fois en Amérique mais réellement dans sa structure et dans son interprétation.

Et, en revanche, la petite faiblesse que j'entrevois et qui m'empêche de porter ma note jusqu'au maximum, c'est sans doute la fin trop romanesque, trop feuilletonesque, la divulgation de la vraie nature maléfique de Max (James Woods), le meilleur ami, le complice de toujours et de sa trahison. Je sais bien qu'Il était une fois dans l'Ouest présente aussi cette révélation mais elle me paraît à la fois mieux amenée et plus vraisemblable.

Cette réserve faite, qui n'est pas insignifiante – j'ai été vraiment un peu déçu du procédé -, je demeure dans la fascination de ce film ample, violent, porté par un souffle rare…

Je recommande à ceux que ce film intéresse et qui auraient la curieuse idée de lire mon avis jusqu'au bout, de préférer ceux de Nostromo et de Lych666, qui s'étagent plus haut et qui sont remarquablement intelligents.


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De mobydick, le 7 janvier 2018 à 20:28

Bravo pour ce commentaire très fin à la mesure de ce film admirable largement sous-estimé à sa sortie. Cependant je ne trouve pas comme vous la structure du film d'une "clarté" évidente. Lorsque j'ai vu, avec quelques amis, le film pour la première fois, nous nous sommes presque disputés en quittant la salle car nous avions chacun une perception différente du film, notamment des diverses périodes, de leur juxtaposition dans l'intrigue, du dénouement assez mystérieux il faut bien l'admettre. Mais qu'importe après tout!Que viendraient faire la "clarté" du récit et la rigueur de la construction dans l'obscurité complice d'une fumerie d'opium? Alors rêvons. Nous voici plongés dans les souvenirs et les regrets éternels de Noodles face à la délicate danseuse devenue vénale mais dont le visage est miraculeusement préservé par le temps. Dans la dernière partie du film Yesterday des Beatles accompagne la lente déambulation de Noodles à travers ses souvenirs amers. Et sa profonde mélancolie nous envahit peu à peu pour ne plus nous quitter. Cette longue dérive me fait toujours penser à l'empathie des anges pour les pauvres humains dans le début des Ailes du désir, le film de Wenders. Un long Boulevard of Broken Dreams s'ouvre alors au spectateur. Sans rédemption au tournant.


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