Un peu éclipsé par son compatriote, David Lean (qui a d'ailleurs monté Un de nos avions n'est pas rentré ou bien encore 49ème Parallèle) et par une époque où le cinéma anglais était écrasé par les USA, Michael Powell est pourtant un des très très grands cinéastes de l'histoire du cinéma. Son oeuvre a été quelque peu réduite à Le Voyeur, film sur un tueur en série, fait à la même époque que Psychose, mais bien plus violent, bien plus gênant avec sa troublante mise en abîme par rapport au cinéma. Pourtant il a réalisé bien d'autres films de même qualité. Pour n'en citer qu'un, ce serait Le Colonel Blimp (1943). Ce film, réalisé sur une amitié entre un militaire anglais et un miliaire allemand de 1914 à 1940, est un constat juste et prémonitoire de l'histoire de l'Allemagne et de l'Angleterre qu'il devine être la grande perdante de cette guerre. Jamais le film ne sombre dans la propagande ni dans la dénonciation facile. Sublime film, même dans sa construction avec le début en flash-back, très moderne. A voir absolument ! Dans tous ses films, on retrouve toujours la même intelligence quant au traitement des personnages et un souci des détails qui n'est pas sans rappeler Billy Wilder. Impossible de parler de Powell sans parler de Pressburger, son scénariste hongrois et co-producteur. C'est avec lui qu'il a fait ses plus grands films : Colonel Blimp, Les Chaussons Rouges, La Renarde ou bien encore Le Narcisse Noir tous signés de leurs deux noms. La première collaboration de l'Anglais et du Hongrois a lieu en 1939, sur L'Espion noir. A signaler pour finir que la femme de Michael Powell, Thelma Shoonmaker, est la monteuse attitrée de Scorsese, et que ce dernier ne sortait jamais un de ses films sans l'avoir au préalable montré à Powell, tenant toujours compte de ses remarques. Nous vous recommandons vivement sa biographie sortie en deux tomes (Une vie dans le cinéma/Million dollar movie), magnifiquement écrite et totalement passionnante.