Pour une édition en Dvd de ce beau film dont le titre français "Jusqu'à ce que mort s'ensuive" n'était pas hors de propos.
Mélodrame splendide de la période anglaise de Marc Allégret qui mérite une redécouverte. Si on est prêt à accepter les conventions du genre – et elles sont superbement mises en valeur – c'est une fresque captivante que la "furie" du titre original marque de son empreinte. Vu une seule fois mais souvenir intense.
Après avoir vu Blanche Fury, je ne suis pas loin de réévaluer (à la hausse, évidemment) le cinéma de Marc Allégret
que je n'avais pas en grande estime jusque là, malgré Entrée des artistes
et Félicie Nanteuil,
mais à cause d’œuvrettes qui ont pu avoir du succès, comme Zou-zou
, Lac aux dames
ou Gribouille,
vraiment trop mal fichues et conçues, bien qu'elles ne soient pas, ici et là, dépourvues d'un certain charme.
Mais tout cela était du cinéma parfaitement hexagonal, si j'ose dire, en tout cas dépourvu de tout souffle et de tout lyrisme. Et voilà que je découvre cet étrange film tourné dans un très beau Technicolor, en Angleterre, qui peut s'apparenter à Ambre, Rebecca
ou même – j'y reviendrai – à Autant en emporte le vent.
On change donc de dimension et d'allure.
Toujours est-il, donc, que j'ai regardé avec volupté l'histoire tragique et vénéneuse des amours de Blanche Fury (Valerie Hobson) et de Philip Thorn (Stewart Granger)
, sur fond de verts herbages anglais, de bois noirs, de ciels tourmentés, et d'immenses salles sombres d'un château massif, trapu, confortable et secret. D'abord retrouver Stewart Granger,
qui fut une des grandes admirations de mon enfance a été un grand bonheur. Blanche Fury
est un des premiers films où il tient le premier rang. Il y a eu ensuite des films superbes, de Scaramouche
aux Contrebandiers de Moonfleet
en passant par La perle noire,
puis plus rien, ou presque. Et c'est absurde, parce que Granger
était non seulement beau comme tout, avait une voix magnifique et une prestance sans égale, mais il était aussi un remarquable acteur.
Le titre français, Jusqu'à ce que mort s'ensuive, en dit déjà trop. Je regrette aussi un peu que la fin du film soit emphatique et presque grandiloquente, bien qu'elle soit surprenante et tragique. Le reste est extrêmement réussi, admirablement éclairé et coloré. Le drame rode partout, dans la violence voleuse et incendiaire des gitans tout autant que dans les machinations des amants. Et dans une sorte de signe fatidique qui pèse sur tous les personnages.
L'édition (Éléphant films) est d'une grande qualité formelle (VOST seulement) ; le film est présenté par Jean-Pierre Dionnet dont l'intervention manque un peu de profondeur, mais est extrêmement bien documentée.
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